Côte-d’Ivoire CPI – Les demandes de huis-clos agacent le juge du procès Gbagbo-Blé Goudé

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La journée du 16 mai a été marquée par une succession incessante de séances à huis-clos et le témoignage de P-576, proche d’une victime de la marche des femmes à Abobo, le 3 mars 2011.

Par Antoine Panaite Ivoirejustice.net

Des huis-clos, des huis-clos et des huis-clos. Les audiences du procès « la procureure contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé » sont souvent émaillées de huis-clos mais la journée du 16 mai fut à cet égard éreintante, même pour le juge-président Cuno Tarfusser qui a trouvé ces huis-clos trop répétitifs. En fin de journée, après une énième demande de huis-clos, il s’est adressé autant à la défense qu’à l’accusation et à la représentante des victimes : «Vous tous (…) Je pense que vous exagérez un peu (avec les huis-clos, ndlr)».

C’est donc une audience souvent à l’abri des regards qui a vu un nouveau témoin se présenter dans le prétoire de la Cour pénale internationale (CPI) ce lundi. Malgré les huis-clos incessants, on parviendra à faire une petite description de cet homme d’Abobo plutôt âgé, puisqu’il dit avoir vécu dans la commune abidjanaise pendant plus de 45 ans. Il racontera aussi qu’il connaissait une personne (nommée en audience publique « individu A ») qui a été tuée lors de la marche des femmes d’Abobo, le 3 mars 2011.

Pas de sentiment lors des dépositions à la Cour

Le substitut de la procureure présentera à l’homme une vidéo de la marche, celle où l’on entend des tirs et où l’on voit ensuite des morts et des blessés. Le témoin dit avoir vu cette vidéo sur France 24 et affirme qu’il a reconnu, dans cette vidéo, « l’individu A ».

Paolina Massida, la représentante des victimes, va elle interroger l’homme sur les cérémonies d’hommage aux morts de cette marche. Sa dernière question porte sur le « sentiment » de la victime aujourd’hui. Une question que le juge balayera d’un revers de main, spécifiant que la Cour comprend la douleur du témoin, « mais, c’est une déposition », les sentiments n’ont donc pas lieu d’être.

À Abobo, « les FDS et les groupes de rebelles » s’affrontaient partout

Jennifer Naouri, avocate de Laurent Gbagbo, prend le relais de l’interrogatoire du témoin. On y apprend que le témoin a eu connaissance des tirs vers 10h du matin ce jour-là. Il aurait ensuite demandé à un parent d’aller sur les lieux pour voir ce qui s’était passé. Ce dernier aurait retrouvé « A » morte. Le témoin se serait alors rendu au carrefour Banco où, à son arrivée, les cadavres avaient déjà été emportés et seuls restaient des blessés.

Naouri axe ensuite la dernière partie de son interrogatoire pour la journée sur la sécurité à Abobo. « Il y avait des affrontements partout (à Abobo, ndlr) », explique le témoin. « Entre qui et qui ? » demande Naouri. « Les FDS (Forces de défense et de sécurité, ndlr) et les groupes de rebelles qui étaient venus », rétorque le témoin.

 

Les articles écrits à l’occasion du procès relatent les faits tels que décrits par l’accusation, la défense, la représentante des victimes ou les témoins. Ils ne traduisent pas la pensée d’Ivoire Justice et doivent être compris comme des récits d’audiences.

Ivoire Justice est une plateforme créée par le programme « Justice internationale » de l’ONG RNW Media, basée aux Pays-Bas. Nous nous efforçons d’expliquer et donner des informations sur les affaires ivoiriennes à la CPI mais nous n’en sommes en aucun cas rattachés.

 

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