Côte-d’Ivoire aux militants du PDCI « Que de versatilité, que de fébrilité de votre part »

Langui

Lettre ouverte au peuple de Côte d’Ivoire et aux militants du PDCI-RDA

Peuple de Côte d’Ivoire, militants du PDCI-RDA,

C’est une promesse que je me suis faite, de réagir à certaines questions majeures de la vie du PDCI-RDA et de la Côte d’Ivoire.

De quel droit ?

Je ne saurais le dire exactement. Cependant, j’ai agi jusque-là et j’agis encore aujourd’hui en tant que citoyen, dans l’unique but d’interpeller autant que faire se peut, des acteurs, des institutions et/ou des collectivités, des personnes physiques ou morales, autorités ou modestes citoyens, sur l’impact que pourraient avoir certaines de leurs actions sur notre pays et sur la vie de nos concitoyens. Pour ce faire, il n’y a pas meilleur moment pour nous inciter à la réflexion que la commémoration de cette soixante dixième année d’existence du PDCI-RDA. Les courriers les plus marquants furent à cet effet, ceux adressés aux députés et au Président Henri Konan Bédié, président légitime de mon parti jusqu’au dernier congrès qui s’est permis de tripatouiller les textes fondateurs avec l’accord de certains militants ; militants à qui je veux expressément m’adresser dans cette lettre ouverte, aujourd’hui où nous assistons à une sorte de passe d’arme officieuse entre notre parti et le RDR. Bien qu’il semble que la consigne est de se taire, nous autres, n’avions-nous pas mérité notre indépendance depuis le fameux pseudo d’«irréductibles» ? D’ailleurs, c’est à se demander si certains osent encore nous ranger parmi les ‘’militants’’ du parti ! Alors quoi de plus normal que de réfléchir à haute voix avec mes destinataires d’un jour !

Sauf à vouloir me justifier, il s’impose d’expliquer ce qui m’a motivé hier et qui marque ma constance dans ce pays naguère si paisible mais aujourd’hui ô combien banal et en proie à toute sorte de violence, y compris des attaques djihadistes. En effet, j’ai adressé ces courriers d’abord aux députés parce que bloquer cette institution parlementaire pour qu’un prétendant à la présidence atteigne l’âge requis pour candidater, présageait de la façon dont le pays serait gouverné. Ensuite, que nos députés n’aient rien trouvé à dire sur des décisions subites, notamment sur l’entrée des femmes à la gendarmerie, force d’élite qui a résisté aux diverses mises à l’épreuve de notre pays –je n’ai rien contre les femmes croyez-moi, cependant il est de notoriété qu’il faut rompre certains symboles en temps de paix ; ce qui n’est pas le cas aujourd’hui en dépit des apparences-, de même la loi sur le foncier ou sur la famille et le mariage ; lesquelles lois avaient objectivement mission d’une part, de déconstruire le système familial en tant que maillon de base de la nation et, d’autre part, d’émasculer la société ivoirienne ; mais mieux, le fait que ces élus se soient rangés aussitôt comme des écoliers, devant la menace de retrait de certains postes au parti, impliquait un contraste à lever avec ces représentants… du peuple. En somme, comment comprendre qu’avec des députés libres, d’un pays dit libre, peut-on vivre comme si l’on sortait d’une guerre perdue contre une puissance étrangère ? Même la France sous l’occupation nazie ou nos pays à l’ère de la colonisation, n’ont point connu pareille tactique de négation ! La problématique portait à mon avis sur le mode de désignation même de nos candidats, en tout cas, au PDCI-RDA où je parle en connaissance de cause.

