CPI – Côte d’Ivoire: Le BASA, l’une des dernières unités fidèles à Gbagbo affirme le témoin caché P238

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Camille Dubruelh Source: Ivoirejustice

Le bureau de la procureure a poursuivi son interrogatoire, ce mercredi 28 septembre, à la Cour pénale internationale (CPI). P-238 a répondu à des questions sur le stockage des armes du Bataillon sol-air (BASA), ses positions stratégiques et ses missions lors de la crise post-électorale. Mais entre huis-clos partiel et problèmes techniques, le public n’a pas eu accès à l’intégralité des débats.

Suite aux déclarations du témoin hier, le substitut de la procureure a souhaité en savoir plus sur les vérifications des armes du Bataillon sol-air (BASA), menées par la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire. P-238 avait en effet évoqué la dissimulation d’une partie des munitions lors de ces vérifications. Le témoin a donc précisé que, sur ordre du chef de corps, le colonel Dadi, des éléments du BASA emportaient une partie des munitions en dehors du camp avec les véhicules et y revenaient une fois les inspecteurs partis.

Le substitut de la procureure s’est ensuite intéressé à l’organisation du BASA pendant la crise post-électorale. Selon le témoin, un centre des opérations, dirigé par le colonel Dadi, avait alors été mis en place afin de gérer les différentes positions de ses hommes. Lors des événements, le BASA tenait plusieurs positions statiques et mobiles à Abidjan, une patrouille était notamment postée au niveau du carrefour Marie Thérèse Houphouët Boigny, près de l’Hôtel du Golf, afin de maintenir le blocus contre le quartier général d’Alassane Ouattara.

Les derniers fidèles de Laurent Gbagbo

D’autres éléments stationnaient ailleurs dans la ville : au domicile du chef de corps, à la RTI, devant la prison civile Maca, au camp commando d’Abobo ou encore devant la résidence et le palais présidentiel. Outre ces positions fixes, les éléments du BASA menaient des « patrouilles de dissuasion », pour « faire respecter le couvre-feu » par exemple. « On sortait le matériel, on faisait des rames », avec les véhicules armés de canons de 20 mm notamment, raconte le témoin. Des opérations avaient aussi lieu à Abobo. « Il y avait une résistance. Il fallait les dénicher et essayer de sécuriser Abobo », explique P-238. « Quelles étaient les instructions ? » demande alors Eric MacDonald, le substitut de la procureure. « Il fallait utiliser les armes si les gens utilisaient les armes. On était obligés de riposter », explique le témoin.

En fin de matinée, P-238 a également évoqué la fin de la crise post-électorale et la défection de certains officiers, à l’instar du général Philippe Mangou, Etat-major des armées et du général Detoh Letoh, commandant de l’armée de terre. Suite au départ du premier, c’est le colonel Konan Boniface qui a pris les rênes des dernières unités qui combattaient pour Laurent Gbagbo a expliqué P-238, faisant référence au BASA, à la Garde républicaine et à la Marine. Le témoin a ensuite énuméré les derniers officiers « loyaux » à l’ancien président : les colonels Dadi et Konan Boniface, les commandants Abehi et Dogbo Blé. « C’était des militaires, c’était des fidèles », justifie-t-il.

Suite à un problème technique, la galerie publique n’a pas eu accès aux discussions cet après-midi : pas d’informations donc, sur les derniers échanges entre P-238 et le substitut de la procureure. L’interrogatoire du témoin devrait reprendre demain avec les questions de la défense de Laurent Gbagbo.

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