L’intégralité du « Grand débat » dans le secteur de l’agro-business, sur la RTI, le mardi 7 février 2017, vous est proposé ici (Source : Nouveau Réveil). Chacun pourra faire son idée. Retrouvez ici les interventions de Laciné Fofana (RTI), Brédoumi Soumaïla, Directeur général des Productions et de la sécurité alimentaire, Ouattara Kouakou, porte-parole des souscripteurs, Drissa Koné, conseiller technique du ministre de l’Économie et des finances, Mme Michelle Yapo Koffi, présidente du Syndicat des entreprises d’agro-business.
Souscription dans l’agro-business, qu’est-ce que c’est ?
C’est une offre qui consiste à verser une somme d’argent à une entreprise d’agro-business pour la réalisation d’une production agricole selon la culture en cours. Et très souvent, des cultures vivrières ou maraichères pour les personnes qui n’ont pas le temps matériel de le faire. La structure devrait entretenir et exploiter lesdites plantations en vue de la commercialisation de la récolte à partager avec le souscripteur.
Mme Michelle Koffi, présidente du Syndicat du professionnel de l’agrobusiness en Côte d’Ivoire. Une entreprise d’agrobusiness, qu’est-ce que vous faites exactement ? Quel est votre rôle, vous faites des plantations ou vous prêtez de l’argent ?
Les entreprises d’agro-business en Côte d’Ivoire sont foncièrement des entreprises commerciales. C’est-à-dire que ce sont des entreprises qui ont des registres de commerce déclarés aux impôts.
Ce sont des entreprises commerciales qui regroupent plusieurs activités. Ces entreprises tournent aussi leur prestation de service pour la plupart vers l’agro-business qui est en fait l’agroéconomie. C’est tout ce qui est moyen financier, matériel, humain, logistique qu’il est régi autour de l’agriculture.
On dit que c’est une arnaque tout simplement. On dit que vous ne produisez pas et vous avez de l’argent. En réalité, ce sont des entreprises qui se cachent pour faire autre chose que ce qui les régit.
J’en prends acte. L’agroéconomie, c’est une activité à part entière. C’est une activité qui révolutionne le monde agricole.
Lorsqu’on regarde dans vos documents, au niveau de l’objet, vous dites plantation clés en main et vous mettez divers. Qu’est-ce que vous mettez dans divers, du blanchiment d’argent?
Tout le monde sait que le blanchissement d’argent est interdit. Qui blanchit l’argent ? C’est le client qui va vers la maison de l’agro-business
C’est vous le client ?
En son temps, il y a eu un détournement à la Bceao, des numéros de billets ont circulé partout. Ils pouvaient se retrouver dans les caisses de monnaie de la vendeuse d’aloco. Il faut traquer aussi les personnes qui viennent aussi blanchir l’argent.
Monsieur Ouattara, vous êtes le porte-parole des souscripteurs. Vous avez déposé de l’argent et en retour, vous avez reçu de l’argent ?
Dans notre fonctionnement, quand vous souscrivez, au bout de six (06) semaines ou deux (02) semaines, on vous appelle pour percevoir votre argent.
Vous mettez cinq (05) francs et vous avez mille (1000) francs, c’est prendre de l’eau en plein désert ?
Quand le contrat est bon et certifié, je ne vois pas pourquoi je dois aller au champ. Je prends tout simplement mon argent. Nous sommes satisfaits de ces entreprises.
Et l’État de Côte d’Ivoire a dit, je siffle la fin du match. Monsieur Soumaïla Brédoumi, directeur général des productions et de la sécurité alimentaire au ministère de l’Agriculture et du développement rural, vous qui êtes parti dans les plantations, qu’avez-vous découvert ?
Ce que l’opinion publique a compris, c’est que vous donnez de l’argent à ces maisons d’agro-business, elles font des plantations, elles récoltent le fruit de vos plantations et le partage avec vous. On a commencé à voir ce phénomène à partir de 2009 quand le prix de l’hévéa a commencé à faire un boom.
