Steve Orji
Article publié en collaboration avec Libre Afrique
Au Royaume-Uni, selon le centre pour les entrepreneurs, 86% des start-ups sont fondées par les Britanniques. Les jeunes sont de plus en plus motivés à entreprendre dans le monde développé. Lors de la 15ème édition de l’évènement « l’entrepreneur mondial de l’année (WEOY) », organisé à Monaco, 60 entrepreneurs de 53 pays, essentiellement des jeunes, étaient présents, et il a été estimé qu’elles génèrent des revenus en hausse de l’ordre de 25 milliards de livre britannique par an. À l’heure actuelle, il y a plus de 2000 innovations prêtes à entrer sur le marché dans le cadre du programme d’incubateur dans l’Etat de Californie, aux États-Unis.
Pourquoi les jeunes dans les pays développés ne font pas la queue pour des emplois comme c’est la norme dans les régions en développement comme l’Afrique? Il y a certainement un large pan du système éducatif des pays développés qui encourage l’esprit d’entreprise. L’éducation à l’entrepreneuriat a été une partie intégrante de l’architecture de l’apprentissage dans ces environnements, et les élèves, en particulier les jeunes esprits, sont initiés à la désirabilité et aux perspectives de devenir un entrepreneur.
Que pouvons nous faire?
En Afrique en général et au Nigeria en particulier, on peut réorganiser et financer efficacement ces établissements de formation professionnelle. A Aba, l’Etat d’Abia, au Nigeria, par exemple, l’on dispose d’un gisement en plein essor d’artisans et d’innovateurs des plus doués. Les gouvernements des États, à travers des initiatives de partenariat public-privé, peuvent développer et optimiser de tels hubs technologiques ou centres de formation professionnelle au sein de leurs principales enclaves commerciales. Ces centres fourniront des compétences minimales d’alphabétisme comme une base pour les compétences professionnelles plus élaborées qu’ils espèrent développer.
Le programme des petites et moyennes entreprises (PME) lancé par le gouvernement nigérian il y a quelques temps a souffert de défis systémiques importants et ne pouvait pas tenir ses objectifs initiaux. Pour compléter les activités économiques des banques commerciales, les banques de microfinance se sont implantées, mais elles ont souffert des mêmes problèmes. Leurs créances furent bientôt transformées en actifs privés, siphonnant ainsi les bilans par un réseau de procurations étroitement liées. Ceci a provoqué la frustration et l’effondrement de nombreux arrivistes.
Les jeunes doivent savoir que ce serait une perte de temps de passer un long séjour dans les établissements d’enseignement supérieur s’ils possèdent déjà une « forte passion » pour quelque chose en dehors des murs menant à un emploi de col blanc ou de col bleu.
Les institutions d’apprentissage sont beaucoup trop nombreuses au Nigeria, mais ne pouvaient guère prétendre être à la hauteur de former de la main-d’œuvre efficace. L’entrepreneuriat doit être enseigné comme un outil créatif et devrait devenir une option naturelle dans la vie sociale et professionnelle des personnes. Les cursus de formation en Afrique doivent commencer à intégrer l’éducation à l’entrepreneuriat dans ses modules d’apprentissage, et devrait encourager ses jeunes innovateurs talentueux en leur offrant des possibilités d’exploiter leurs potentiels créatifs. Les grandes bourses d’études devraient être affectées aux aides au démarrage destinées aux innovateurs talentueux pour qu’ils puissent développer davantage leurs talents.
A l’heure actuelle, l’Afrique présente un environnement économique paralysant hostile aux innovations. Par exemple, comment parvenir à développer une entreprise commerciale de rêve quand la famille est pauvre ce qui exclut la possibilité de mobiliser le capital initial.
Le nombre de jeunes migrants issus des zones rurales se bousculant pour gagner leur vie dans des villes comme Lagos ne cesse de croitre. Cela pose un énorme défi démographique. Il existe déjà un nombre alarmant de jeunes, se bousculant pour l’espace et se battant pour les faibles installations et infrastructures des villes.
Que pouvons-nous faire de plus?
Les brevets et les droits de propriété intellectuelle peuvent en outre être protégés par le gouvernement au nom des personnes qui les ont conçus. Certains des esprits inventifs « locaux » au Nigéria dans les années quatre-vingts, qui ont été frustrés par le manque de moyens et par l’hostilité de l’environnement des affaires dans le pays, ont été soutenus et intégrés par des structures étrangères où leurs talents ont pu pleinement s’épanouir.
Un exemple en est le célèbre technicien né à Mbaise (Etat d’Imo au Nigeria), Damian Anyanwu, qui est l’auteur de nombreuses inventions allant d’émetteurs de radio utilisant des herbes à des antennes de télévision et des hélicoptères de fortune. Je suis stupéfait d’apprendre qu’il a été repéré par une entreprise américaine, où il est devenu un technicien passionné par les technologies de l’information et de la communication.
Le gouvernement, à travers ses institutions, doit chercher à valoriser les produits fabriqués au Nigeria à travers ses agences d’orientation culturelle et sociale. Qui a dit que les vêtements fabriqués à Aba ne peuvent rivaliser avec d’autres tissus fabriqués ailleurs dans le monde?
Steve Orji, analyste pour Africanexecutive.com.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique
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