Une tribune internationale de Franklin Nyamsi
Professeur agrégé de philosophie, Paris, France
Le 5 décembre 2015 au soir, nous dénoncions avec fermeté et courage, l’imposture[1] organisée contre la seconde personnalité de l’Etat de Côte d’Ivoire par celui qui était alors Premier Ministre du gouvernement de Transition du Burkina Faso, le Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida. Le complot des pseudo-écoutes téléphoniques avait désormais, pour nous, un auteur officiel, dès lors que Yacouba Isaac Zida, sur les ondes de Radio Oméga à Ouagadougou, en assumait la pleine paternité avec arrogance et cynisme affichés[2]. La tête du serpent de la cabale anti-Soro, affirmions-nous, était désormais écrasée sous le talon de l’Archange Michel, symbole de la justice immanente universelle. Comment le monde médiatico-politique réagit-il à notre mise au point ? Dans bien des chaumières, nous reçûmes blâmes et imprécations fulminantes des bien-pensants[3] de tous bords. On nous traita de tous les noms de palmipèdes, parce que nous avions heureusement trouvé les mots justes pour démasquer l’ignominie rampante d’alors. « Raspoutine de Guillaume Soro » ; « Intellectuel du ventre » ; « Intellectuel rebelle » ; « Buveur de sang » et autres incongruités du même genre. Tout y passa. Qui étions-nous, hurlaient les suiveurs excités du Balai Citoyen burkinabé, pour oser porter la contradiction au gardien de la « révolution populaire d’octobre 2014 »[4] ? De quel droit pouvions-nous critiquer vertement le premier ministre du Burkina Faso, nous pauvre ressortissant du Cameroun, fils adoptif en errance de la Côte d’Ivoire et de la France ? Mieux encore, nous disait-on : comment pouvions-nous nier ce qui semblait alors comme une évidence, à savoir l’implication supposée du président Guillaume Soro dans la guéguerre politique burkinabé ? Comme l’a si bien dit le chef du parlement ivoirien, « Nos ennemis ont la montre, mais nous avons le temps ». Nous avons calmement ténu bon dans la tempête, fidèle au tempérament persévérant du chef de notre génération politique africaine. N’est-il pas justement temps de jeter un regard sur le chemin parcouru dans l’affaire en question ? La présente tribune est consacrée à faire le bilan du parcours du principal organisateur du complot anti-Soro, lancé sur les ondes dès le 12 novembre 2015 avec force tapage et tintamarre médiatico-politico-judiciaires. Nous montrerons comment s’est accomplie notre analyse prophétique[5] sur : 1) La réalité sociopolitique qui a fabriquée Yacouba Isaac Zida ; 2) La pratique politique hautement corrompue du gouvernement de transition Kafando-Zida ; 3) Le discrédit, la descente aux enfers et bientôt la mise aux arrêts inéluctablement promis au principal organisateur de la chienlit entre les Etats frères du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire.
I
La pré-fabrication politique de Yacouba Isaac Zida : un malheureux concours de circonstances
Officier issu du Régiment de Sécurité Présidentielle, dont il était le commandant en second, rien ne destinait le Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida à jouer un rôle politique de premier plan dans son pays. Militaire classiquement formé, il est un parfait inconnu, jusqu’au 31 octobre 2014, au bataillon des luttes syndicales burkinabé, des engagements politiques ou du débat politique au Burkina Faso. On ne connaît pas non plus Zida dans la sphère des idées politiques. Rien à chercher de ce côté, où règne un calme plat, attestant d’un manque évident de vision politique. Dans les archives de Zida, on ne trouve même pas un brouillon de pensée pour le Burkina ou l’Afrique dans le monde. Zida, c’est un officier bien ordinaire, cadre de son armée, grâce aux institutions modernes créées et développées notamment sous la direction éclairée du président Blaise Compaoré, acteur majeur de la Constitution de 1991. S’il a eu quelques stages de formation à l’étranger, dont aux Etats-Unis, comme beaucoup d’autres officiers burkinabé de son grade, ce n’est pas parce qu’il a une particularité exceptionnelle que ses promotionnaires n’auraient pas. Zida est le produit de la modernisation des forces armées du Burkina Faso sous le magistère du président Blaise Compaoré. Comme la quasi-totalité des officiers de son grade dans le Burkina Faso actuel.
