Côte-d’Ivoire pétition pour la libération de Gbagbo – La méthode Sangaré fortement critiquée

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Connectionivoirienne

Le dimanche 4 décembre 2016, en meeting à Bonoua, Sangaré Abou Drahamane, président de la tendance dissidente du Fpi a livré les premiers chiffres de la pétition internationale pour la libération de Laurent Gbagbo, lancée le mercredi 22 juin 2016. Selon les chiffres donnés par Sangaré, 25.247.511 signatures au total ont été recueillies en faveur de la libération du président Laurent Gbagbo. Il précise que 13.333.878 signatures ont été obtenues en Côte d’Ivoire et 11.913.623 à l’international.

La pétition a été lancée à l’initiative de l’écrivain Bernard Dadié et de l’ancien Premier ministre du Togo Joseph Kokou Koffigoh, par ailleurs, chef de la délégation des observateurs de l’Union africaine à la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire. Elle a eu le soutien politique du Fpi pro-Sangaré et la tendance conduite par Affi N’guessan avait concédé à la signer de même que Mamadou Koulibaly de Lider qui était présent à la cérémonie de lancement.
A peine les chiffres dévoilés par Sangaré que la polémique sur la manière de les présenter s’est emparée des réseaux sociaux en Côte d’Ivoire et ailleurs. Ceux qui interviennent dans ce débat, sans forcément mettre en doute leur véracité, réfutent la méthode et la tribune choisies par le leader des « Gbagbo ou rien » pour annoncer des chiffres que tous attendaient.
L’ancien patron du « Courrier d’Abidjan », Théophile Kouamouo a mis les pieds dans le plat en se fendant d’une analyse objectivement critique. « Je ne dis pas que le FPI tendance Sangaré doit participer à tout prix aux élections mais qu’il doit mener son combat avec crédibilité et efficacité, ce qui n’est pas le cas. Il ne parvient à parler qu’à la partie la plus convaincue de sa base. Par exemple, n’est-ce pas se déconsidérer soi-même et singer les mœurs du pouvoir en termes de statistiques exagérées que de prétendre que la pétition pour la libération de Gbagbo a été signée par 13 millions de personnes en Côte d’Ivoire, alors qu’il y a 9 millions d’Ivoiriens âgés de 18 ans et plus ? Ceci est de l’incompétence. Si on a les meilleurs sentiments du monde et qu’on est incompétent, on plombe le combat qu’on prétend mener », contre-attaque-t-il sur Facebook.
Théophile Kouamouo, en substance, reproche à Sangaré de faire comme Youssouf Bakayoko de la CEI qu’il critique pourtant pour les chiffres peu crédibles qu’il publie à chaque élection. C’est comme si M. Kouamouo insinuait que Sangaré n’est pas moins pire que Bakayoko.

Steve Beko, un autre internaute pro-Gbagbo convaincu et très suivi sur la toile ne dit pas autre chose à travers ce post qu’il publie : « Balancer comme ça au cours d’un meeting le nombre total de signatures recueillies pour la pétition en faveur de la libération du président Gbagbo est le meilleur moyen de piétiner tous les efforts consentis par les uns et les autres pour faire signer le maximum de personnes. On aurait pu faire mieux et ainsi gagner en crédibilité concernant les chiffres avancés… »

En fait, avant la cérémonie du 22 juin, une conférence de presse avait été organisée chez Bernard Dadié pour informer l’opinion du lancement de la pétition. C’est à cette conférence de presse, une semaine plus tôt, que Samuel Harding, porte-parole de BB Dadié avait décliné l’objectif de 22 millions de signatures en Côte d’Ivoire. Une déclaration qui avait fait sursauter plus d’un journaliste présent à cette conférence tant ce chiffre paraissait surréaliste. Mais à l’impossible nul n’est tenu et tout le monde attendait la fin de la campagne de signatures pour apprécier.

Ceux qui critiquent aujourd’hui Sangaré, auraient aimé qu’il emprunte le même canevas pour donner les chiffres, devant huisssier, comme cela avait été le cas le 22 juin. Ce jour-là, l’huissier annonçait 29 mille signatures au démarrage.

Campagne mitigée

Si la campagne pour la signature de la pétition a connu un engouement en Europe avec des stratégies originales, en Côte d’Ivoire, elle a piétiné. L’adversité du pouvoir qui n’a pas hésité à réprimer les signataires mais surtout le manque de moyens financiers pour conduire une campagne grandeur-nature auront fortement contrarié les organisateurs qui ne sont pas forcément des personnes connues dans les fichiers du Fpi. A part quelques tentatives réussies de Désirée Douati, la fille de l’ancien ministre de Gbagbo, le reste a été une gageure. Rares sont les cadres du Fpi qui ont fait une campagne à outrance pour recueillir des signatures.
A Gagnoa, fief de Laurent Gbagbo, Désirée Douati que nous avions approchée au cours de la caravane dans cette ville du centre-ouest, misait sur 30 mille signatures, sans plus. Après Gagnoa, il y a eu l’étape de Yopugon Kouté. L’étape de Bonoua n’avait pu voir le jour, le ministre Douati, cheville ouvrière de la pétition en Côte d’Ivoire étant tombé malade entre temps.
Et depuis lors, on n’entendait plus parler de cette pétition jusqu’à ce que Sangaré en donne les statistiques dimanche dernier. Et ceux qui en doutent spéculent pour sûr sur ces ratés sans être absolument anti-Gbagbo.

SD à Abidjan

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