A partir de 2010, on est rentré dans le secteur du vivrier à cause de la crise dans le secteur. On a rencontré un certain nombre d’opérateurs et ils nous avons dit d’expliquer le phénomène. Mais ils viennent toujours avec des représentants qui ne sont pas aptes à nous donner des explications. On a mené nos enquêtes pour aboutir à une visite de l’inspection de nos services en juillet 2016.
On a constaté que les réalisations agricoles, quand elles existent, ne pouvaient pas justifier les masses d’argent. Je donne un exemple. Il y a une structure, la plus grande qui a déclaré avoir 300 hectares à Koliakro. Nous sommes allés, nous n’avons vu que 15 hectares sur les 300.On est allé à Kaniasso vers Famienkro,on n’a vu que 3 hectares.
A Bécédi Brignan, il n’y a que 8 hectares. Dans le contrat qu’ils ont signé avec les souscripteurs, si on prend un hectare, on aura 36 000 hectares d’opération vivrière ou agricole dans le pays. Pour un hectare de tomate, le souscripteur place un million et gagne 6 millions de francs CFA et en 6 mois.
On fait une opération clé en mains et le bénéficiaire n’attend que son argent. On a demandé aux gens d’aller visiter les terrains, ils n’ont jamais pu le faire. Ils disent qu’ils font autre chose. Qu’ils sont dans le bâtiment, dans le négoce etc. Les plantations agricoles sur le terrain ne peuvent pas justifier les milliards de retour sur investissement qu’on donne aux souscripteurs.
Monsieur Koné Drissa, vous êtes spécialistes sur les questions financières, conseiller technique au ministère de l’Économie et des finances expliquez-nous s’il y a un contre sens économique dans cette affaire ?
Monsieur Ouattara Kouakou, en tant que souscripteur, a dit nous donnons notre argent, on a fait fructifier et on le récupère. On ne cherche pas à savoir ce qui s’est passé au moment où on donnait l’argent et au moment où on le récupère.
Qu’est-ce qui s’est passé ?
C’est là la véritable préoccupation. Tel qu’il a décrit le phénomène, c’est comme s’il a placé de l’argent. Or dans l’agro-business, on devrait beaucoup plus avoir un retour lié à des activités agricoles. Quand le phénomène commence à toucher le maximum de personnes, il y a donc lieu de s’interroger sur la question.
Mme Koffi, votre réaction ?
Dans toute entreprise, il y a certainement des malveillants. 28 entreprises sont identifiées, mais il y en a plus que 28 parce qu’il y a certaines qui ne sont pas connues. Dans l’agro-business, les clients qui n’ont pas le temps ne vont pas visiter les champs. Quand on dit pour un hectare, il faut avoir 36 000 souscripteurs, je ne suis pas d’accord.
Cela signifie que toute la Côte d’Ivoire sera remplie de plantations de café et de cacao. Quand on dit que le client investit sur un hectare, cela veut dire qu’il est propriétaire d’une affaire agricole à concurrence d’un hectare.
C’est-à-dire que le client n’est pas seul sur l’hectare de terrain. Il est propriétaire d’une affaire agricole sur une période déterminée à concurrence d’un hectare. Un seul hectare ne veut pas dire un hectare un client.
Monsieur Ouattara Kouakou, votre réaction ?
Monsieur Koné Drissa dit que nous clients, nous donnons notre argent sans se soucier de ce qu’ils en font. Oui, pourquoi voulez-vous que je me soucie quand le contrat qui me lie à l’entreprise est fiable et bon.Moi c’est parce que je n’ai pas le temps d’aller au champ que je donne mon argent. Ce n’est pas un placement. Et puis, L’État s’est mal invité dans ce débat.
Monsieur Brédoumi Soumaïla qu’en pensez-vous ?