Mais comment Zida se retrouve-t-il donc à la tête du Burkina Faso le 31 octobre 2014 ? L’on sait aujourd’hui que trois facteurs concomitants expliquent son surgissement. D’abord, le soutien décisif de son régiment d’origine, le RSP, craint et respecté dans l’armée burkinabé d’alors, et qui récuse ouvertement après la démission du président Compaoré, la prétention du Chef d’Etat-Major des armées, le Général Honoré Nabéré Traoré, d’assumer les plus hautes fonctions de l’Etat burkinabé. L’Histoire retiendra que c’est parce que Nabéré Traoré, encerclé physiquement par les hommes du RSP, savait que ses carottes étaient cuites, qu’il a cédé le pouvoir à l’homme d’alors du RSP, Yacouba Isaac Zida, le 2 novembre 2014. Le sort du Général Kouamé Lougué, un temps réclamé par une partie de la foule comme Chef de l’Etat, ne fut pas différent. Il n’avait aucune division de l’armée derrière lui, le bouillant officier abron. Ensuite, le second facteur de l’apparition de Zida aux devants de la scène politique burkinabé réside dans son copinage avec les manipulateurs de foules du Balai Citoyen – Smockey, Samk’s le Jah, Hervé Kam et autres membres de la même pègre – qui lui promettent de cautionner sa prise de pouvoir en lui garantissant l’adhésion des foules mobilisées en option de chair à canon contre le régime Compaoré et le Général Nabéré Traoré. Enfin, Zida apparaît aux devants de la scène burkinabé précisément parce que contrairement à Diendiéré, à Kéré, ou même à Nabéré Traoré, il est un soldat inconnu, que la foule et les partis politiques peuvent considérer comme un moindre mal devant les autres sécurocrates traditionnels du régime Compaoré.
Pour conclure ce premier point, disons-le donc tout net : l’accès au pouvoir de Zida, en début novembre 2014, est le résultat d’un malheureux concours de circonstances, favorisé par ses accointances financières avérées avec les groupes de pyromanes disséminés dans la société civile burkinabé. Pré-fabriqué par des circonstances, comment s’étonner que Zida, tout au long de son exercice du pouvoir d’Etat au Burkina Faso, excelle dans la fabrication non seulement d’une pseudo-gouvernance, mais aussi de bouc-émissaires controuvés et d’un processus électoral biaisé pour préparer un retour à la Poutine à la tête de l’Etat ? Voyons à présent de près le jeu de l’homme avec l’Histoire, en nous souvenant profondément d’une prophétie du Président Blaise Compaoré depuis son exil, à propos de Zida : « Il joue un rôle que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi ».
II
Zida au pouvoir ou les trois trahisons de Judas
Je compte à présent établir que Yacouba Isaac Zida a exercé le pouvoir au prix d’une triple trahison[6] : trahison d’une bonne partie du peuple burkinabé qui a cru en ses vertus de sauveur, trahison de l’armée burkinabé et notamment du RSP qui avaient misé sur Zida dans l’espoir d’une transition inclusive et exemplaire, trahison envers la génération africaine dont le président Guillaume Soro est l’incontestable leader.