Ma lettre à Bédié, en ce qui la concerne, a été motivée par le fait qu’il m’était inconcevable de faire silence devant l’incongruité de ce que certains ont appelé l’«Appel de Daoukro» et dont les conséquences sociales et politiques, sont loin -la preuve en est presque faite-, d’avoir été objectivement mesurées. Il me fallait dire ce que j’en pensais et, le faire n’est guère une insubordination ou un certain crime de lèse-majesté ! Point du tout et d’ailleurs, la Côte d’Ivoire n’a jamais été un royaume, ni le PDCI-RDA, une chasse gardée ! En tout cas, pas tant que ce sont nos mains individuelles et celles de nos parents qui sont modestes contributions à ce parti et à cet état pour lesquels, de temps en temps, il s’impose de prendre la parole. Ce n’est pas non plus qu’une alliance politique ait été incomprise. L’évidence est que cette décision inopportune et inélégante au sein d’un regroupement politique a donné lieu à une situation de non-droit voire de mépris à la fois des militants et des sentinelles intellectuelles au point que certains, à force d’être contraints et mis trop souvent devant des faits accomplis, ont fini par s’agacer. La question n’est pas d’aimer ou pas ceux qui sont au pouvoir, mais cette tendance à convertir nos échecs en victoire, nous engage sur la voie la plus longue, la plus tumultueuse ; donc celle qui ne vise pas à mettre fin de si tôt aux souffrances du peuple. Ainsi le RHDP tel qu’envisagé aujourd’hui n’est de toute évidence qu’un blocus contre la réconciliation et la paix ! Mais tant que cela fait ‘’manger’’ certains, tout ne va-t-il pas mieux dans le meilleur des mondes, mon cher Pangloss ?

Chers militants et chers Ivoiriens, j’ai juste des observations à vous faire sur votre part de responsabilité. Devant vous, pendant les élections, le président sortant a offert près de 100 millions de francs Cfa à chacun de ses adversaires -qui l’ont curieusement accepté. Il ne s’est point justifié ! Que dire alors des 110 milliards à l’université malgré la gangrène des grèves qui prouve qu’il y court un profond malaise ? Vous en êtes témoins ; et parce que qui ne dit mot consent, vous en êtes aussi comptables. Mais peu importe, au PDCI-RDA, nous avons préféré un candidat aux élections présidentielles au détriment de nos propres militants et nous sommes en train sûrement de rééditer l’exploit. Mais au nom de quelle tactique politique et dans quel intérêt finalement pour la Côte d’Ivoire ? Quoiqu’il en soit, pour que l’avenir s’en souvienne, quel bilan politique, historique ou sociétal faut-il en faire, déjà à mi-parcours, avant qu’on ne vous sollicite à nouveau comme si de rien n’était ?

C’est pourquoi je vous interpelle, vous militants et peuple de Côte d’Ivoire pour vous dire : « assumez-vous, assumons-nous pour une fois ! », car que de versatilité, que de fébrilité de votre part, de notre part ! Quel peuple est-on quand on ne voit toujours que la culpabilité des autres, c’est-à-dire en général des intellectuels et des politiciens ? Qu’on me le dise, qui est ce peuple dont le Président après avoir remué ciel et terre pour « xénophobie », « exclusion » et mené campagne contre l’ivoirité, arrive au pouvoir de façon exceptionnelle (Cf. article 48 de la constitution) pour s’autoriser à exclure d’autres Ivoiriens par la politique du « rattrapage » ethnique sans que même les bénéficiaires ne s’y opposent par gène devant les autres regroupements ethniques ? Notre indolence a conduit à une guerre idiote parce que personne n’a voulu de la vérité depuis le coup d’Etat de 99 jusqu’aux élections bâclées de 2010. C’est pourquoi, il importe de savoir, pour nous au PDCI-RDA, les dispositions que nous avons prises en nous réengageant dans un nouveau contrat politique. Qui sont ces militants dont le refus de militer met le pays sans cesse en danger ? Qui est aussi ce peuple qui ne sait demander des comptes quand il le faut, comme quand on nous fait passer du point d’achèvement PPTE à un nouveau régime d’endettement ! Un tel peuple dans ces conditions décrites, ne peut que constater avec regret que sa nationalité, gage de sa crédibilité morale est attribuée au Président d’un pays tiers contre qui un mandat d’arrêt international est lancé ! Même là encore quel silence coupable ! Diantre, notre pays ne peut pas se permettre d’être dans cette posture du receleur ou une niche aux criminels ! Alors mes questions vont certes aux Ivoiriens mais surtout aux militants de l’« Appel de Daoukro » : êtes-vous satisfaits ? Si oui, pouvez-vous me dire à quel point, vu qu’aujourd’hui, le RDR refuse la contrepartie de cet « Appel » ; à savoir le parti unifié ? Eh oui, un tel se croyait suivi qu’il n’est réduit à suivre, n’est-ce pas ! Dans tous les cas, si cette décision de soutenir un autre candidat avait été pertinente, la Côte d’Ivoire irait beaucoup mieux aujourd’hui. C’est-à-dire que le PPTE nous aurait réellement profité ; la réunification des douanes aurait généré d’énormes sources additionnelles ; les fonctionnaires seraient plus épanouis financièrement ; on ne nous aurait pas rendetter au Congo –je n’ai rien contre ce pays mais il a aussi ses déboires systémiques. Mais aussi, l’éducation et la santé ne seraient pas gérées à coup d’embrigadement de syndicats ; le pays serait sans nécessité de cultiver des antivaleurs ; nos rues n’accoucheraient pas de « microbes » ; les ivoiriens n’auraient pas rétorqué qu’ »on ne mange pas les ponts » et nous aurions été épargnés d’un procès politique des plus honteux à la CPI -puisqu’on sait selon les dires du Président, qu’il n’y aurait plus de déportés !