Nous avons fait un constat clair. Depuis 2009, qu’on fait de l’hévéa, on n’a pas vu des plantations d’hévéa livrées aux gens. En 2016, il y avait une crise de livraison de vivriers sur le marché. On disait partout qu’on produisait de la tomate et pourtant la tomate manquait sur le marché.
Sur quelle plateforme, les gens livraient ces produits ? Pour aller en export, ce sont mes services qui donnent les certificats phytosanitaires. Je n’ai jamais donné de certificats phytosanitaires. Si vous l’avez fait, sans nous, c’est de manière frauduleuse.
Monsieur Brédoumi, depuis 2008 jusqu’en 2016, on nous parle de l’existence de ces entreprises. Qu’est-ce que vous faites ?
C’est à partir du moment où on liait le mouvement bancaire à l’activité agricole que nous nous y sommes intéressés. On a mis 3 mois pour pouvoir les rencontrer. On les a rencontrés et ils ont envoyé leur chargé de communication. J’ai envoyé mon assistant pour aller les voir et ils ne sont pas venus.
J’ai fait une interview dans un journal de la place pour dire que le ministère n’était pas concerné. Le ministre de l’Agriculture m’a instruit de commander une inspection.Au préalable, on a rencontré ces gens-là avec le directeur de Cabinet. Cela abouti en juillet 2016.On a fait les investigations et on a saisi les autorités pour dire qu’il y a problème.
Monsieur Drissa Koné :Vous avez certainement lu ce rapport de fond en comble. Qu’est-ce que les enquêtes ont révélé, au plan financier, à votre niveau ?
Comme j’ai l’avantage d’avoir ma voisine qui a une activité, je voudrais juste savoir en quelle année elle a créé son entreprise et sur quelle forme juridique, parce que cela permet de mieux comprendre le développement que je vais faire.
Mme Michelle Koffi
Mon entreprise a été créée depuis 2012.
Sous quelle forme ?
C’est une entreprise individuelle.
Drissa Koné
C’est extrêmement important. On a parlé de la mobilisation d’environ 76 milliards F Cfa et c’est capté par un ensemble d’entreprises qui marchent sous forme individuelle. Je pense que cela peut poser un problème.
Quel problème cela pose ?
Lorsque vous commencez à mobiliser, il y a toute une réglementation qui permet d’encadrer une telle opération. Effectivement, à l’origine, quand on regarde, on voit que ce sont des activités agricoles qui sont déclarées. Mais, lorsque vous partez regarder ces documents, au niveau des banques, vous vous rendez-vous compte que, d’un côté, vous avez des dépôts en tant que tel et de l’autre coté, vous avez des sorties.
A aucun moment, on ne voit des entrées d’argent sous forme d’activité, c’est-à-dire des ressources financières, des ressources qui ont été générées par une activité. Vous pouvez retrouver très aisément des états des souscriptions, au niveau des banques.On a essayé de démontrer la création de l’entreprise tel que c’était fait pour pouvoir générer des recettes. Mais, en fait, la démonstration de la création de cette richesse n’a pas été faite.
Le souscripteur ne se préoccupait pas de savoir comment cette richesse avait été créée pour qu’il puisse en profiter. Si moi, je donne mon argent à quelqu’un, même s’il l’utilise dans la prostitution ou dans toute autre activité, qu’au moment où j’ai ma ressource entre les mains, tel qu’il a été prévu dans le contrat, je suis tranquille.
Est-ce qu’aujourd’hui, vous avez une traçabilité claire de ces revenues des entreprises d’agro-business ? Mme Michelle Koffi.
Nous sommes en migration et nous n’avons pas encore constaté un chiffre d’affaires qui puisse attester du non avenu de la forme juridique que nous avons.
Koné Drissa
Le document qu’on a reçu situe sur les revenus que nous avons mobilisés et qui se retrouvent au niveau des différentes banques. Ces différentes informations sont disponibles. Ce week-end, on a dû entendre le président du Comité d’éveil en train de donner le mode opératoire qu’on a mis en œuvre, c’est-à-dire dans l’optique d’achever la fiabilisation des différentes listes.
