La fortune de l’ancien président ivoirien suscite beaucoup de convoitises.
L’argent vient de la filière café-cacao. « L’or brun » de la Côte d’Ivoire. C’est grâce à cette filière que le président Houphouët-Boigny, propriétaire de plantations, s’est bâti une immense fortune.
Quand il meurt en 1993, le « magot » d’Houphouët-Boigny est estimé entre sept et onze milliards de dollars. Cette fortune, le président ivoirien l’investit dans l’immobilier, en France.
Un véritable « Monopoly » explique le spécialiste des affaires africaines, Antoine Glaser :
On ne connait même pas exactement le nombre d’appartements qu’il a acheté pour ses enfants, pour des parents. Ça s’est étendu tout autour de l’ambassade de Côte d’Ivoire, avenue Raymond Poincaré, ils ont racheté tous les immeubles autour, des hôtels particuliers. Il allait beaucoup à Marne la Coquette où il avait acheté dix-sept villas. Il était quasiment l’un des principaux propriétaires de l’immobilier parisien. C’était vraiment impressionnant !
Une fortune dans des coffres en Suisse
L’argent est essentiellement placé à la banque UBS, et il affole l’entourage du président ivoirien. « Son héritage a été pillé et son épouse spoliée», estime l’avocat de la veuve d’Houphouët-Boigny, Jean-Paul Baduel :
Elle a été totalement écartée de la succession, il y a eu des courtisans qui ont utilisés des procurations, voire des fausses signatures pour détourner les fonds ou pour faire fonctionner les comptes suisses. C’est extraordinaire : vous êtes mort et les comptes continuent de fonctionner, d’envoyer de l’argent, à gauche à droite. Il faudrait des explications précises.
En 2013, l’avocat dépose une plainte pour « recel d’escroquerie et recel de succession. » Après deux ans d’enquête préliminaire, cette plainte a été classée sans suite par le parquet de Paris, mais l’avocat de la veuve d’Houphouët-Boigny va déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile afin qu’un juge d’instruction soit désigné.
La gestionnaire d’un empire immobilier
A partir des années 80, c’est une Française, Dominique Folloroux, qui gère ce patrimoine colossal, tout comme celui du président gabonais, Omar Bongo. Dominique Folloroux dirige une agence immobilière : l’AICI, implantée en France et en Afrique. Sa gestion intrigue un ancien conseiller du président Gbagbo : Bernard Houdin qui dit avoir retrouvé la trace d’étranges virements effectués depuis un compte UBS d’Houphouët-Boigny :
Il y a à peu près l’équivalent de 24 millions de francs français qui sont transférés entre le compte d’Houphouët-Boigny et le compte de Madame Folloroux, à l’époque. Sur des comptes qui sont ou à Sanary, en France, ou à Monaco, ou directement à Genève, à la Société des banques suisses. Si ça correspond à la rémunération de ses activités de gestionnaire des comptes du patrimoine d’Houphouët-Boigny, pourquoi ça atterrit sur son compte personnel et pas celui de l’entreprise qui gère ?
Au début des années 90, Dominique Folloroux, épouse Alassane Ouattara, l’actuel président ivoirien.
L’influente femme d’affaires, Dominique Ouattara, est donc devenu aujourd’hui la « première dame » de Côte d’Ivoire. Et elle n’est pas pour rien dans l’ascension de son mari. Elle a notamment effectué un intense lobbying auprès des partis politiques français, à droite comme à gauche. Au PS, le député François Loncle en a été le témoin :
Elle a visé les deux personnes qu’il fallait, à l’époque, à gauche c’est-à-dire : Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Je me suis rendu compte que les deux hommes, à cette époque, étaient « ouattaristes », si j’ose dire. Elle a un savoir-faire lobbyiste qui est absolument remarquable. Elle les a convaincus que l’homme d’avenir, en Côte d’ivoire, c’était Alassane Ouattara.
Contacté, le responsable de la communication de Dominique Ouattara a refusé de répondre à nos questions.
Source: Franceinter.fr
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