Par Connectionivoirienne
L’appel de Sangaré Abou Dramane
Une nouvelle alliance portée sur les fonts baptismaux à l’occasion de la mise en place d’une nouvelle constitution en Côte d’Ivoire, a fait connaître ce lundi 17 octobre 2016, son plan pour contrer le projet du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Le Front du refus, c’est le nom que se donne pour l’instant cette organisation, a animé une conférence de presse à la Riviera Golf devant des journalistes et des dizaines de partisans.
On retient de leur analyse de la situation, telle que faite par Danièle Boni Claverie de l’Urd que le temps, en Côte d’Ivoire n’est pas propice à la création d’une 3e République.
Pour la conférencière principale, la constitution de 2000 consacre de grandes avancées démocratiques notamment l’institutionnalisation de la commission électorale et la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux, même s’il faut reconnaître, ajoute-t-elle, que l’article 35 portait en lui des germes conflictuels. Cette même constitution, affirme-t-elle encore, est l’aboutissement d’un processus démocratique. « Elle est auréolée d’une légitimité entière car elle est à tous égards l’émanation du peuple souverain », ajoute-t-elle.
Poursuivant sur sa lancée, Boni Claverie insiste sur le fait que malgré tout, la Côte d’Ivoire est en crise et cette crise perdure avec comme manifestations, notamment : – la fracture sociale qui ne cesse de grandir – la réconciliation en panne sèche par manque de volonté politique – des centaines de prisonniers politiques – la justice des vainqueurs – les expropriations et spoliations de biens – le chômage endémique – l’école malade…
A cela dit-elle, vient se greffer la violation permanente de la constitution par Alassane Ouattara alors qu’elle lui a servi de base pour s’asseoir dans le fauteuil présidentiel. Entre autres violations elle cite : – la contrainte à l’exil interdite par l’article 12 – la nomination unilatérale du président du Conseil économique et social – la présidence du Rdr en même temps que la fonction de président de la République.
S’attaquant maintenant à la nouvelle constitution, la conférencière a relevé que le projet de Ouattara présente des incongruités. D’abord la méthode qui a prévalu est, selon elle, inadaptée et antidémocratique parce qu’émanant de la seule volonté du chef de l’Etat. Ce projet est inopportun, toujours selon elle, parce qu’il « va à l’encontre des préoccupations des Ivoiriens et consacre un passage en force dans son adoption au pas de course ».
Entre autres griefs et incongruités, elle se demande comment un vice-président nommé jouisse de prérogatives que, seul le suffrage universel accorde. Elle dénonce aussi le fait que la CEI perde son statut d’organe institutionnel pour devenir « une simple administration manipulable à souhait ».
« Cette constitution porte en elle les germes d’implosion sociale en ce qu’elle garantit les biens acquis de tous ceux qui sont entrain de spolier les terres des Ivoiriens », affirme-t-elle.
Au terme de son analyse elle lance cet appel : « les organisations membres du front du refus appellent le peuple ivoirien a une prise de conscience sur les dangers que cette initiative fait peser sur la Côte d’Ivoire, à se débarrasser de la peur, de la passivité. (…) Ne nous taisons plus, brisons les chaînes du silence, faisons entendre notre voix… Disons non, non et non à cette constitution. »
SD à Abidjan
• L’appel solennel d’Abou Drahamane Sangaré
Ivoiriennes mes sœurs,
Ivoiriens mes frères,
Peuple de Côte d’Ivoire,
Ton pays est à la croisée des chemins. C’est au prix de la sueur et du sang que tu as obtenu le multipartisme, c’est par ton intelligence, ton abnégation et ta détermination que tu as obtenu la démocratie. Nous devons la protéger comme la prunelle de nos yeux.
Fiers Ivoiriens,
Le pays nous appelle. Le pays est en danger.
Notre démocratie est menacée, notre cohésion nationale déjà fragilisée risque de voler en éclats avec cette tentative de Monsieur Ouattara de réécrire l’histoire de la Côte d’Ivoire et de penser notre futur à notre place et par la force.
Notre pays attend toujours la réconciliation de ses filles et de ses fils. Le Président Laurent Gbagbo plane sur ce pays comme une ombre tutélaire et même absent, emprisonné injustement à la Haye, il demeure un point de référence fondamental. Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire va mal, très mal. Chacun sent l’imminence de graves dangers tandis que M. Alassane Ouattara veut distraire le peuple ivoirien avec un projet de nouvelle Constitution, funeste et dangereux. Un projet qui ouvre une page d’incertitude pour notre pays et qui ne fait qu’aggraver la fracture sociale. C’est le projet de la discorde, de la rupture sociale. Le seul effet durable de ce projet, s’il venait à être adopté par les Ivoiriens, serait d’accentuer la division de la population.
Ivoiriens, Ivoiriennes,
La Constitution n’est pas l’affaire des seuls hommes politiques qui, vous le savez, finiront par se réconcilier sur votre dos. Le débat sur ce projet est un débat de société qui conditionne le vivre ensemble. C’est un contrat social qui exige l’implication de tous.
La Constitution est notre sang, elle est l’âme de notre pays. Elle pénètre dans nos foyers, elle s’immisce dans notre intimité.
La Constitution a un propriétaire, c’est le peuple de Côte d’Ivoire et nul ne peut exproprier ce peuple sans qu’il n’ait son mot à dire. C’est tout le sens qu’il faut donner à notre réclamation d’une Assemblée constituante pour l’élaboration et l’adoption de ce projet. M. Alassane Ouattara qui gouverne la Côte d’Ivoire selon son bon plaisir a refusé de lui donner la parole, a refusé d’entendre les propositions de l’Opposition, ce qui est antidémocratique.
Ivoiriens, Ivoiriennes,
Nous n’avons pas un pays à détruire mais à construire ensemble. Le moment est venu de dire « Stop, ça suffit ! ». Alors, ensemble, agissons et transformons ce mot en action.
C’est pourquoi, j’appelle, avec les organisations, les personnalités politiques et de la Société civile et les Démocrates de tous bords, au rassemblement dans ce Front du Refus. Pour participer massivement à la Marche du refus de l’humiliation du peuple de ce jeudi 20 octobre à partir de 07h. Marche de la dignité et de l’honneur retrouvés du Peuple ivoirien.
Ivoirien mon frère,
Ivoirienne ma sœur,
Lève-toi courageusement ! L’heure de la mobilisation a sonné ! Le temps n’est plus à la peur, au repli sur soi, à la résignation. La victoire marche toujours vers un peuple mobilisé et déterminé à défendre les mains nues, sa dignité et sa liberté. Le devoir de silence de la majorité des Sans-voix fait place au devoir d’engagement, de conviction et de détermination.
La Côte d’Ivoire vaut bien un tel combat. Ce pays nous a tout donné. A nous de mettre en pratique cette conviction de John Fitgerald Kennedy : « Ne demandez pas ce que le pays a fait pour vous, mais demandez ce que vous avez fait pour le pays ».
OUI, Fiers Ivoiriens,
Le pays nous appelle.
Nous devons répondre à cet appel.
Tous dans la rue ce jeudi 20 octobre pour une marche de la paix, de la dignité et de la liberté !
Nous vous faisons confiance et nous vous attendons !
Dans la lutte et dans l’espoir, la liberté vaincra !
Fait à Abidjan, le 17 octobre 2016
Pour le Front du Refus
Abou Drahamane Sangaré
Président du FPI
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