France – Faut-il craindre de voir l’économie flancher après les attentats ?

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Une semaine après les attentats de Paris, les secteurs du tourisme et du commerce enregistrent une nette baisse de leur chiffre d’affaires. Mais, il ne devrait pas y avoir d’impact sur le long terme pour l’économie française.

C’est une des conséquences directes des attentats de Paris le 13 novembre dernier, même si elle semble bien dérisoire en comparaison du bilan humain -130 morts d’après un dernier décompte. Selon une information de RTL vendredi, les réservations dans les salles de spectacle ont chuté de près de 75% à Paris, et de 50% sur l’ensemble du territoire. Des chiffres à mettre en perspective avec la timide progression du PIB français, 0,3% au troisième trimestre, d’après les estimations de l’Insee. Les attentats pourraient-ils peser durablement sur l’économie française? Pas vraiment, estiment la plupart des économistes.

A côté des conséquences sur les réservations dans les salles de spectacle -d’autant plus touchées qu’elles ont subi une vague d’annulation juste après les attaques terroristes- les restaurants parisiens affichent un recul de leur chiffre d’affaires de l’ordre de 33%, selon France Info. D’après les estimations de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris, le secteur de l’hôtellerie devrait en outre connaître une baisse de son chiffre d’affaire de près de 50%, du fait des annulations enregistrées sur le mois de novembre. Comme le rappelle Europe 1, les secteurs du tourisme, de la restauration et du divertissement, qui dépendent de la présence de visiteurs, pourraient être largement impactés… Au moins sur les prochaines semaines, à l’image de ce qui avait été observé à la suite des attentats de Charlie Hebdo et de l’hyper-casher en janvier dernier.

Mais alors, cette morosité pourrait-elle contaminer l’ensemble de l’économie française et annuler tout espoir de reprise économique? Pour réfléchir aux conséquences des attentats, les économistes s’appuient sur les observations faites à la suite d’autres événements terroristes, comme ceux du 11 septembre à New York ou de la gare d’Atocha à Madrid, le 11 mars 2004. A l’image de ce que l’on observe aujourd’hui à Paris, la fréquentation touristique et le commerce avaient été directement impactés dans les deux villes américaines et espagnoles.

“Un vrai problème en cas d’attentats à répétition”

Reste qu’en Espagne, un rapport réalisé l’année suivante par l’université Complutense avait chiffré le coût des attentats de 2004 à 0,16% du PIB pour la région de Madrid, et seulement 0,03% au niveau national. De la même manière, les Etats-Unis et New York, qui sortaient de la récession en 2001, n’avaient pas connu de véritable repli, au contraire. Interrogé par Europe 1 sur le sujet, l’économie Philippe Waechter estime que le phénomène est notamment lié au fait que “les Américains se sont ressoudés” au lendemain des attentats du World Trade Center.

Si l’on en croit ces exemples, les attaques simultanées perpétrées à Paris le 13 novembre dernier ne devraient donc pas avoir d’impact sur le long terme. Interrogé par L’Express, l’économiste Eric Heyer considère qu’il est difficile de mettre en évidence l’incidence de ces événements sur l’économie française. “Là où il pourrait y avoir un vrai problème, c’est en cas d’attentats à répétition en France” estime-t-il pourtant. Un avis partagé par l’économiste Elie Cohen: “Ce sont des événements qui ont un impact de court terme, mais pas d’impact de long terme et a fortiori pas d’impact structurel. Il en serait autrement si Paris devenait Beyrouth”.

Certains restent pourtant plus prudents. Chez BNP Paribas, on juge qu'”il risque d’y avoir une réaction plus importante qu’ailleurs, à un moment où la reprise économique est relativement molle”, compte tenu du fait que les attentats de Charlie Hebdo sont intervenus il y a moins d’un an. D’autres sont encore plus pessimistes, comme Philippe Gudin, de la banque Barclays, selon lequel la multiplication des attaques en Europe devraient peser lourdement sur la confiance des consommateurs. “Un risque majeur alors que le principal vecteur de croissance est la consommation”, estime cet économiste.

Comme l’explique à La Croix Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank, l’essentiel est du travail consiste donc à “rassurer la population française, les touristes et les investisseurs potentiels”. Des mouvements patronaux ont ainsi incité les entreprises à assurer le maintien de l’activité économique et n’ont pas annulé des événements prévus dans la capitale, met en lumière Europe 1. De son côté, la mairie de Paris va voter une aide de 560 000 euros destinée aux commerces parisiens visés par les attentats, d’après un article du Figaro. Une campagne de communication devrait aussi voir le jour afin de faire revenir les touristes, avec l’appui de personnalités.

Lexpress.fr

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