L’ex-président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly qui avait « verbalement » annoncé le retrait de sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre, affirme avoir reçu lundi un appel de la télévision publique lui annonçant qu’il « ne passera pas à l’émission face aux électeurs », un espace réservé aux candidats en raison de sa « campagne pour l’abstention » au scrutin.
« Le référendum se confirme. Selon un coup de fil de la direction générale de la RTI [Radiodiffusion télévision ivoirienne], comme MK (Mamadou Koulibaly) bat campagne pour l’abstention il ne passera pas face aux électeurs » lundi soir, a écrit le leader de Liberté et démocratie pour la république [LIDER, opposition], sur Twitter.
Selon l’ordre de passage des candidats M. Koulibaly [formellement toujours candidat] devrait s’exprimer en direct à l’émission « Face aux électeurs » pour présenter sa vision et son projet de société aux Ivoiriens de 21H00 à 23H00 GMT.
L’émission met tour à tour chacun des candidats encore en lice pour l’élection du 25 octobre face à trois journalistes dont deux de la RTI et un autre de Fraternité Matin, quotidien pro-gouvernemental, dans le cadre de la campagne électorale.
« Aux élections il y a trois options au choix: oui, non et abstention, je bats campagne pour l’abstention et alors? N’est-ce pas mon droit de candidat? », s’est-il interrogé après la décision des responsables de la télévison nationale.
Le 9 octobre, M. Koulibaly avait annoncé son retrait de la course à la présidentielle pour ne pas participer à des « élections truquées », qu’il compare à un « référendum » sur la « fraude organisée » par l’actuel président Alassane Ouattara, candidat à sa succession. « Pour lui, la question est de savoir sur 6,3 millions d’inscrits sur la liste électorale combien voteront et combien boycotteront » l’élection, après sa campagne pour l’abstention.
Chose curieuse, contrairement à monsieur Essy Amara dont le retrait fut formalisé devant la CEI et le Conseil constitutionnel, monsieur Koulibaly n’a fait qu’émettre un avis de retrait « verbal » sans aller jusqu’à en informer les deux organes précités chargés de l’organisation du scrutin.
« Mamadou Koulibaly a-t-il formalisé son retrait devant la CEI et le Conseil constitutionnel ? » NON, nous a répondu une de ses collaboratrices, répondant à une question de Connectionivoirienne.net sur la validité du refus de passage sur la télé publique. Avant de poursuivre: « si tu as une équipe, envoie-la à la Rti ce soir à 20h30 pour être live sur place quand les gens vont refuser au candidat à l’élection présidentielle Mamadou Koulibaly l’accès à la RTI ».
Connectionivoirienne.net
avec
Alerte info
Du refus de la RTI d’accorder au Pr Mamadou Koulibaly, un passage à l’émission « Face aux Électeurs »
Pierre Soumarey
Le retrait de candidature est une procédure soumise
à des conditions de forme et de fonds, car le processus électoral est entier. Cette volonté doit être notifiée aux institutions en charge du processus, qui doivent lui en donner formellement acte, si tant est que le délai de recevabilité n’est pas épuisé. Entre la déclaration de ne pas participer aux élections, et les suites juridiques qui lui sont données, il existe une différence qui est sanctionnée par l’existence ou la non existence d’un acte juridique. En l’espèce, faute de l’avoir fait (stratégie, vice, moralité ?), il jouit pleinement et toujours de la qualité de candidat, pour agir et pour bénéficier des dispositions et avantages (légaux et financiers) prévus par les textes en faveur des canditats, dont l’égalité de traitement durant la campagne. En revanche, la RTI ne dispose pas d’un pouvoir d’appréciation, à cet égard. Elle est soumise, en tant que sujet de droit, aux textes qui s’imposent à elle, en lui faisant obligation, de reserver le ^me traitement à toutes personne jouissant de la qualité de candidat telle que reconnue par le Conseil Constitutionnel. Cette décision de la plus haute juridiction ne saurait être remise en cause, ignorée, ou piétinée, quel que soit le motif. C’est une question de droit. Pour les questions politiques et morales, le débat peut s’engager, sans préjudice du droit. As-t-il avec lui le droit ? Oui. Devait-il poser un piège ? C’est une autre question. As-t-il la liberté d’utiliser son droit comme il l’entend ? Oui, tant qu’il ne se heurte pas à des dispositions d’Ordre Public. Pour moi, c’est vicieux. Néanmoins c’est amusant, faute de suspense, car c’est un cas d’école très intéressant sur le plan intellectuel et pour la discipline.
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