Il n’y a pas que 28 entreprises. Mais quand on commence une enquête, le processus continue de se poursuivre. A l’état actuel, on a démontré qu’il y a 28 entreprises. Peut-être qu’à terme, on aura plus que 28 entreprises, parce que le processus continue.On a identifié68 milliards comme étant collectés et environ 22 milliards sur les comptes dans les différentes banques.
Vous attestez les chiffres et vous nous dites qu’il y a un gap de 44 milliards ? Mme Michelle Koffi.
Je ne pourrais ni infirmer ni confirmer ces chiffres. Mais, je m’étonne de savoir ce qu’on a produit, alors que la majeure partie des maisons d’agro-business n’avaient pas encore été visitées et en leur sein, elles n’avaient pas encore fourni leurs productions à Police économique. Elles n’avaient pas encore eu la satisfaction de voir leurs champs visités. On se demande donc comment elles peuvent produire ces chiffres.
Ouattara Kouakou
Le Groupe de travail a travaillé sans nous les souscripteurs et du coup, il a produit un rapport. A la conclusion de ce rapport, on gèle les comptes. Les souscripteurs n’ont pas pu recevoir les chèques de décembre et janvier. Pourquoi j’ai dit que l’État s’est invité de façon malencontreuse ?
Voici un secteur d’activités qui s’est fait enregistrer par le Cepici et même à travers des pancartes publicitaires dans le District d’Abidjan. Il n’y a pas eu, de notre point de vue, une répression en amont. Ce qui nous a encouragés en tant que citoyens à aller investir dans cette affaire.
Avant que le groupe de travail n’intervienne de cette façon, les souscripteurs ont été payés. Les souscripteurs ont été satisfaits. Donc du coup, la décision prise par le Groupe de travail et le groupe d’éveil est contre nous les souscripteurs. C’est nous qui subissons la conséquence directe de cette saisine de gel des avoirs.
Nous ne nous inscrivons pas dans cette logique. Aucun souscripteur ne s’est plaint auprès de l’État ivoirien de n’avoir pas été payé, escroqué ou grugé. Nous n’avons pas trouvé nécessaire d’aller visiter les champs, dans la mesure où nous avons eu la satisfaction, au bout de l’investissement.
Mais lorsque l’État ne réagit pas, vous l’accusez de silence. Lorsqu’il réagit, vous dites qu’il s’immisce. On se rappelle cette histoire de placement d’argent.
Quand il y a eu le placement d’argent et que les gens n’ont pas eu de satisfaction, est-ce que L’État a remboursé leur argent ?
Vous ne vous êtes pas non plus adressés à L’État de Côte d’Ivoire ?
L’État est chargé de mettre de l’ordre. Quand l’État constate qu’un secteur ne respecte pas ses engagements,il doit commencer à regarder.
Brédoumi
Vous, en tant qu’un souscripteur de Monhévéa.com, vous êtes tenus d’aller sur le terrain. Est-ce que vous avez vu des plantations d’hévéas ou d’autres choses qui justifient que vous avez mis 5 millions pour avoir 10 millions. C’est là le problème.
Nous avons les calculs et nous disons que les gens qui ont pris 300ha et qui mettent en valeur 15ha, comment comprendre que c’est dans les 15 ha qu’il y a les aspects agricoles et que les autres aspects sont faits ailleurs. Dites-le.
En agriculture, on dit que le montant que vous placez et les activités ne sont pas en cohérence. Pourquoi les souscripteurs se plaignent qu’on a bloqué les comptes, sans se soucier des plantations. Qu’ils aillent récupérer les plantations. Les ressources financières agricoles sont liées à des activités sur le terrain. Moi, je n’ai pas vu des champs de Monhévéa.com.