Zida a trahi le peuple burkinabé, notamment ceux d’entre les burkinabé qui avaient cru trouver en lui les éléments de leur fantasme politique : un homme neuf, vierge, prêt à servir le pays avec dévotion et désintéressement. Neuf ? Zida ne l’était pas, même s’il s’est évertué à passer pour. On ne peut pas faire partie de la garde prétorienne du Chef de l’Etat pendant de longues années et prétendre ensuite qu’on se désolidarise de son bilan politique, social, culturel et économique. Zida est un militaire du sérail forgé par l’œuvre architecturale du président Blaise Compaoré. Tous ceux qui ont cru, en Zida, trouver l’anti-Compaoré, ont donc fui la pluie pour se cacher dans la rivière. Mais il y a mieux. Zida ne faisait pas partie des officiers en qui le président Compaoré plaçait la moindre espérance ou estime. La raison en est simple, je vous la donne : le président Compaoré ne connaissait tout simplement pas Zida ! Attaché à gérer le Burkina Faso comme un Etat moderne, le président Compaoré s’adressait essentiellement aux Chefs des différents corps de son armée, qui transmettaient à leur tour leur instruction à leurs subalternes. Votre serviteur qui écrit ces lignes, a eu l’insigne privilège de passer des journées entières avec le président Blaise Compaoré. Mais Zida, de toute sa carrière, n’aura même pas une minute d’entretien personnel avec le président du Faso de 1987 à 2014 ! Le peuple burkinabé, dans sa totalité a été en outre floué par Zida parce que l’homme a exactement fait tout le contraire de ce qu’il disait : détournements massifs de milliards, parcelles de terrain achetées à vil prix en plein Ouagadougou pour lui et ses proches, exclusion instrumentale du CDP du processus des élections présidentielles afin de détourner l’attention des burkinabé sur l’ancien régime pendant qu’il s’en foutait plein les poches…
Zida a froidement trahi ses camarades du Régiment de Sécurité Présidentiell , mais aussi la totalité de l’armée burkinabé parce que c’est lui qui a exacerbé l’opposition entre les hommes du Général Diendéré et le restant de la troupe, en présentant ostentatoirement et cyniquement les uns comme les ennemis des autres. Comment ? On sait aujourd’hui par de nombreux témoignages publics que dans la journée, Zida proclamait son attachement au démantèlement soi-disant républicain du RSP, alors que la nuit, Zida appelait certains soldats du RSP pour leur jurer qu’il voulait la pérennisation de leur corps d’élite. « Diviser pour mieux régner », n’est-ce pas l’art auquel excelle celui qui n’a pas hésité à faire bombarder ses propres camarades de corps, en sachant que dans leur camp, il y avait risque de mort de femmes, d’enfants et de civils de toutes extractions ? Que penser de son bombardement complaisant par Michel Kafando, sans coup férir au grade de général de division, lui qui n’est même pas passé par les exigences des grades de Colonel plein ou de Colonel-major ? Les suspicions qui nuisent aujourd’hui encore à la cohésion de l’armée burkinabé ne sont-elles pas dues au travail de sape de l’administration Zida qui voulait en l’espace d’une année, faire de toute l’armée burkinabé une milice à la solde de Zida ?
La troisième trahison de Zida, et non des moindres, a été perpétrée contre sa génération africaine, notre génération africaine, dont le président Guillaume Soro est l’incontesté leader. Faut-il rappeler que dès janvier 2014, le président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire s’est consacré à proposer à ses frères burkinabé de faire la paix entre eux comme les Ivoiriens eux-mêmes étaient venus faire la paix entre eux à Ouagadougou à travers l’accord historique de 2007 ? Alors que Guillaume Soro proposait ses bons offices de paix, c’est à coups d’injures et de calomnies que les futurs maîtres de Ouagadougou, du temps de leur opposition et depuis leur arrivée au pouvoir, lui ont répondu. On se souvient encore des saillies de dame Saran Sérémé et du professeur Etienne Traoré, tous accrochés tels des sangsues à leurs frontières coloniales, au nom d’un nationalisme suranné dont ils se sont servi comme alibi pour tous les outrages symboliques contre la seconde personnalité de l’Etat de Côte d’Ivoire. Le complot des pseudo-écoutes téléphoniques, monté par Zida et lancé dans les médias le 12 novembre 2015, n’était dès lors que la suite logique d’une stratégie de diversion dont nous connaissons à présent tous les tenants et aboutissants. Ce faisant, Zida a brisé le cordon de fraternité qui le liait à la Côte d’Ivoire et à l’Afrique francophone, dont Guillaume Soro incarne incontestablement la relève politique et l’excellence générationnelle.
