Côte-d’Ivoire procès de Blé Goudé et Gbagbo – Clotilde Ohouochi entre craintes et espoirs (Pourquoi ?)

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Je dévore les 320 pages du livre de Florence Hartmann intitulé : « Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales “où l’auteure, en sa qualité de porte-parole et conseillère de Carla Del Ponte, la procureure du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, nous relate, sans fioritures, « les manipulations, les petits et grands arrangements diplomatiques, une justice biaisée et les apparences encore plus trompeuses  » de la Cour. Cette justice internationale créée pour être au service de l’Humanité souffre d’un péché originel. Héritière, dans sa conception, des tribunaux de Nuremberg (20 novembre 1945 au 1er octobre 1946) et de Tokyo (19 janvier 1946) créés par les puissances alliées contre les principaux responsables du Troisième Reich et les grands criminels japonais de la 2è Guerre mondiale, elle est perçue comme une justice des vainqueurs. Florence Hartmann qui nous prête à travers son livre ses oreilles et ses yeux nous révèle comment, pour les grandes puissances, le tribunal ne devrait être qu’un instrument utile qui sert leurs desseins politiques.

Elles se sont vite rendu compte que cette justice était un instrument efficace pour diaboliser et maintenir le soutien de l’opinion générale. Alors elles brandissent l’image de la civilisation fondée sur le droit comme l’exorciste brandit un crucifix devant un possédé. Les inculpations voire les condamnations sont utilisées pour isoler politiquement et diplomatiquement les leaders suspectés de crimes, à renforcer leurs adversaires sur la scène intérieure. Cela corrobore les dernières déclarations du ministre Charles Blé Goudé devant la Cour et explique l’acharnement juridico-politique, à la limite du ridicule, exercé par Fatou Bensouda sur le président Gbagbo et son ministre de la jeunesse. Outre cette immixtion intolérable des politiques dans le domaine judiciaire, certains pays tels les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde, Israël restent parmi les États qui n’ont pas ratifié le traité de Rome créant la Cpi. Et, prime à l’impunité et à la partialité, l’article 98 de ce Traité permet à ces États non signataires de soustraire à la compétence de la Cour leurs ressortissants même s’ils commettent des crimes abominables hors de leurs frontières ! Les pays africains sont donc valablement fondés à s’interroger sur la crédibilité de la CPI, crédibilité fortement entamée par sa propension à s’acharner uniquement sur leurs leaders. Et leur volonté collective de sortir de cette Cour n’est que, plus légitime et justifiée. Destinée à faire reculer l’impunité, la justice internationale devrait marquer un immense progrès pour l’humanité car, aucune paix durable et crédible ne peut reposer sur l’injustice et l’impunité. Mais pour que cette initiative louable, dans laquelle chaque être humain, exposé au péril de la guerre fonde tant d’espoir, n’ait pas un goût amer, ne soit pas une symphonie inachevée, la Justice internationale devra s’imposer à tous et pour tous. Aussi, comme l’affirme Docteur David Matsanga : « Plus que jamais, unissons nos forces pour réformer la Cpi dans le sens d’une véritable juridiction internationale garante de la protection de TOUS les peuples contre les crimes les plus abjects, ou faisons-la taire à jamais ».

Clotilde Ohouochi, ancienne ministre

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