Des précisions mais aucune révélation pour la dernière audience du témoin
Dernier jour d’interrogatoire pour Metch Metchro Moïse Harold Fabrice, ancien membre du Groupement des patriotes pour la paix (GPP). Après plus de 10 jours d’audition, le témoin a livré ses dernières précisions à la défense de Laurent Gbagbo ce jeudi 3 novembre à la Cour pénale internationale.
Par Camille Dubruelh Source: Ivoirejustice
Colonel H, Commandant Hôtel, Koné Hamed, l’Araignée… En guise de préambule à cette dernière journée d’interrogatoire, le témoin a été amené par la défense de Laurent Gbagbo à égrainer tous ses sobriquets. C’est sous ces différents surnoms qu’il était connu à l’époque où il était membre du groupe paramilitaire, entre 2002 et 2011.
Afin de ne rien laisser au hasard, Emmanuel Altit, avocat principal de Laurent Gbagbo, s’est ensuite attaché à clarifier, avec le témoin, de nombreux détails de son récit. La défense est notamment revenue sur la chronologie des événements, commençant par la période de 2005-2006. Metch Metchro Moïse Harold Fabrice avait expliqué qu’à cette époque, le GPP avait dû faire « profil bas », et ce jusqu’aux élections de 2010. La raison ? Le comportement des membres du groupe paramilitaire « gênait beaucoup les autorités ».
GPP: une épine dans le pied du pouvoir
En effet, selon les dires du témoin, le GPP se rendait régulièrement coupables d’« exactions » relayées par la presse, tels des vols ou des rançonnements. Par ailleurs, des affrontements avec le syndicat des transporteurs puis avec la police avaient encore un peu plus terni la réputation du groupe, forcé de quitter Adjamé pour s’installer à Azito (Yopougon) en 2005. Mais, le témoin a par contre insisté : le GPP n’a été dissout officiellement qu’en 2007, suite à l’accord DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion).
Rebondissant sur ce thème, l’avocat de Laurent Gbagbo s’est étonné que, malgré ce passé de violence, les membres du GPP aient exigé les fonds promis aux combattants lors de ces accords. « Vous considériez qu’il était injuste que les rebelles reçoivent de l’argent et pas vous ? », a demandé Emmanuel Altit. « Oui », a répondu le témoin, précisant que la somme réclamée était de 500 000 FCFA par personne.
Les membres du Commando invisible étaient « insaisissables »
La défense s’est ensuite penchée sur les bombardements des hélicoptères français en avril 2011, alors que le témoin était basé au Palais présidentiel. L’avocat de Laurent Gbagbo a également voulu en savoir plus sur « le Commando invisible » et les « rumeurs » de présence de « mercenaires burkinabé » évoquées plus tôt par l’ancien numéro 2 du GPP. Mais, celui-ci n’a pas pu fournir de plus amples informations. Il s’est contenté d’expliquer qu’il n’avait pas lui-même combattu le Commando invisible. Les membres de ce « groupe dirigé par IB (Ibrahim Coulibaly) étaient presque insaisissables », a assuré le témoin, racontant comment ils se fondaient parmi les manifestants pour mener des attaques contre les forces de l’ordre.
Enfin, la défense a voulu interroger le témoin sur sa situation actuelle, et notamment son lieu de détention. Mais, le président de la Chambre a immédiatement coupé court à ces questions, rappelant qu’il était interdit d’aborder ce thème pour des raisons de sécurité.
En fin de journée, le bureau de la procureure a également eu l’occasion de réclamer des précisions sur les sujets abordés par les équipes de défense, notamment sur les relations entre les FDS et le GPP. Malgré les réticences des parties adverses, l’accusation a pu présenter au témoin un nouveau document. Il s’agit d’un listing de février 2011 comportant les noms des membres du GPP et d’autres milices voués à être intégrés dans les forces armées régulières. « C’est le seul membre du GPP qui sera appelé à témoigner », a expliqué Alexis Demirdjian, représentant du bureau de la procureure, pour justifier son recours tardif à ce document.
Au terme de ces trois semaines passées à La Haye, Metch Metchro Moïse Harold Fabrice a finalement été convié à prendre le chemin du retour. Un nouveau témoin devrait apparaître à la barre lors de la reprise du procès le 14 novembre.
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