Koné Drissa
Je suis très surpris et à la fois impressionné, parce qu’en fait, je crois que l’État ayant un mandat de protection des citoyens a décidé de prendre le problème à bras le corps. Je viens d’entendre qu’on a fait des publicités à travers des pancartes.
Quand on regarde toutes les publicités qui sont passées à la RTI ici, si on regarde les pancartes, à aucun moment l’idée de placement n’a été donnée. L’État n’a pas à s’immiscer, tant qu’il estime que l’activité est faite de manière licite. L’État réagit maintenant, parce que le phénomène a commencé à prendre de l’ampleur.
L’État ayant un mandat de protection des citoyens a décidé de prendre ce problème à bras le corps. Je viens d’entendre qu’on a fait des publicités et pancartes et autres. Et que toutes les publicités sont passées ici à la Rti.
On devrait pouvoir inviter à travers la télé les gens à venir et à avoir accès à des opérations clé en main pour avoir 200%, 300% (ça m’étonnerait que la RTI puisse passer une telle information), L’État aurait réagi.
Mais lorsqu’on vous dit que lorsque vous souscrivez, vous avez un hectare et autre, L’État n’a pas à s’immiscer parce qu’on pense, dans un premier temps, qu’il s’agit d’une activité licite. Quand avez-vous commencé l’agro-business ?
Mme Koffi
Nous n’avons pas plus de 8 mois d’existence.
Idrissa Koné
Je me réjouis qu’en moins de 8 mois vous avez eu le privilège de représenter des entreprises qui ont des ressources beaucoup plus importantes comme on le voit. L’Etat réagit maintenant parce que le phénomène commençait à prendre de l’ampleur. Donc le Groupe de travail a été mis en place en 2016.
Mme Koffi
Pour ce qui fut des enquêtes qui ont été menées, ils nous ont dit que les comptes bancaires ont été vus. Mais l’enquête s’est prononcée sur des chiffres et non sur les actifs. Une société a des chiffres c’est-à-dire des capitaux en numéraires mais il y a des actifs.
Cet argent qui est manquant se justifie par des activités qui sont faites dans les champs. En matière d’agro-business, vous avez un hectare pour 10 clients. L’agriculture des temps modernes n’est pas celle du temps de Félix Houphouët-Boigny.
Aujourd’hui, des méthodes utilisées sont faites à la fois technique, de système d’irrigation. Allez sur le site du Cnra, vous avez l’aubergine Doha, jusqu’à 24 tonnes. Et vous avez des rotations de cultures. Et lorsqu’on mène une période de 5, 6 ou 8 mois pour certaines entreprises, on a le temps de faire des rotations de culture.
Et si ces entreprises sont en possession de 50 hectares de terre imaginez-les en train de faire la tomate kiliné qui va donner 80 tonnes, vous vous retrouvez avec 80000 kg multipliés par 50. Quand on nous dit qu’en 2016, ils ont lancé un appel au niveau des cultures vivrières, je vous rappelle qu’en juin, juillet 2016, la tomate est allée jusqu’à 150F.
Et quand on parle de délivrance de phytosanitaire, je viens vous dire que dans l’import-export, il y a des personnes qui n’ont pas l’agrément d’exportation mais traitent avec ceux qui en ont.
Ouattara Kouakou
En tant que souscripteur, ce sont les retours sur investissement qui nous intéressent. Certes le souci de l’Etat est de protéger l’intérêt des citoyens que nous sommes. Mais à quel moment cette préoccupation de l’Etat se fait valoir ?
Après seulement que nous ayons investi. A qui cette mesure du Groupe de travail de geler les comptes fait du mal ? C’est bien nous les souscripteurs qui subissons le tort. Si on avait été associé à ce Groupe de travail, nous aurions pu faire de recommandations, des suggestions.
Bredoumi Soumaïla
Je voudrais bien croire que Mme Koffi ait fait cela en 8 mois. Elle a dit tout cela par théorie. Nous voulons voir les terres, les champs que vous avez pu produire. Pour avoir des terres, soit vous en disposez vous-mêmes soit vous avez un contrat avec quelqu’un.
