‘‘Être vice-président” de la Côte d’Ivoire “ne m’intéresse pas. Je veux le petit poste de président de l’Assemblée”

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Guillaume SORO depuis Ferké : ‘‘Je ne rêve pas d’être vice-président, Ça ne m’intéresse pas’’

Le Président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Kigbafori SORO était ce lundi 12 Décembre 2016 face aux journalistes, dans le cadre de la campagne en vue des législatives du 18 décembre prochain. Guillaume SORO, a saisi l’occasion pour dresser un bilan de son mandat tant en qualité de député de la circonscription électorale, Ferkessédougou que Président de l’Assemblée Nationale. Il s’est aussi prononcé sur l’actualité nationale.

Propos Liminaires

Mesdames et messieurs les journalistes, j’ai tenu à faire cette conférence de presse pour une raison très simple. C’est qu’avant de me lancer dans la campagne électorale pour les législatives, j’avais effectivement envisagé de m’adresser à la presse. Mais compte tenu des circonstances particulières, le fait que j’étais absent du pays et donc, le fait aussi que le délais était très rapproché, je n’ai pas pu à Abidjan donner cette conférence de presse pour vous informer très officiellement et très solennellement en ma qualité de président de l’Assemblée nationale sortant, vous dire la décision mienne de me porter candidat à nouveau au poste de député de la circonscription électorale de Ferké commune.

Je crois que vous conviendrez avec moi que c’est comme que ça aurait dû se faire, malheureusement des impondérables indépendants de ma volonté, ne m’ont pas permis d’organiser cette conférence à Abidjan. Mais quelqu’un disait, mieux vaut tard que jamais. Donc aujourd’hui, je suis devant vous pour vous annoncer comme vous le savez déjà que je suis candidat, puisque bien attendu, la campagne a été déjà ouverte.

Ceci dit, j’ai décidé de me porter candidat, pour être député de Ferké, parce que je pense que c’est quelque chose d’important, non seulement au plan personnel de le faire, mais aussi pour répondre à une sollicitation de mes parents qui, par le truchement de plusieurs émissaires, m’ont signifié qu’ils étaient disposés à me reconduire comme député de la circonscription de Ferké-commune. Je pense qu’au plan local, j’ai essayé pendant la législature dernière au-delà de la mission de député et de président de l’Assemblée nationale de véhiculer des valeurs qui sont propres à Ferké, au peuple Sénoufo, au peuple Niarafolo. J’ai essayé autant que faire ce peu d’exercer ma fonction de président de l’Assemblée nationale dans l’humilité, dans la loyauté, dans le respect de la parole donnée avec fidélité et avec un sens aigu du devoir. Ce sont des valeurs qui nous ont été enseignées depuis notre tendre enfance, pour ceux qui connaissent la culture sénoufo savent bien qu’à côté de l’école occidentale, il y a quand même, une école de formation qui est le Poro, une école qui sert à forger le caractère de l’adolescent pour le passer à l’étape d’adulte. Donc, c’est en symbiose et en harmonie, avec toutes ces valeurs et avec mes parents, que j’ai décidé d’être candidat pour être député de Ferké.

Evidemment cette candidature, vous l’aurez remarqué est portée par les populations de Ferké, mais j’ai voulu qu’elle soit portée par la jeunesse de Ferké. Vous avez vu, les jeunes ont cotisé pour payer la caution pour ma candidature. Donc je veux mettre les jeunes au-devant pour porter cette candidature. C’est pourquoi, vous verrez qu’il y a une différence avec la campagne de 2011. C’est qu’aujourd’hui, vous avez des volontaires qui sont plus de 500 qui font du porte à porte pour retrouver tous les électeurs, les sensibiliser et les motiver pour aller voter. Cela me parait important. Vous avez noté aussi que la chefferie, les dépositaires de nos valeurs, de nos traditions, de nos us et coutumes, ne sont pas en reste. Je les ai à l’entame, rencontré pour qu’ils puissent me donner leur accord, leur bénédiction.

