Abidjan – Seul membre du commando présumé ayant participé à ‘’l’enlèvement’’, le 4 avril 2011 à l’hôtel Novotel d’Abidjan -Plateau, de l’opérateur économique Yves Lambellin et trois de ses infortunés compagnons, retrouvés, plus tard, assassinés, Max Landry Yoro Tapéko , a relaté, mardi, les faits devant la Cour d’assises d’Abidjan.
Max Landry Yoro Tapéko, 31 ans, informaticien de son état, a déclaré à la barre qu’il s’est fait ‘’enrôler pour aller protéger mon pays’’ suite à un ‘’appel’’. Seulement, l’accusé dit avoir ‘’menti’’ sur sa situation sociale.
‘’J’ai fait croire à l’officier qui nous enrôlait que je suis un soldat de la Garde Républicaine. C’est comme ça je me suis retrouvé au Palais présidentiel. Sinon je suis un civil en réalité’’, dit-il. La défense fait remarquer à la Cour que lors des enquêtes préliminaires et à l’instruction, l’informaticien a toujours fait prévaloir son ‘’statut’’ de militaire.
Sur les faits qui lui sont reprochés, Yoro Tapéko a avoué leur ‘’exactitude’’. ‘’C’est au cours d’un rassemblement, ce 4 avril entre 13 h et 14h que le Commissaire Osée Logué a annoncé la mission de Novotel où selon lui, la présence d’espions et de journalistes avait été signalée’’, raconte-t-il.
Selon lui, ce sont deux sections, l’une ‘’November One’’ et l’autre ‘’Siera 9’’ qui formaient le Commando pour mener l’assaut de Novotel. ‘’Moi, je faisais partie de ‘’November One’’. Pourquoi ‘’November One’’, interroge le juge Sissoko Mourlaye ?. De ses explications, il ressort que c’est leur ‘’chef’’ de section, un policier qui a baptisé le groupe ainsi parce qu’il est ‘’né le 1er novembre’’.
Selon l’accusé, les quatre victimes ont été ‘’sorties d’une chambre au 7è étage’’ du complexe hôtelier non sans avoir ‘’terrorisé’’ les clients de l’hôtel à qui ‘’des portables et un ordinateur ont été arrachés’’. ‘’Nous les avons rassemblés dans le hall, tenus à joue’’, précise-t-il.
‘’Après l’opération, moi j’avais un métis et Yves Lambllin. Mes amis de ‘’November one’’ et moi les avons conduits à pieds jusqu’au Palais’’, indique-t-il à la barre.
Au Palais, poursuit-t-il, ‘’nous avons été accueillis en héros par nos camarades restés sur place mais en chemin, le Blanc (Ndlr : Yves Lambellin) nous suppliait en pleurant qu’il n’a rien fait’’, se souvient Yoro Tapéko avant de déclarer que ‘’les quatre victimes ont été soumis à un interrogatoire serré’’. ‘’De ma chambre, j’entendais leurs cris de supplice’’, ajoute l’accusé.
Avant lui, Don Joël, soldat de rang, interrogé sur l’enlèvement des quatre corps du Palais, a déclaré à la barre que ‘’l’ordre est venu du Commissaire Osée Logué’’ avant de soutenir qu’il n’a ‘’enlevé qu’un seul corps, celui du noir car les cadavres étaient devenus lourds à cause de la pluie’’. Comme Yoro Tapéko, il a insisté que les victimes ont subi des ‘’sévices corporelles’’.
Le procès a été suspendu après 7 heures de débat pour reprendre, mercredi, avec d’autres auditions d’accusés.
Huit militaires dont le général Dogbo Blé, ex-commandant de la Garde républicaine et deux civils sont poursuivis en assises, pour avoir non seulement «enlevé» le 4 avril 2011, à l’hôtel Novotel au Plateau, mais aussi «séquestré et assassiné», l’opérateur économique français Yves Lambellin, ainsi que le directeur de l’hôtel Novotel d’Abidjan, Stéphane Frantz Di Rippel, le Béninois Raoul Adeossi et le Malaisien Chelliah Pandian, directeur général de l’entreprise Sania, filiale du groupe Sifca.
HS/ls/APA
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