Côte d’Ivoire – La vie des Ivoiriens est le dernier souci de M. Ouattara

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Jean-Claude DJEREKÉ

Le 13 mars 2016, quand la ville de Grand-Bassam fut attaquée, on sonna du cor et de la trompette comme jadis à Sion. Le monde entier fut ameuté. Les médias français, habituellement peu diserts sur les affaires africaines, commentèrent abondamment le malheureux événement. De prétendus spécialistes de l’Afrique y soutenaient, entre autres, que c’est AQMI qui voulait punir Paris dont les troupes (plus de 3000) sont présentes au Sahel depuis le 1er août 2014. 48h après l’attentat, deux ministres français débarquèrent effectivement à Abidjan pour pleurer avec les Ivoiriens et annoncer que leur pays aiderait le nôtre à combattre le terrorisme. Une annonce qui continue de faire sourire à Abidjan, d’autant que la France a du mal à venir à bout de ses propres terroristes et que son Premier ministre avait prédit, en novembre 2015, d’autres attaques d’ampleur.

Quelques présidents de la sous-région se rendirent sur les lieux du drame. Je ne sais si l’un d’entre eux, connu et reconnu comme grand pleureur devant l’Éternel, versa des torrents de larmes, ce jour-là. Le gouvernement, qui avait pourtant assuré plusieurs semaines plus tôt que toutes les dispositions avaient été prises pour que notre pays ne soit pas attaqué comme le Mali et le Burkina, décréta trois jours de deuil. Sur un air de “zouglou” et de “coupé décalé”, 11 artistes ivoiriens chantèrent : “En Côte d’Ivoire, nous on est debout oh, jihadistes, on n’a même pas peur.” C’était probablement leur façon de d’exorciser le traumatisme et de rendre hommage aux blessés et aux morts. Parce que la mort d’un seul être fait toujours mal, parce que l’assassinat d’une seule personne n’est jamais acceptable, il était juste et bon que l’on s’indignât et que l’on pleurât ces frères et sœurs trop tôt disparus. Mais est-ce la première attaque terroriste subie par notre pays? Si oui, comment devrions-nous appeler les massacres des populations ivoiriennes par les rebelles proches de Dramane Ouattara à Abidjan (dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002), à Guitrozon, dans le quartier Carrefour de Duékoué (28 et 29 mars 2011), à Nahibly, à Anonkoua-Kouté, à Adébem et à Godjiboué? Et les crimes commis par l’armée française dans notre pays en novembre 2004 et en avril 2011, comment devrait-on les qualifier? Moins d’Ivoiriens y perdirent-ils la vie qu’à Grand-Bassam? Combien de gens d’ici et d’ailleurs furent-ils émus et révoltés par ces tueries? En un mot, tous ceux que Dramane Ouattara, Soro, Compaoré, Chirac et Sarkozy ont fait assassiner depuis 2002 pour faire main basse sur les ressources naturelles des Ivoiriens sont-ils moins importants que ceux de Grand-Bassam?

Il y a quelques jours, suite à des affrontements entre éleveurs et cultivateurs, plusieurs personnes ont trouvé la mort (une trentaine) à Bouna. Sauf erreur de ma part, ni les soi-disant députés ivoiriens ni Ouattara ne se sont encore rendus dans cette ville. La capitale des Lobi et Koulango n’abritera pas de conseil des ministres comme Grand-Bassam. Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas de Français parmi les victimes (n’oublions pas que M. Ouattara travaille pour la France), parce que la vie et la mort des Ivoiriens n’ont jamais été une préoccupation pour l’ami de Sarkozy. Ce qui a toujours préoccupé ce dernier, c’était d’occuper le fauteuil présidentiel, par tous les moyens (y compris, en recourant au faux et au mensonge, en faisant couler le sang des Ivoiriens), pour enrichir sa famille, son clan et ses amis de France et de la CEDEAO.

La vie des Ivoiriens est le dernier de ses soucis.
Sinon, d’où vient que gendarmes et policiers aient été désarmés par lui sitôt après son installation à la tête de notre pays par le gouvernement français et que notre sécurité soit assurée par des dozos et miliciens incultes et inexpérimentés? Et pourtant, des gens comme Michel Camdessus ont vanté ad nauseam les “compétences” et “qualités” de cet homme. Et il se trouve encore en Côte d’Ivoire et en Afrique des naïfs et des inconscients qui le prennent pour un messie. Mais, comme plus rien n’est gratuit dans ce monde, on peut penser que, si certaines personnes adulent Ouattara et font son éloge, c’est parce qu’elles croient avec le fabuliste Jean de la Fontaine que “tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute”.

Jean-Claude DJEREKE

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