Mes ambitions pour ce mandat, je l’ai aussi annoncé que ce mandat sera mis sous le sceau du pardon et de la réconciliation, de l’union et de l’unité. Je suis de ceux qui pensent fondamentalement que le socle de la réussite et de la construction de la nation ne peut aller sans l’union des filles et fils, d’un même pays. Donc pour moi, pour créer l’union, pour créer l’unité il faudra pousser dans le sens de la réconciliation nationale. Et même au plan local, il faudra que nous mettions l’accent sur la réconciliation. Je suis élu député, je le souhaite, j’espère que vous le souhaitez aussi, nous continuerons les actions que nous avons entreprises, notamment le social, parce que voyez-vous, je suis passé dans des quartiers et beaucoup de problèmes se posent aux populations. Au plan de la santé, des infrastructures, la pauvreté est remarquable. Vous savez, j’ai grandi ici à Ferké et on voit comment se détériorent certaines infrastructures qui pourtant faisaient la fierté de la ville. Qui, est un très grand carrefour aussi bien de la culture, un carrefour commercial etc. Donc, il faudra continuer sur le social. J’aimerais aussi, relever, la question de la culture. Parce qu’à mon avis la question de la culture est quelque fois passée aux oubliettes, pourtant, notre culture gagnerait à être valorisée. Ça c’est important. La diversité que constitue la Côte d’Ivoire, mérite que les particularités au niveau de la culture soient connues par les uns et les autres.

Mesdames et messieurs les journalistes, vous voyez que c’est bien ambitieux ce que nous voulons donc faire pendant, les années à venir si nous étions élus député. Evidemment, notre rôle continuera d’éduquer les populations, leur expliquer le fonctionnement de l’Etat, les institutions de la République, leur expliquer le rôle de chaque institution, parce que c’est important. Souvent, on confond, le rôle du maire, du député. Pourtant la République est organisée. Chacun doit faire ce pourquoi, il est mandaté. Donc ça, c’est extrêmement important pour nous de le faire savoir aux populations.

Voici, mesdames et messieurs, les journalistes ce pourquoi, je vous ai bien entendu invités pour que nous puissions échanger. Il était normal qu’un président de l’Assemblée nationale sortante à la veille d’une échéance aussi importante dans la vie de la nation, puisse s’adresser de fond en comble aux journalistes et, c’est ce que j’avais espéré faire avant le début de la campagne. Mais comme je vous l’ai expliqué tout à l’heure, des circonstances totalement indépendantes de ma volontés ne me permettent de vous recevoir qu’aujourd’hui seulement. Donc voici ce que j’avais à vous dire en attendant vos questions.

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Questions–Réponses

Ma première question, c’est de savoir comment se porte aujourd’hui le président de l’Assemblée nationale qui était récemment au Maroc pour des soins, dit-on. La seconde question, avez-vous effectivement, comme cela s’est raconté, demandé un avion de l’Etat de Côte d’Ivoire qui vous a été refusé ?

Guillaume SORO : Votre question me permets de répondre une fois pour toute et de façon décisive à des rumeurs… Je ne comprends pas. La Côte d’Ivoire bruite tellement de rumeurs… Ne constatez-vous pas que je vais bien, même si je ne suis aussi en forme que vous ? Je pense que je vais bien. Je vais simplement vous dire qu’il n’y a pas plus faux que ce qu’on a dit aux Ivoiriens en affirmant qu’on m’a refusé un avion. Pourquoi me le refuserait-on ? Je ne sais même pas d’où sort cette affaire de refus d’avion. C’est ce qui me donne le sentiment et la conviction qu’il y a une officine qui existe pour distiller de fausses rumeurs à Abidjan et pour créer des problèmes. Ça peut-être une tactique classique qui est de vouloir à force de mensonge, de finir par laisser des traces. Et, je sais que durant des années, il y a une officine en place dans laquelle des gens se disent : ‘‘notre travail, c’est de tout faire pour mettre le Président Ouattara et son dauphin constitutionnel en conflit Si on réussit à les mettre en conflit, on aura réglé nos problèmes’’. Sinon, autrement, je ne vois pas ce qui s’est passé.

