Par Sylvie Kouamé | Connectionivoirienne.net
Un rapport ambigu avec la Justice
S’étant débarrassé de deux adversaires politiques de taille en les éloignant durablement de la Côte-d’Ivoire, l’actuel chef de l’Etat ivoirien a répété hier à Paris au président français Hollande, qu’il n’enverrait plus d’Ivoiriens à la Haye. Entendez par là, «je n’enverrai ni Soro ni mes chefs de guerre, ni moi-même, devant la CPI». Pour l’opinion publique ivoirienne, cette rengaine n’est pas nouvelle. Car, dans le groupe des politiques et militaires ivoiriens encore susceptibles de poursuites devant la Cour pénale de la Haye, seuls Ouattara [Chefs suprême des FRCI] et les anciens rebelles transformés en armée «national» le 17 mars 2011, sont encore passibles de poursuites. Dans le camp adverse, celui de Laurent Gbagbo, Ouattara a fait passer selon ses souhaits tous ceux qu’ils soupçonnaient devant les juges. Soit devant la CPI, comme les cas Blé Goudé et Gbagbo, soit devant les juridictions nationales, en l’occurrence madame Simone Gbagbo, les Commandants Séka Séka et Abéhi, pour ne citer que ceux-là.
«La CPI a joué le rôle qu’il fallait parce-qu’au début nous n’avions pas de justice opérationnelle» a déclaré Ouattara. L’ homme fort d’Abidjan veut aussi une Cour de Justice Africaine. Entre temps Ouattara qui garde Blaise Compaoré au chaud à Abidjan malgré un mandat d’arrêt lancé par le Burkina, prône le règlement diplomatique dans l’affaire des écoutes téléphoniques impliquant le Nr2 de son régime, Soro Guillaume.
Les adversaires de M. Ouattara n’ont pas attendu longtemps pour lui apporter la réplique car si la justice ivoirienne avait vraiment cette «capacité de juger tout le monde» elle se serait autosaisie de cette affaire des écoutes ainsi que de tant d’autres affaires dont celles des crimes commis par les FRCI. Interrogé ce matin, un responsable de la CPI nous a répondu que le «Bureau du Procureur est sur le point de finaliser ses enquêtes contre les crimes du camp Ouattara. Ce que M. Ouattara et Hollande se sont dits ne nous arrêtera pas. Tous les criminels seront jugés, pendant ou après le mandat de M. Ouattara. Nous trouverons les moyens de les mettre aux arrets»
Les commentaires sont fermés.