Nous avons rencontré des gens à qui nous avons demandé des contrats pour les terres et jusqu’aujourd’hui, nous ne les avons pas vus.
M. Ouattara, dites-moi que vous n’avez pas vu les plantations pour lesquelles vous avez souscrit. Dites-moi, Mme Koffi, en 8 mois combien avez-vous produit et combien avez-vous vendu ? En 8 mois vous n’avez pas produit de résultat sur le terrain. Ce n’est pas sérieux.
Nous posons la question de savoir comment sortir de l’impasse ?
L’État de Côte d’Ivoire découvre 22 milliards Fcfa dans une caisse. L’État dit que 66 milliards Fcfa ont été investis par souscription. Et le gap est 44 milliards. Et le même dit vouloir payer le capital investi par les souscripteurs. Qu’est-ce qu’on fait si on ne trouve pas la différence ?
Drissa Koné
Je ne suis pas certain que c’est ce que l’Etat a dit. Les informations du président du Groupe de travail sont claires à-dessus. Il y a de l’argent qui a été trouvé sur les comptes. Et s’il s’agissait de ce montant, le mode opératoire de remboursement sera fait. Vous avez noté dans les propos du porte-parole du gouvernement : Il dit que le remboursement se fera en fonction de ce qu’on trouvera dans les comptes.
Il n’est pas certain que le gap n’est pas été l’objet de paiement à d’autres souscripteurs. Le mécanisme étant de type pyramidal, ça veut dire que les premiers souscripteurs ont été remboursés. De sorte que l’attitude du souscripteur nous parait aujourd’hui bonne. C’est bien de dire que notre préoccupation, ce sont le Rsi, mais il faut d’abord valider la réalité de ces Rsi.
Il y a un aspect important qui est celui de savoir que votre argent que vous avez donné à quelqu’un qui l’utilise, vous devez vous préoccuper de savoir ce qu’il en fait. Quand on parle de transparence ça veut dire que tous les acteurs peuvent être impliqués. C’est la raison pour laquelle nous sommes venus à ce plateau.
Vos propositions Mme Koffi
L’État parle de mesure conservatoire, mais n’oubliez pas que les responsables des entreprises d’agro-business abritent aussi la même population de Côte d’Ivoire. Mettre des mesures conservatoires ne signifient pas mettre des blocus pour détruire les activités dans les champs.
Parce que quand les entreprises n’ont pas accès à ce qu’elles doivent avoir pour travailler dans les champs, il y a des destructions de culture dans les champs. Nous n’allons pas contre L’État. Nous, responsables d’agro-business, reconnaissons que dans toute corporation, dans tout système il y a des failles.
Mais quand j’entends parler de Groupe de travail avec les souscripteurs, jamais je n’ai entendu dire que le Groupe de travail doit associer les maisons d’agro-business. Ça veut dire que c’est une corporation qu’on veut tout simplement enlever.
Le porte-parole du gouvernement a parlé d’habilitation particulière. (…) Il y a une réglementation inexistante en Côte d’Ivoire sur l’agro-business. Donc pour ce qui n’est pas existant et pour un secteur qu’on dit porteur (…) je me souviens des premiers discours qui disent qu’on ne ferme pas l’activité.
Mais toute la corporation ne peut pas quand même être mauvaise. On ne peut pas balayer du revers de la main le travail des têtes pensantes. (…) Une enquête de cette dimension aurait voulu qu’il y ait un organe de tutelle pour suivre les mouvements des comptes et non bloquer les comptes. La population que vous dites protéger, vous la détruisez puisque la plupart des agro-business ont des champs.
Même n’étant pas suffisant les Rsi sont recouvrables. S’il s’agit d’un système pyramidal, il aurait été plus judicieux d’arrêter les adhésions, de nous laisser travailler et vous allez voir tout de suite que les maisons qui ont un système pyramidal vont tomber.
