Côte-d’Ivoire: Pour son 1er essai, l’opération « grand ménage » est un « fiasco » à Yamoussoukro (Reportage)

Ange Tiémoko

« Je ne suis pas informée qu’il y a un grand ménage aujourd’hui (samedi 04 mars) », lance Mélanie N’Dri occupée à servir en plein air, de la nourriture à ses clients, à deux mètres d’un tas d’ordures, à un carrefour du quartier Assabou (Est), en face de la mairie de Yamoussoukro, dans la capitale politique ivoirienne.

A près de 500 mètres de la table de Mélanie, sur la place Jean-Paul II, des fonctionnaires et autres chefs de service de plusieurs directions régionales de l’administration ivoirienne vêtus de leur maillot bleu-blanc se sont retrouvés comme tous les samedis pour leur partie de maracana (match qui se joue le plus souvent entre amis, sur un petit terrain de jeu).

« Nous n’avons pas été associés », affirment certains d’entre eux, avant de retourner à leur séance d’échauffement.

Le 1er février, à l’issue d’un conseil des ministres, le gouvernement ivoirien a annoncé le lancement le 04 mars de l’opération dénommée le « grand ménage », une activité « d’envergure nationale » pour « endiguer » l’insalubrité dont le « niveau reste élevé dans la plupart des villes et communes de Côte d’Ivoire.

En 2016, la production quotidienne nationale de déchets a été estimée à plus de 9.000 tonnes, selon les autorités ivoiriennes.

Pour son premier samedi, l’opération « grand ménage » n’a enregistré aucune initiative d’envergure de la part des populations de Yamoussoukro. Des poubelles pleines jonchaient comme d’ordinaire la plupart des ruelles. Aux 220 logements (quartier populaire), trois fillettes d’à peine sept ans jouaient à la corde à moins d’un mètre d’un tas d’ordures.

Samedi, la directrice locale de la Salubrité, Aphing Kouassi, accompagnée des autorités préfectorales ont sillonné (entre 10H00 et 12H00 (GMT et locales) le quartier Assabou, le corridor sud et le marché de la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, pour sensibiliser les populations « à la nécessité de toujours garder leurs domiciles, lieux de travail et rues propres ».

Balais en mains, cache-nez neuf, une vingtaine de commerçantes du marché poussiéreux de la Fondation ont improvisé une scène d’opération coup de balai, en présence de la délégation de la directrice régionale de la Salubrité, avant de retourner à leurs étales et redonner à ce marché son allure habituelle, seulement cinq minutes après le départ des visiteurs.

« C’est quoi le grand ménage ? », se sont interrogés un conducteur de taxi et ses clients qu’il transportait au centre-ville.

« Fin 2016, des gens qui voulaient embellir Yamoussoukro sont venus creuser le long de la voie principale pour planter des arbres. Quelque temps après, on ne les a plus revus. Aujourd’hui, les pépinières ont (presque) tous séchés et les trous restés dans le goudron servent de dépotoirs », décrit avec colère Patrice Kanté, un retraité, assis devant son domicile au quartier Fondation.

« Des actions de grand ménage, c’est bien, mais aujourd’hui si la Côte d’Ivoire est sale, c’est parce que tous ceux qui vivent dans ce pays ne respectent plus rien », estime M. Kanté pour qui, « il faut que les gouvernants prennent leur responsabilité et commencent à sanctionner, sinon nous allons jamais nous en sortir ».

Samedi, lors du coup d’envoi officiel de l’opération grand ménage à Abidjan, la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara a relevé qu’il est « important pour la santé des populations que le pays soit propre », avant d’inviter chaque Ivoirien à « balayer, nettoyer et enlever les ordures (… ) de sa maison, commune, son quartier et village ».

ATI
Alerte info/Connectionivoirienne.net

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