Par BAYO Lynx
La région du Bafing représente une ‘ceinture verte’ entre la savane au Nord et la forêt au Sud. Cette région semi boisée est au dessus de la ligne imaginaire du 8è parallèle. Et là, la végétation doit être surveillée comme de l’huile au feu. Mais malgré tout, des comportements à risque sont observés un peu partout sans que l’Etat ivoirien prenne des mesures draconiennes.
Et le désert avance à grand pas, les pays dits forestiers à l’image de la Côte d’Ivoire sont davantage dans le viseur de ce phénomène destructeur. Grand espace rugueux dépourvu de toute vie animale et végétale, le désert Sahara couvre 50 millions de km2, soit le tiers environ de la surface du continent. Qu’il soit situé en Afrique, ou encore en Amérique ou en Asie, le désert a pour points communs la rareté des pluies et la forte présence de la chaleur. Seuls les oasis sont quelque peu humides.
Et pourtant, des études géologiques révèlent que le désert fut par le passé une région relativement humide. Que s’est-il donc passé ? Pourquoi la Côte d’Ivoire n’est-elle pas à l’abri de ce danger à priori naturel ? Plusieurs regards croisés permettent d’en savoir un peu plus.
Raisons et conséquences de l’avancée
La désertification est essentiellement d’origine humaine. Selon le capitaine Silué Lamissa, chef de cantonnement des Eaux et Forêts du département de Ouaninou (région du Bafing), « la chasse au gibier, les feux de brousse et les mauvaises habitudes culturales risquent d’anéantir le couvert forestier de notre pays et faire de la Côte d’Ivoire une proie facile au désert et à la famine ».
Au cours d’un entretien réalisé en mai 2016, le capitaine a estimé que « dans le Bafing, la brousse est brûlée trois fois par an, de sorte que la végétation et le sol se dénudent et s’appauvrissent ». En plus de ces causes fondamentales, Djan Evariste de la direction des Eaux et Forêts de Touba accuse « les exploitants forestiers illégaux ».
Pis, l’eau des rivières et des océans est polluée et asséchée par l’action de l’homme. Tous ces spécialistes de l’eau et de la forêt sont à la fois unanimes et formels quant aux conséquences de la déforestation et des feux de brousse : « Notre pays perd chaque année plus de 21 milliards de CFA et 207.000 ha de sa forêt. Alors qu’en 1960 notre pays disposait de 16 millions d’ha de forêt, nous n’en avons que 2 millions aujourd’hui.
A ce rythme, le pays risque la désertification en 2050», préviennent-ils. La violence de l’harmattan, le changement climatique et le caractère irrégulier des pluies ces dernières années en Côte d’Ivoire sont à mettre au compte du désert qui se rapproche des frontières ivoiriennes via le Mali et le Burkina Faso.
Comment freiner le désert
La sauvegarde des aires protégées, l’arrêt des feux de brousse et de la déforestation anarchique figurent parmi les solutions. Il faut également faire du reboisement intensif et éviter les cultures sur brûlis. S’il faut saluer la démarche de l’actuel ministre de tutelle, le manque de volonté politique était souvent dénoncé par une certaine frange de l’opinion qui estimait que « l’Etat et le ministère de tutelle sont très peu préoccupés » par la question de la préservation de la forêt même si la date du 11 août est décrétée « jour de la célébration de l’Arbre ».
Curieusement, des témoignages continuent d’attester que des agents des Eaux et Forêts eux-mêmes se font souvent complices des scieurs à façon illégaux. Le salut de la Côte d’Ivoire se trouve certainement dans l‘avènement d’une conscience nationale et d’une mentalité favorable à la protection de la nature. Sans quoi, toute la végétation risque de se voir bientôt désertifiée.
BAYO Lynx, à Touba
Commentaires Facebook