Côte-d’Ivoire Christianisme céleste – « C’est le multipastoralisme qui est à l’origine de la division »

PASTEUR MOULO NICOLAS (2)

Par Connectionivoirienne.net

Division à l’Eglise du christianisme céleste / Pasteur Moulo Nicolas:

« Voici notre vrai problème »

• Tout prophète qui se respecte ne doit pas se promener en ville pour faire des révélations

L’Eglise du christianisme céleste est en proie à des divisions depuis des années. Une crise interne qui a conduit à la dislocation de cette confession religieuse en trois principales tendances. Dans cet entretien, le pasteur Moulo Nicolas qui dirige « La Sainte Eglise venue des cieux » (l’une des tendances) touche du doigt les problèmes qui opposent les dirigeants et propose ses solutions pour une sortie de crise

Pasteur, pourquoi tant de tiraillements et de crises à l’Eglise céleste de Côte d’Ivoire ?

À l’origine, l’Eglise du christianisme céleste était unie et il y avait un seul pasteur qui était le pasteur fondateur Samuel Oschofa. Mais après sa mort en 1985, il y a eu un problème de succession et c’est ainsi que plusieurs personnes se sont improvisées pasteurs mondiaux. Au Nigeria sept pasteurs mondiaux se sont proclamés et au niveau du Bénin un pasteur mondial, ce qui nous fait au total huit pasteurs mondiaux. Chaque pasteur mondial a ses démembrements dans les pays où l’Eglise est implantée et c’est ainsi qu’en Côte d’Ivoire ici vous avez la tendance dirigée par le pasteur Ediémou Blin Jacob, la tendance que moi je dirige qui est la « Sainte église venue des cieux » et puis la tendance que dirige Kanon Luc qui dépend du pasteur Oschofa.

De quel pasteur se réclame votre tendance ?

Nous sommes rattachés au Saint-Siège qui existe à Eloco au Nigeria et le pasteur mondial qui nous supervise c’est le pasteur Paul Soro Maforikan. Il réside lui-même à Ibadan, mais le siège mondial se trouve à Eloco et c’est là que nous faisons toutes les grandes cérémonies notamment les fêtes de fin d’année, la nativité du Christ, les onctions.

Vous militez pour l’unité de l’Eglise céleste. Comment peut-elle s’opérer dans les conditions que vous décrivez ici ?

Je vous ai dit tout à l’heure que c’est le multipastoralisme qui est à l’origine de la division et à partir du moment où nous connaissons l’origine du problème, nous savons comment y remédier. Il faut naturellement que les pasteurs mondiaux actuels renoncent à leurs prérogatives. Qu’il y ait une réconciliation des responsables célestes à travers le monde, après quoi, ils pourront nommer un pasteur mondial et restructurer l’Eglise.

Pour vous il faut une réconciliation au sommet de l’Eglise pour en imposer à la base ?

Oui, mais malheureusement, il y a certaines personnes qui ont mis la charrue avant les bœufs en nommant par exemple le supérieur Konan Germain comme chef de diocèse unifié de Côte d’Ivoire, en remplacement de Kanon. Cela s’est passé le 19 novembre 2015 et la nomination a été faite par Ola Torchor Oschofa qui dépend du pasteur mondial Mobi Inan Oschofa. Torchor et Mobi Inan sont deux frères. Le même jour, la décision de Konan Germain a été annulée. Konan Germain était chargé d’unifier l’Eglise en Côte d’Ivoire. C’est une tentative ratée de réunification, disons un dérapage. On ne peut pas réunifier l’Eglise du Christianisme céleste à travers le monde sans impliquer les pasteurs mondiaux. Maintenant, il y a une autre possibilité. Si les pasteurs mondiaux ne veulent pas se mettre à table pour discuter, au niveau d’un pays comme la Côte d’Ivoire, les tendances peuvent parfaitement se concerter et mettre en place une plateforme pour arriver à une réunification. Auquel cas, les pasteurs mondiaux seraient obligés eux-mêmes de se mettre en cause. Une fois cela fait, nous qui sommes à la base si nous voyons que nos pères ne sont pas disposés à aller à l’unité, nous-même on essaie d’organiser l’unité à notre niveau et nous les verrons par la suite pour leur dire que nous voulons un seul pasteur.