Nous pouvons à présent conclure ce second point : les trois trahisons de Zida contre son peuple, contre l’armée burkinabé et contre la génération africaine patronnée par le président Guillaume Soro étaient des signaux avertisseurs d’une véritable ruine personnelle, née d’une ambition désordonnée et démesurée contre son époque. On sait avec précision pourquoi Zida a fait tout ce qu’il a fait, dès lors qu’on connaît son veau d’or : prendre le pouvoir pour amasser inconsidérément de l’argent. Que ceux qui en doutent lisent bien la suite. Les autres la connaissent.
III
La ruine bien cocasse du polichinelle Zida
L’ambitieux Zida s’est ruiné en quatre épisodes qu’il nous plaît à présent de nommer et de décrire : 1) En prenant le pouvoir pour l’argent et non pour servir le peuple burkinabé ; 2) En organisant et cautionnant l’exclusion d’une partie de ses compatriotes du processus « démocratique » burkinabé ; 3) En choisissant comme bouc-émissaire un éminent serviteur et ami du Bien Commun des Ivoiriens et des Burkinabé, le président Guillaume Soro ; 4) En fuyant cette même justice burkinabé à laquelle il aurait bien voulu soumettre le Chef du Parlement Ivoirien, Guillaume Kigbafori Soro.
Il est désormais établi que dès sa prise de pouvoir en novembre 2014, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida et ses acolytes ont mis un point d’honneur à piller les caisses du trésor public burkinabé. Les conclusions de l’audit de la Transition, dirigé par le professeur Augustin Loada, ont été en ce sens convaincantes et objectives, concluant à un manquant de près de 87 milliards de francs cfa dans le Trésor Public du Burkina pris en main par le duo-Kafando-Zida[7]. Les dernières déclarations du Président actuel du Faso, Roch Christian Kaboré, sont encore plus assommantes. Le Chef de l’Etat burkinabé confirme que Zida est un falsificateur de comptes bancaires, un détourneur de fonds publics et un fieffé fabricateur de fausses preuves. Qui n’en sait pas quelque chose depuis la bande téléphonique traficotée qu’il nous a servie le 12 novembre 2015 dans les médias ? Faux, usant du faux et amateur de faux, Zida n’a d’yeux que pour les espèces sonnantes et trébuchantes qu’il a amassées sans pitié ni vergogne, dans l’un des pays les plus pauvres de la planète ! Ce faisant, Zida a perdu tout espoir de voir la rue burkinabé fantasmer encore un jour autour de son nom…
Zida s’est ruiné en se mettant à dos une bonne partie de l’armée et la totalité des membres de l’ancien parti au pouvoir, le CDP du président Blaise Compaoré. Un parti qui a ténu le pays pendant 27 ans n’est pas un feu de paille. L’humilier, l’embrigader, l’exclure du jeu politique est suicidaire pour un officier à peine rompu aux rudes exigences du kung-fu politique. Mieux encore, il a malheureusement échappé à Zida que le MPP, aujourd’hui au pouvoir, est entièrement issu des rangs du CDP du président Blaise Compaoré. Maltraiter les militants du CDP comme cela a été le cas pendant la période de Transition, c’était prévenir maladroitement ceux du MPP de la férule de fer qui les attendait si le même Zida jouait un rôle éminent dans leur nouvelle majorité au pouvoir. Le proverbe baoulé le dit si bien : « Quand tu manges la main du singe, n’oublie pas de contempler de temps en temps la tienne »…Quand Zida maltraitait le CDP, le MPP qui ne s’en plaignait pas, en profitait sûrement pour prendre ses précautions envers ce bourreau cynique.
