Lu pour vous
Par Sékou Oumar Diarra
J’étais, ce matin [21-06-2016], dans une salle de classe, en qualité de surveillant, dans le cadre de l’effectuation des épreuves écrites du BEPC. J’avoue que ce qu’il m’a été donné de constater et de voir sur les copies de nos apprenants, m’a plongé dans un effroi insondable. On peut oser l’expression, c’est la licence scripturale, les normes grammaticales et orthographiques sont violentées avec une inconscience et un certain confort que j’ai du mal à cerner. Sans attiger, certains candidats avaient du mal à reproduire leurs noms , prénoms et dates de naissance sur leurs copies en respectant la graphie figurant sur leurs propres pièces d’identité.
Vraiment inquiétant!
Ma crainte va grandissante quand je pense aux nouvelles mesures qui viennent d’être arrêtées dans l’enseignement secondaire, régissant les passages en classes supérieures, les redoublements et les renvois qui n’existent pratiquement plus. Il ne reste plus qu’à supprimer les évaluations faites par les enseignants, seul moyen de jauger de la valeur réelle des apprenants à l’effet d’apporter les remédiassions nécessaires.
Sur ce point, j’en appelle à la vigilance du chef de l’État lui-même, afin qu’il revisite ou reconsidère certaines décisions qui sont prises dans le cadre scolaire sans consulter les véritables acteurs de l’éducation que sont les enseignants. Je souhaite vivement qu’il demande qu’on lui apporte certaines copies. Cela lui permettra certainement de prendre la pleine mesure de l’acuité du problème, du carnage intellectuel qui est en train d’être orchestré devant les regards complices de tous et les dangers réels qui guettent le pays.
Car, une éducation bâclée baignant dans une atmosphère paillarde est une nation perdue à jamais, dans la mesure où les véritables piliers sur lesquels reposent le développement et la prospérité d’un pays sont, sans contredit, la santé et l’éducation.
Certes, le credo aujourd’hui en Côte d’Ivoire, c’est l’économie sur l’autel duquel tout est quasiment sacrifié. Mais ce sont des citoyens bien éduqués et bien formés dans le cadre d’un enseignement de qualité en congruence avec les standards internationaux qui sont capables de produire une économie performante et relever les défis du progrès pour le bien-être de tous. Il ne sert à rien de chercher à faire plaisir aux parents d’élèves en leur brandissant des performances manipulées qui sont loin d’être celles de leurs rejetons, en leur faisant croire que tout va bien à travers des passages massifs dans les classes supérieures, en distribuant à la pelle des diplômes qui sont à des distances stratosphériques des rendements réels des élèves, voilant ainsi les problèmes de fond. On ne guérit pas le diabète en administrant des quantités inobjectivables de sucre au malade. La thérapie doit être adaptée au mal en vue du succès. C’est mon coup de gueule de ce soir.
Dieu nous garde!!!
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