Bredoumi Soumaïla
Ce que vous dites madame, c’est de la théorie. Moi-même, j’ai été pendant 15 ans, chercheur au Cnra. Vous annoncez 50 voire 80 tonnes de produits en 8 mois d’activité. Reconnaissez, madame, que vous ne pouvez pas prouver cela. C’est ce qui fait qu’après nos analyses nous sommes arrivés à cette conclusion.
L’agronomie c’est une science pratique donc ça se voit. Si vous faites de l’hévéa, on peut le voir. Pour l’hévéa, il faut attendre 6 ans avant de saigner. Donc si vous l’avez fait en 2010, en 2016, on doit pouvoir voir le résultat. Vous parlez de cycle court, mais il y a quand même des techniques et pour cela, il y a des terrains.
Même si vous faites trois cycles dans un mois, ça se voit. Donc madame, nous sommes arrivés à conclure que vous avez bien des activités qui portent sur l’agriculture mais toutes les ressources que vous distribuez ne viennent pas exclusivement de l’activité agricole. Les représentants des souscripteurs ont été reçus plus d’une fois dans le groupe de travail et on leur a expliqué le processus. Donc ne dites pas qu’ils ne sont pas associés.
La preuve, le plateau sur lequel vous êtes, c’est L’État qui vous a invité. Donc on vous associe. Madame, l’objectif, c’est de clarifier et faire comprendre à la population que L’État est là pour protéger. C’est lorsque L’État a fait l’alerte qu’on a commencé à observer des mouvements de fonds vers l’extérieur. C’est la raison pour laquelle l’État a bloqué les comptes.
Ouattara Kouakou
La chute de monsieur Bredoumi me permet de faire des propositions. En effet, en toute honnêteté, nous avons eu des séances de travail avec le comité de travail au cours desquelles nous leur avons fait un certain nombre de suggestions et d’observations. C’est vrai que le rôle de L’État, c’est de protéger les citoyens.
Cependant, ceci ne doit pas se faire contre nous. Il est vrai qu’il peut y avoir des brebis galeuses dans le secteur. Pour cela, L’État peut être amené à prendre des mesures conservatoires. Mais pour nous qui avons déjà souscrit, il est bon et judicieux que l’État fasse l’état des lieux afin de connaître de façon exhaustive les noms des souscripteurs en cours et de voir… dès lors que des promoteurs dont celui de monhevea.com a dit qu’il est à mesure de payer les souscripteurs à partir du mois de juillet.
On peut lui concéder cela et lui demander de reverser l’argent des souscripteurs. Au vu de cela, L’État peut prendre ses dispositions pour réguler. (…) Je propose que L’État dégèle les comptes afin de permettre que ceux qui ont déjà souscrit puissent être payés. Il y a déjà deux mois de perdus.
Si tout le monde est payé et qu’il n’y a plus de nouvelles souscriptions, cela permettra à L’État de savoir s’il y a un système pyramidal. Mais tant que c’est fait comme ça et que nous ne recevons pas nos Rsi, nous accuserons l’État.
Koné Drissa
Je voudrais rassurer le souscripteur que cela fait déjà deux à trois conseils des ministres où la question a été traitée. C’est dire que la question est importante. (…) Donc ces mesures ont été prises dans l’intérêt des souscripteurs. A la date d’aujourd’hui, on a un niveau d’information sur le problème avec le rapport qui est sorti.
Je pense que très bientôt, ces différentes informations seront partagées à la fois avec les souscripteurs et avec les promoteurs. Comme on sait maintenant que les promoteurs sont de très bonnes volontés et qu’ils ont coopéré dans ce sens pour rassurer les différents acteurs, je pense c’est ce que L’État veut.
Comment se fera le mode opératoire ? Koné Drissa
La première des choses, c’est de faire l’état des lieux. La démarche qui a été proposée par le souscripteur, elle est exactement celle qui a été adoptée par le groupe de travail. Il y a des listes puisqu’il y a des personnes qui ont donné de l’argent.