La vérité est celle-ci. Un jeudi du mois de novembre, je devais me rendre à Bouaké parce que j’étais le parrain des 70 ans du Lycée classique de Bouaké. J’avais donné mon accord pour y aller, quand dans la soirée, après le sport que je fais, j’ai ressenti une douleur dans le dos, qui irradiait dans mon bras gauche. Toute la nuit de ce jeudi, j’ai eu du mal à dormir, me cherchant une position antalgique. Au petit matin, j’ai donc appelé le Dr Touré, mon médecin personnel, parce que je me sentais mal. Pour cette raison, je n’ai pas pu me rendre à Bouaké. Le Dr Touré a alors fait venir le Dr Kramo de l’Institut de cardiologie, qui est venu me faire un électrocardiogramme et m’a prescrit des médicaments. Après avoir pris ces médicaments, la douleur a commencé à se réduire. Ça, c’était vendredi. Le samedi, j’ai voulu tout faire pour aller à Bouaké. Mon médecin personnel me l’a déconseillé, même si la douleur continuait à se réduire. Ce même samedi, sur conseil de mes médecins, j’ai appelé le ministre des Affaires présidentielles, Ibrahim Ouattara, le petit-frère du président de la République, qui est de Kong, pour lui demander de me mettre à disposition un avion pour que je me rende au Maroc pour des examens complémentaires. Il m’a demandé quel jour je souhaitais effectuer le voyage. Voyez donc qu’on ne peut pas me refuser un avion d’autant plus que je suis un officiel de la République. J’ai alors fixé le départ au mardi à 17 heures, étant entendu que ce même jour, je devais prendre part à 14 heures à une cérémonie à l’Assemblée nationale, en compagnie de l’ambassadeur des Etats-Unis qui devait nous remettre du matériel servant au vote électronique. Vu que je prenais déjà les médicaments prescrits par mes médecins, je me disais que je pouvais vaquer tranquillement à mes occupations, le temps que le jour du voyage arrive et que je puisse me rendre au Maroc pour les examens complémentaires demandés.

Le dimanche, j’ai appelé sa Majesté, le Roi du Maroc, pour l’informer que je me rendrai le mardi dans son pays pour des examens médicaux. Le lundi, sa Majesté m’appelle et me dit : ‘‘Monsieur SORO, pour le mal que vous me décrivez, j’estime que vous ne pouvez plus attendre. J’ai donc demandé qu’un avion médicalisé aille vous chercher’’. C’est ainsi que lundi, chamboulant tout mon programme, j’ai appelé le ministre Ibrahim Ouattara pour lui dire d’annuler le vol qui était prévu avec l’avion de l’Etat, vu que le roi du Maroc envoyait un avion médicalisé pour me transporter. Voilà comment le lundi j’ai embarqué à bord de l’avion médicalisé pour me rendre au Maroc. Sur place, on m’a conduit à l’hôpital militaire pour une batterie de tests. Je craignais pour mon cœur mais la batterie de tests a révélé qu’on peut même prêté mon cœur à un nouveau né. Ce qui veut dire qu’il n’y avait pas de problème à ce niveau. Le seul problème qui a été signalé, c’est au niveau des cervicales. On m’a signalé qu’il y avait comme une pression de mes cervicales.

Quel regard rétrospectif jetez-vous sur votre bilan des cinq ans que vous venez de passer à la tête de l’Assemblée nationale, au moment où il se représente face aux électeurs. Ma seconde question porte sur des rumeurs de perquisition au domicile de certains de vos proches collaborateurs. Qu’en est-il exactement ? Autrement dit, la deuxième personnalité de l’Etat de Côte d’Ivoire se sent-elle harcelée ?

Guillaume SORO : Si je dois parler de mon bilan je pourrais vous donner l’impression d’être vaniteux. Mais je pense que pendant cinq ans j’ai essayé de diriger l’Assemblée nationale avec responsabilité, avec un sens élevé du devoir. J’ai essayé durant ces cinq années d’inscrire cette institution au cœur de la République. Bien sûr il y a des choses que nous avons réussies particulièrement, comme la diplomatie parlementaire,… Il y a des choses qui ont peut-être moins bien marché. Mais je crois que les députés ont été présents en Côte d’Ivoire dans les villages, dans les campements, dans les régions. Nous avons fait des tournées de sensibilisation sur l’ensemble du territoire. Chaque année nous avons eu un thème phare que l’Assemblée a essayé d’implémenter, comme le social, la solidarité,…