Zida s’est ruiné en offrant pour bouc-émissaire aux Burkinabé, aux Ivoiriens et aux Africains en général, un homme d’Etat de haute stature, que les Burkinabé conscients de l’Histoire aiment, que l’immense majorité des Ivoiriens affectionnent, et que toute l’Afrique lucide respecte à son éminente valeur : Guillaume Kigbafori Soro. N’est-ce pas lui qui a donné sa poitrine pour défendre les Ivoiriens et les Burkinabé exclus et maltraités en Côte d’Ivoire, comme d’autres Africains, sous le régime barbare de Laurent Gbagbo ? N’est-ce pas Guillaume Soro, compris et soutenu en ce sens par le panafricanisme actif du président Blaise Compaoré, qui a conduit aux côtés de son adversaire-ennemi Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire à la paix des braves en mars 2007 à Ouagadougou ? N’est-ce pas Guillaume Soro, le parlementaire que l’Afrique, la ligue afro-arabe, l’assemblée parlementaire de la francophonie, honorent de leur confiance institutionnelle, après ses années militantes, ses années résistantes, ses années ministérielles et devant son incontestable succès actuel de parlementaire moderniste et panafricain ? Comment un premier ministre éphémère et fugace comme Zida pouvait-il rêver de ne faire qu’une bouchée de Guillaume Soro comme on l’entendait en parler sur Radio Oméga FM le 4 décembre 2015 à Ouagadougou ?
Enfin, la suprême cerise sur le gâteau de la honte cuisiné par Zida pour sa propre dégustation, c’est sa volonté délibérée d’échapper à cette même justice burkinabé à laquelle il rêvait bruyamment d’assigner le président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. Voici donc que la même justice demande à Zida de venir rendre compte et gorge de la gabegie de sa Transition corrompue. L’homme se débine en prétextant, en février, une visite familiale au Canada. Voici donc que le Chef Suprême des forces armées du Burkina Faso en personne, le président Roch Kaboré, somme le « général » Zida de rejoindre sa base à Ouagadougou, après l’avoir débarrassé du fantasme d’un poste d’ambassadeur à Washington. Notre Zida se défausse encore, recourant cette fois-ci à la maladie de Patoche, ou aux ruses du malade imaginaire de Molière. Il sollicite une « évacuation sanitaire », alors qu’il s’est déjà évacué lui-même au Canada, alors même qu’il était en bonne santé. N’est-il pas vrai que la prise de conscience soudaine de sa triple trahison peut être pour lui source de dépressivité ? A moins que l’homme ne prenne bientôt ses quartiers dans un hôpital psychiatrique pour obtenir rétrospectivement une preuve d’handicap grave, maintenons que nul ne peut, au demeurant, se prévaloir de ses propres turpitudes.
Ainsi s’achèvent les carrières surfaites. Zida est un polichinelle en fin de course. Qu’y a-t-il toutefois de cocasse, je veux dire d’amusant dans ce personnage ? Il nageait et croyait son dos caché aux riverains de tous bords. Zida, boribana ! Désormais, il sait qu’on sait ce qu’il croyait être le seul à savoir. Désormais, il se voile la face, croyant dans cette parade ultime, échapper à la fin annoncée de ses carottes. Le philosophe français Jean-Paul Sartre évoque dans son célèbre essai, L’Etre et le Néant, publié en 1943, cette conduite de Zida sous l’expression de « la foi de la mauvaise foi », manifestée par le garçon de café qui joue tellement au garçon de café qu’il finit par en oublier qu’il est forcément autre chose, en tant qu’être libre. Zida, tel le garçon de café de Sartre, a voulu jouer au traître parfait. Le problème c’est qu’il était le seul à croire en sa fiction. Sa ruine, annoncée dans son nouveau statut de « déserteur militaire » – terme employé par le président Roch Kaboré pour nommer le « général » fuyard – le rappellera bientôt au dernier boomerang qui l’attend. Lequel, me diriez-vous ? Je vous réponds d’une phrase : pour ses énormes détournements avérés de fonds publics, le Burkina Faso a parfaitement l’occasion d’adresser à l’encontre de Yacouba Isaac Zida, un vrai mandat d’arrêt international, sans la moindre connotation politicienne. Là, au moins, la justice burkinabé n’aura pas de temps, de salive et d’encre à perdre. C’est tout le mal que je lui souhaite. Non pas de croire que ses rêves d’hier seront ceux de la justice ivoirienne d’aujourd’hui[8]… Il est temps de s’occuper utilement !
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