Et que dire de cette attaque djihadiste ? Des terroristes neutralisés ? Mais combien étaient-ils réellement ? Visiblement, on nous ment sur le nombre de victimes et d’assaillants comme on nous ment sur la croissance économique ! Mais ce qui est certain est qu’aussitôt élus, ils ont levé les barrages pour leur ‘’vivre ensemble’’. Aujourd’hui, nous en payons le prix. Mais puisqu’il est de plus en plus question qu’on ne paye pas toujours les dettes en politique, répondons sans politique fiction qu’ils ont pourtant tout intérêt à rejoindre Bédié. Ils pourront ainsi éviter certaines scènes comme celles qu’il nous a été donné de voir lors du séjour en France de notre PAN, l’un des personnages les plus craints du pays –je voulais dire respectables et respectés-, qui n’a eu son salut qu’en se blottissant dans sa résidence devant les injonctions d’une… femme -pardon d’une juge ! Sans une fonte au PDCI-RDA, qui sait les revirements de l’histoire ? La question resterait de savoir quel alliage l’on obtiendrait ! C’est pourquoi, contre l’avis de ceux qui pourraient croire aussi qu’un « non » frontal serait préjudiciable et qu’il leur faudrait engager les hostilités une fois à l’intérieur, ce serait du pareil au même, comme du reste avec cette coexistence de partis en RHDP où les éclats de voix ne sauraient tarder !

Dans tous les cas, n’est-ce pas, comme l’espèrent les zouglou, qu’un jour ça devrait aller ? Un tel jour où des hommes et des femmes, militants et citoyens, consciencieux du fonctionnement et des valeurs étatiques, s’engageront à renouer avec honnêteté envers et contre eux-mêmes et la volonté de bâtir ensemble une nation pour y vivre en paix ; un jour où nous comprendrons justement qu’il faut un renouvellement des pensées et des reflexes sociétaux. Peuple de Côte d’Ivoire, chers militants du PDCI-RDA, il n’y a pas à haïr, juste à nous repenser. Pour cela, après vous, j’ai l’assurance d’avoir rempli mon rôle. On en jugera selon qu’on se trouve d’un côté comme de l’autre certes, mais en attendant de régler ce mythe du daltonien, osons espérer qu’il ne serait pas trop tard pour toutes les générations !

Cordialement, Roger LANGUI
Poète, chroniqueur politique
Militant d’un PDCI-RDA nouveau

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