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Je pense que notre Assemblée nationale a essayé de tenir son rôle. Et bien que certaines composantes politiques n’étaient pas représentées à l’Assemblée nationale, vous avez pu apprécier la qualité des débats. J’ai essayé de gérer cette Assemblée de façon impartiale, comme une grande composante de la Nation ivoirienne. A des moments donnés il n’y avait presque plus de PDCI, de RDR, d’indépendants,… nous étions les députés de la Nation. C’est ce que je voulais inculquer aux députés ivoiriens. Pour leur dire que nous somme une institution, un tout et nous devons être ensemble solidaires. Je pense modestement avoir réussi à conduire cette institution. Évidemment il y a des insuffisances et je serais prétentieux de croire que tout a été bien réussi. Je sais moi-même que sur les questions du contrôle de l’action du gouvernement, il y a peut-être eu des attentes de la population, sur les questions aux ministres, il y a certainement eu des insuffisances. Et ce sont ces raisons qui me motivent à penser qu’on ne peut pas tour faire en même temps.

En tant que président sortant de l’Assemblée nationale et vu le poste de vice-président crée par la nouvelle Constitution, peut-on dire que vous rêvez d’être le prochain vice-président de la République ?

Guillaume SORO : Je ne rêve pas au Poste de Vice-Président. Je n’ai jamais non plus pensé que le Président de la République me devait d’office quelque chose. Demandez à mes collaborateurs, quand nous avons pris le pouvoir, j’ai réuni mes collaborateurs pour leur dire ceci. Je ne veux pas faire ni du chantage, ni du marchandage avec le Président de la République élu. Parce que figurez-vous que dans la normalité, lorsque M. OUATTARA a été élu, si M. GBAGBO lui avait passé le pouvoir comme ça s’est fait au Ghana actuellement, il n’y aurait pas eu le sentiment que quelqu’un doit quelque chose à quelqu’un. Parce si vous êtes fondamentalement et foncièrement démocrate, ce qui était en cause c’était la restauration du verdict des urnes. Ce ne sont des circonstances exceptionnelles, particulières qui ont fait que Gbagbo refusant de céder le pouvoir à Ouattara, il a fallu agir.

Le Président de la République Alassane OUATTARA m’a reçu et m’a parlé de la nécessité et de la volonté de mettre en place la troisième République. J’ai marqué mon accord et le Président m’a indiqué qu’il allait créer un poste de vice-Président. Je l’ai accepté. Je suis moi-même suffisamment politique pour savoir que dans le cadre d’un rassemblement et d’une alliance, comme celle du RHDP, comment voulez-vous que moi, je prenne la tête de ceux qui veulent mettre la pression sur le président en sachant qu’il a une alliance, que si le Président qui est du RDR qui est à la tête du pays, que son vice-Président ne soit pas choisi au sein du PDCI. Donc pour moi, c’est suffisamment clair. Mais mieux, le Président de la République et moi-même sommes de la même région, le Tchologo. Il est de Kong à quelques encablures de Ferkessédougou. Je sais très bien que je ne suis pas le meilleur candidat en l’état actuel des choses pour être Vice-Président de la République de Côte d’Ivoire. Le Président de la République le ferait ou si moi-même je suggérais ça au Président de la République, ce serait faire une faute politique. Pourquoi, parce que simplement, après les élections de 2010, le Président avait promis le poste de Premier ministre dans le cadre de la même alliance au PDCI. C’est pour ces raisons que je suis parti de la primature pour que le Président puisse honorer son engagement vis-à-vis du PDCI. Donc c’est pour donner la primature au PDCI que moi j’ai dû libérer le planché, je suis allé à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui dans le cadre de la troisième République, il m’a semblé normal que le poste de Vice-Président soit certainement réservé dans le cadre de l’alliance au PDCI, dans le cadre du Rassemblement du RHDP. Donc, je ne rêve pas, je suis réaliste.

C’est pourquoi, je vous ai dit toute à l’heure que le ‘‘petit poste’’ de Président de l’Assemblée nationale, si on me le redonne, je serai content. Maintenant, c’est Dieu qui décide de tout. Si je suis élu, j’irai voir le Président Ouattara, le Président Bédié, s’ils sont d’accord que je sois le Président de l’Assemblée nationale, je le serai. Sinon, pour la vice-présidence, moi-même je sais que dans le cadre des arrangements politiques, je vous donne l’assurance que je ne serai pas de ceux qui iront pleurnicher, faire la pression au Président Ouattara pour être vice-Président. Ca ne m’intéresse pas. Je le dis depuis longtemps, mais les gens ne croient pas.

Propos recueillis et retranscrits Hussein KOUAME

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