Il faut déjà fiabiliser ces listes et ça ne peut se faire qu’avec l’appui des souscripteurs eux-mêmes et les promoteurs. Il s’agit de faire en sorte que d’autres personnes ne se soient pas greffées là dedans.
Et puis également les promoteurs pour qu’on ait à la fois la liste de ces personnes, les montants qui ont été engagés et en plus les entreprises qui sont concernées.Tant ces différents éléments sont clairs sur lesquels ont s’est accordé, il est facile de dire voilà maintenant comment ça va se passer.
Peut-être que le procureur nous dira. Il y a des investissements qui ont été faits, c’est dire qu’il y a des investissements qui existent quelque part.
Donc en traçant la période, s’il y a des investissements, il faut pouvoir les identifier et leur mettre la main là-dessus pour pouvoir les aliéner et accroitre les ressources. Ces informations seront partagées avec l’ensemble des acteurs pour qu’on trouve une solution idoine.
Conclusion
Ouattara Kouakou
Ma conclusion est de réitérer mon vœu sur le sort des souscripteurs. Je voudrais demander au chef de l’Etat de permettre que ceux qui ont souscrit puissent entrer en possession de leur Rsi.
Je demande aux souscripteurs de ne déposer aucun contrat auprès du Trésor jusqu’à la dernière concertation que nous aurons incessamment. Parce que le Trésor ne dispose pas de fichiers fiables.
Cette méthode de faire ne nous sied pas. Nous n’avons pas souscrit avec l’État, je ne peux donc pas demander à l’État de me restituer mon capital. Nous ne voulons pas notre capital mais notre Rsi.
Mme Koffi
Nous sommes d’accord qu’on mette des mesures de protections mais que ces mesures ne nous blessent pas dans les champs. Et ce n’est pas une corporation qui doit mourir. L’agro-business existe au Burkina et dans tous les États. Mais ici, tout le monde sait qu’il n’y a pas une réglementation.
Mais étant donné qu’il y a une révolution dans l’agriculture, la réglementation s’impose. C’est la raison pour laquelle notre syndicat a été mis en place pour rebondir sur ce que nos autorités ont dit. On veut fiscaliser la corporation, on veut travailler avec tous les acteurs du secteur et être encadrés.
Parce qu’il y a une intelligence économique qui s’est fondée autour de ça et que nous voudrions bien vous expliquer et mettre cela à profit et intéresser les partenaires banquiers, mettre des balises sur le fonctionnement de l’agro-business en Côte d’Ivoire.
Donc qu’il nous donne la latitude de disposer d’un délai pour nous-mêmes parce que les premiers endettés, ce sont les maisons d’agro-business.
Bredoumi Soumaïla
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’ici comme sur le terrain, aucun promoteur d’agro-business n’a démontré que les ressources qu’il brasse proviennent de l’agriculture. Ils font autre chose. Je dis aux Ivoiriens qu’il n’a jamais été démontré que le retour qu’on leur fait sur investissement provient des activités agricoles. Je n’ai jamais vu ça.
Koné Drissa
Sur l’avenir de ce secteur, je crois que le porte-parole du gouvernement a été très clair là-dessus, notamment sur les possibilités d’encadrement dès lors que les opportunités d’affaires existent dans le secteur.
Je pense qu’il est important qu’on se retrouve avec les souscripteurs et les promoteurs. Parce que l’un a fait des promesses à l’autre, et l’ensemble être convaincu que l’autre est capable de le faire. Nous détenons un certain ensemble d’informations qui prouvent le contraire.
On va s’asseoir et quand on découvrira ensemble que ce n’est pas possible, alors peut-être qu’on va pouvoir poursuivre les différents éléments. Ayons en esprit de trouver la bonne solution pour tous ceux qui ont créé des conditions et qui, aujourd’hui, ont des difficultés pour recouvrer leur épargne.
(Source: Nouveau Réveil)
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