La Cour criminelle a, après huit heures de délibération, prononcé,jeudi (18 aout) de lourdes peines allant de 3 à 15 ans, contre les prévenus abolitionnistes. Ce verdict jugé trop sévère a été énoncé sans la présence du public.
Le troisième vice président de IRA, Diop Amadou Tidjane, Moussa Biram et Abdallahi Sow écopent de peines de réclusion de 15 ans.Tandis que Balla Touré, secrétaire aux relations extérieures, le trésorier Mohamed Hamar Vall et le chargé de communication Hamady Lehbouss sont condamnés à 5 ans de prison ferme. Enfin, une peine de trois ans a été infligée à Lô Ousmane, Abdallahi Matala Saleck, Abdallahi Abou Diop, Mohamed Daty, Anne Ousmane, Khattry Rahel, Jema Bleil et Mohamed Jarallah. Les abolitionnistes, qui avaient refusé de formuler des vœux sur demande du président de la Cour criminelle, ont été condamnés suite au retrait sur leur demande de leurs conseils, en guise de protestation contre les violations récurrentes de la loi présageant d’un procès inéquitable. La cour avait commis d’office des avocats que les prévenus avaient récusés. Ces derniers n’ont fait aucune déclaration jeudi soir après l’énoncé du verdict.bLe procureur accusateur avait requis 20 ans de prison. Tandis que la partie civile avait réclamé 78 millions d’Ouguiyas des dommages pour préjudice subi par leurs clients.
«Que les condamnations aient été d’un jour ou de vingt ans ne change rien, car nous avions affaire à un procès politique dont la finalité est connue, mater le mouvement IRA par justice interposée », dira Me El Id Mohameden, l’un des avocats de la défense, lors d’une conférence de presse tenue au FONDAH, jeudi soir. Sur les dix habitants de la gazra inculpées pour les mêmes motifs que les abolitionnistes, six ont été condamnés à des peines allant de un à trois ans de prison ferme. Les quatre autres ont été acquittés. Les avocats relèvent un fait inédit : «les dix personnes membres des familles déguerpies de la Gazra située en face de l’hôpital de la fondation Bouamatou, prises pourtant en flagrant délit pendant les évènements incriminés, soient acquittées et que ceux qui avaient été cueillis individuellement à leur domicile soient lourdement condamnés».
Réagissant à ce qu’il qualifie de « parodie de justice », le collectif des avocats des prévenus de IRA a dénoncé le jugement,expliquant que toute possibilité de recours leur a été refusée en raison de leur boycott.
«La Cour a rejeté toute introduction de recours dans cette affaire invoquant le boycott des audiences par les avocats», cela signifie «qu’on n’est plus dans le cadre de la justice», a expliqué l’avocate Fatimata Mbaye.une première dans les annales des greffes, dira Me Gourmo Lô.
«Il s’agit d’une condamnation hors-la-loi, qui explique bien qu’on est dans une parodie de justice», a assuré Me Lô.
Quant à Me Brahim Ould Ebetty, il indiquera que le collectif des avocats se réunira prochainement «pour dégager une stratégie de défense» en faveur des condamnés, qui sera menée «à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Nous disposons de plusieurs recours et de plusieurs moyens pour faire rétablir le droit. C’est notre combat mais aussi celui de chaque Mauritanien ». Il n’a pas fourni de détails.
Les familles et les proches des prévenus qui dénoncent un «procès politique», avaient été empêchés d’accéder, jeudi matin,nau palais de justice par des forces de police.
Diko Diko
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