Camille Dubruelh Ivoirejustice
La prudence était de mise pour la fin de l’interrogatoire du témoin de l’accusation ce vendredi 30 septembre à la Cour pénale internationale. Pour ne pas risquer de révéler l’identité de P-238, la quasi-totalité des questions de l’équipe de défense de Charles Blé Goudé a été posée à huis clos partiel.
Seule une très mince partie des discussions était audible aujourd’hui au procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. L’interrogatoire de la défense est donc apparu un peu décousu, certaines questions posées en public faisant l’objet de réponses à huis clos partiel et vice et versa. Pour le dernier volet de son interrogatoire, la défense de l’ancien président ivoirien a voulu en savoir plus sur le rôle des militaires de la force Licorne lors de la crise postélectorale. Andreas O’Shea, l’un des avocats de l’accusé, a notamment demandé si « les soldats français assistaient les rebelles ». « On nous disait qu’ils leur fournissaient des armes », a répondu le témoin. Pour autant, P-238 dit n’avoir jamais vu de « soldats blancs » combattre auprès du Commando invisible.
Il a par ailleurs été question d’un document, provenant du Journal officiel et portant sur la liste des officiers promus en 2014. L’avocat a demandé au témoin s’il reconnaissait certains noms parmi ces promus. P-238 a confirmé que certains d’entre eux étaient membres du BASA lors de la crise postélectorale, à l’instar de Williams Koiho Sam ou encore Tago Nado Patrice. Par ailleurs, il a expliqué que deux autres de ces noms correspondaient à ceux d’anciens rebelles, Koné Zakaria et Ouattara Issiaka, ce dernier étant devenu le commandant en second de la Garde républicaine.
Autres officiers évoqués lors de l’audience d’aujourd’hui, le général Detoh Letoh. L’avocat a voulu savoir quel avait été l’impact de sa désertion sur les éléments des forces armées. « Beaucoup ont perdu courage », a admis le témoin, précisant qu’il avait « très étonné » de le voir partir après tant de temps passé à encourager ses hommes. Avant sa défection « il nous disait : allez-vous battre ! », a raconté P-238.
Seul thème public de l’interrogatoire de la défense de Charles Blé Goudé, la « nature du combat » mené par la rébellion lors de la crise postélectorale. « Vous avez fait référence à l’ennemi qui n’était pas habitué à combattre. Dois-je comprendre que ce n’était pas une force conventionnelle ? » a demandé Geert-Jan Alexander Knoops, avocat principal de l’accusé. « Pour moi, c’était pas des militaires », a confié le témoin, se référant à des actes de sabotage notamment. P-238 a de nouveau évoqué la manière dont les combattants « se cachaient près des maisons » pour tirer en pleine nuit sur les unités des Forces de l’ordre qui se rendaient au commissariat d’Abobo. Tout sourire, selon les dires du président de la Chambre, P-238 a remercié la Cour avant de quitter les lieux. L’audience reprendra lundi matin avec un nouveau témoin à la barre.
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