Côte d’Ivoire – Le gouvernement décrète « le chef de l’opposition » sera Affi arrivé 2e à la présidentielle

Afficandidat

Par SD à Abidjan | Connectionivoirienne.net

Le sacré coup de pouce du régime Ouattara à Pascal Affi N’guessan

C’est l’une des nouvelles du Conseil des ministres de ce mercredi 6 avril 2016. Un projet de loi portant statut d’un chef de l’opposition a été adopté par le gouvernement. Selon ce projet qui sera soumis aux députés ivoiriens, le chef de l’opposition sera le candidat arrivé en second derrière le président élu lors de la dernière présidentielle.
En l’état actuel des choses, c’est le président contesté du Fpi, Pascal Affi N’guessan qui portera ce titre. Affi est arrivé 2e à la présidentielle d’octobre 2015 derrière Alassane Ouattara. Il avait obtenu 9 % des suffrages exprimés.
Le statut de l’opposition faisait l’objet de débat depuis un certain temps, à l’occasion des sessions sporadiques du cadre permanent de dialogue (Cpd). Ce débat butait sur le statut du chef de l’opposition. La plupart des membres du Cpd proposaient une désignation consensuelle en lieu et place d’un diktat du pouvoir.
Plusieurs avantages seront accordés au futur chef de l’opposition. Entre autres, véhicule de commandement, accès au salon d’honneur à l’aéroport, indemnités…

Commentaire de Nathalie Yamb (LIDER)
Le statut de « chef de l’opposition » n’a rien à voir avec le fait de « diriger l’opposition ».

Dans le contexte du régime présidentiel comme il est pratiqué en Afrique francophone et en Côte d’Ivoire en particulier, il permet juste au président de la République de contrôler le pantin de l’opposition qui s’engouffre dans ces oripeaux en lui attribuant le rang de ministre d’Etat avec les privilèges attachés, aux frais du contribuable.

Que vaut un chef de l’opposition dans un régime hyper présidentiel dans lequel même le premier ministre, qui n’est pas chef de la majorité n’a aucun pouvoir à côté du PR qui lui est chef de l’Etat?

La nomination de Affi comme ministre d’Etat sans portefeuille est une manœuvre dolosive de Ouattara, une façon indirecte de le faire rentrer au gouvernement. Après tout ce qu’il a fait et continue de faire pour que Ouattara reste au pouvoir et viole tranquillement la démocratie et le droit des citoyens à s’exprimer et à se réunir librement, c’est la moindre des choses et la reconnaissance de Ouattara à son endroit est compréhensible.

Sinon, il faut retenir deux choses :

1) Cela fait plus d’un an que l’opposition, pour une fois unanime, a proposé un projet de loi relatif au statut de l’opposition au gouvernement dans le cadre du Cpd. Ce texte ne contient pas de modalité relative à un quelconque statut de chef de l’opposition, que le gouvernement est venu introduire par la suite et que l’opposition a unanimement rejeté à chaque fois que le gouvernement le remettait sur la table. Pour nous, le statut de l’opposition doit sécuriser les activités des militants et animateurs des partis de l’opposition en leur garantissant un accès libre et équitable aux médias, une liberté de réunion et un financement transparent. Il précise les droits mais également les devoirs des opposants.

2) Dans un régime parlementaire, qui est le seul qui garantisse un meilleur contrôle de la classe politique, le chef de l’opposition est naturellement le chef du parti arrivé second aux élections législatives. Dans la bouillabaisse proposée par Ouattara, que se passe-t-il si le perdant de l’élection présidentielle est un individu qui n’a pas de parti politique, un peu comme Patrice Talon au Bénin? Ou si celui qui arrive second ne remplit pas les conditions pour être qualifié d’opposant?

Rien de nouveau ni d’intéressant sous le soleil. Par contre, quid de l’actualisation de la liste électorale ? Voilà une vraie thématique importante que le conseil des ministres ferait bien d’aborder en urgence.

N.Y

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