En tant que doyen, est-ce que vous avez commencé des démarches dans ce sens ?

Justement j’avais déjà engagé une première démarche avec Ediémou en 2013. Mais malheureusement, nos frères n’ont pas accepté la solution la plus idoine qui consistait à mettre en place une fédération. Parce que dans un premier temps, il était difficile de faire sauter les cloisons qui existent entre les diocèses. D’autre part, il y avait une disparité d’un diocèse à un autre au niveau des cultes et des pratiques. Pour nous, la solution devait passer forcement par la fédération. Après cette fédération, on devait aller maintenant à l’unification complète mais nos frères d’en face n’ont pas voulu. Ils ont voulu une unification totale. Mais nous ne désespérons pas, il s’agit de l’œuvre de Dieu. Nous ne pouvons pas faire l’œuvre de Dieu dans la division. Donc nous allons reprendre les discussions et je suis persuadé que Dieu nous aidera.

Au regard des intérêts en jeu pensez-vous que les autres leaders peuvent vraiment se départir de leurs idées pour parler d’unité ?

Nous sommes des serviteurs de Dieu. Quand nous avons reçu l’esprit de Dieu et que nous sommes enfants de Dieu, nous devons renoncer à nos intérêts au profit de l’intérêt général. Aujourd’hui, nous parlons d’unité parce que chacun de nous sait que l’église y trouve son compte et qu’il ne faut pas persister dans l’erreur que représente la division c’est pour cela que nous œuvrons tous dans le sens de l’unité. Maintenant, vous dites qu’il y a beaucoup de bruits. C’est vrai qu’il y a des bruits, mais Dieu lui-même qui a créé l’église, nous a avertis qu’il s’est glissé parmi nous des gens dont la condamnation est prononcée depuis longtemps. Et dans l’église que vous voyez, il y a deux éléments. Il y a comme le dit la Bible les juifs et les Antéchrist. Parmi les Antéchrist, c’est-à-dire les païens convertis, il y en a qui ne sont pas vraiment convertis et qui viennent pour détruire. Donc il y a la lumière et les ténèbres qui coexistent. Mais il faut faire en sorte que la lumière prédomine au sein de l’église. C’est ce qui est important.

Quel message avez-vous à l’endroit de vos fidèles qui souffrent de ces divisions ?

Eh bien, le message que nous pouvons adresser à nos fidèles, c’est de collaborer avec leurs responsables à l’initiative d’unification qui est en train d’éclore et que chacun de nous adhère pour que l’église repose sur un fondement solide. L’unité de l’église passe par la foi et l’unité de la foi passe par la paix, et pour qu’il y ait la paix, il faut qu’il y ait un seul esprit. Donc il appartient à nous les responsables d’inviter nos fidèles à collaborer à cette unité pour que, nous tous, nous parvenions à réaliser cet objectif.

Généralement les responsables de votre église sont maitres dans les prophéties, surtout dans le domaine politique. Est-ce vraiment là, la mission de votre église ?

Non. Vous savez, l’église céleste est une église organisée. Et en matière de prophéties, le prophète exerce son métier dans un cadre organisé. Tout prophète qui se respecte n’a pas le droit de se promener en ville pour faire des révélations parce qu’en ville Satan peut lui tendre des pièges. C’est pour cela que, quand un prophète rencontre des gens et qu’il reçoit des messages, il dit venez à l’église pour que je vous donne un message. Il faut donner les messages dans un endroit qui s’y prête. Si vous livrez votre message dans un endroit où Satan même règne en maître, eh bien, Satan peut vous jouer des tours. Les prophètes ne doivent pas se promener pour chercher des clients, mais ils doivent donner les oracles de Dieu dans la maison de Dieu. Si moi je suis prophète et que quelqu’un veut consulter Dieu par mon ministère, j’envoie cette personne à l’église et je prie Dieu de m’éclairer pour que je sois utile à cette personne.

S. Debailly
Ph : Le pasteur Moulo (à droite) lors d’une mission au Nigeria. Ici avec le pasteur mondial Paul Soro Maforikan (à gauche)

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