Le Front populaire ivoirien (FPI, opposition) conduit par Abdourahamne Sangaré co-fondateur du parti, annonce qu’il « s’opposera par les moyens légaux » à la tenue de l’élection présidentielle d’octobre, dénonçant une Commission électorale « à la solde » du pouvoir, dans une note mardi.
Le FPI « prévient qu’il s’opposera par les moyens légaux à l’organisation et à la tenue de l’élection présidentielle tant que les préoccupations légitimes dûment exprimées et largement partagées par l’opinion nationale ne seront pas satisfaites », indique la note dont ALERTE INFO a reçu copie.
Le parti de Sangaré estime que la Commission électorale indépendante (CEI, chargée d’organiser l’élection) et le Conseil constitutionnel sont « totalement à la solde » du pouvoir.
L’opposition ivoirienne dénonce la reconduction de Youssouf Bakayoko à la tête de la CEI, jugée « déséquilibrée » au profit d’Alassane Ouattara, candidat à sa succession.
Selon cette frange du parti de Gbagbo la liste électorale dite « suspecte » a été « établie unilatéralement par le régime » de M.Alassane Ouattara, « inéligible conformément à l’article 35 de la Constitution ivoirienne ».
Pour le Front Populaire, il est « inopportun » d’organiser la présidentielle en octobre 2015.
Elle invite par ailleurs « ses militants, sympathisants » et les ivoiriens à « ne pas s’associer à une mascarade d’élection aux conséquences imprévisibles » et « met en garde quiconque prétendrait se présenter » à cette élection « sous la bannière du FPI ». Faisant allusion à son ex président Affi N’guessan, reconnu par le pouvoir et candidat en 2015.
Le parti au pouvoir qui juge « absurde » la question de l’inéligibilité de M. Ouattara assure que le gouvernement « ne reviendra plus sur la composition » de la CEI, à deux mois de la présidentielle comme l’exige l’opposition ivoirienne.
Avec Agences et Alerte info
Déclaration du Front Populaire Ivoirien sur l’élection présidentielle de 2015 en Côte d’Ivoire
A deux mois de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire demeure dans une situation politico-sécuritaire précaire. Cette situation est marquée par :
– Une fracture sociale profonde ;
– La pauvreté généralisée ;
– Une vive suspicion et une grave crise de confiance entre les acteurs politiques ;
– Des mécontentements suivis de grèves organisées par de nombreuses catégories sociales ;
– Des arrestations et emprisonnements arbitraires d’acteurs sociaux et d’opposants politiques.
Pour rappel, le régime Ouattara, au lendemain du 11 avril 2011, a fait enlever plus de mille (1000) personnes, pour la plupart proches du Président Laurent Gbagbo. A ce jour, plus de sept cents (700) prisonniers politiques civils et militaires se retrouvent dans des prisons connues. Sur ce chiffre, deux cent vingt huit (228) personnes portées disparues sont déclarées inconnues par la cellule spéciale d’enquête, selon le document officiel produit par les services du ministre d’Etat Jeannot AHOUSSOU KOUADIO.
C’est dans ce contexte que le régime Ouattara prévoit d’organiser l’élection présidentielle de 2015, avec une Commission Electorale Indépendante (CEI) et un Conseil Constitutionnel totalement à sa solde.
Hier, alors que les rebelles étaient toujours armés et que le pays restait divisé en deux zones, la Communauté Internationale a imposé à la Côte d’Ivoire l’organisation de l’élection présidentielle du 30 octobre 2010, dite ‘’élection de sortie de crise’’. En effet, selon ladite communauté l’élection présidentielle était la seule voie de conciliation et de sortie de crise. Cette élection s’est déroulée dans un climat de tension extrême et a débouché sur un conflit armé. La Côte d’Ivoire a été ainsi plongée à nouveau dans une situation chaotique et de désordre sans précédent, après celle consécutive à la tentative du coup d’Etat du 19 septembre 2002 transformée en rébellion armée. Cette situation a engendré une dictature féroce que subissent malheureusement aujourd’hui les Ivoiriens, qui n’ont d’autre pays que la Côte d’Ivoire.
Alors, le Président Laurent Gbagbo, en homme d’Etat avisé, démocrate, responsable et soucieux de la paix et du bien-être de son peuple, a très tôt, compris la nécessité de la recherche de solutions négociées et consensuelles. Aussi, à son arrestation par les forces coalisées, le 11 avril 2011, a-t-il déclaré à l’Hôtel du Golf : « La phase militaire de la crise a pris fin, passons maintenant à la phase civile… ».
C’est pourquoi, dès le 29 septembre 2011, la Direction intérimaire du FPI conduite par le président Sylvain Miaka OURETTO a déposé, auprès du pouvoir issu du coup de force du 11 avril 2011, un mémorandum pour l’ouverture de discussions afin de gérer de façon négociée et consensuelle la question des élections.
Les discussions Gouvernement/FPI appelées « Dialogue Direct » n’ont commencé que le 18 janvier 2013, soit 15 mois après la demande expresse du Front Populaire Ivoirien. Elles ont été interrompues le 29 mars 2014, avec quelques accords d’ailleurs non appliqués du fait du mépris, de l’arrogance et de la mauvaise foi affichés par le pouvoir Ouattara.
Rappelons, à toutes fins utiles, que ces discussions ont porté sur les préoccupations suivantes :
1. La question sécuritaire, notamment :
– Le désarmement des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (F.R.C.I) et l’encasernement des militaires ;
– La démobilisation des chasseurs traditionnels (Dozos) et autres miliciens ;
– L’arrêt des persécutions, des enlèvements, des emprisonnements et des tueries des militants et sympathisants de l’opposition.
2. La manifestation du jeu démocratique, notamment :
– La liberté d’expression et d’action des partis politiques de l’opposition sur l’ensemble du territoire national (meetings, réunions, marches, …) ;
– L’accès des partis politiques de l’opposition aux médias d’Etat ;
– La reforme de façon consensuelle de la Commission Electorale Indépendante (CEI) dans sa composition, son organisation et son fonctionnement.
3. L’Etat de Droit et le fonctionnement des institutions, notamment :
– L’arrêt de la politique du favoritisme ethno-tribal dite du ‘’rattrapage ethnique’’ ;
– Le respect des textes de lois par l’Etat et par tous les Ivoiriens ;
– L’arrêt de la justice à deux vitesses qui ne condamne que les personnes proches du Président Laurent Gbagbo ;
– Le dégel des avoirs bancaires ;
– La libération des domiciles occupés et la restitution des biens confisqués, ainsi que le dédommagement de toutes les victimes ;
– Le financement des partis politiques, conformément à la loi ;
– La fin des licenciements abusifs et de la mise à l’écart des cadres et des personnes proches du FPI ou du président Laurent Gbagbo.
4. La question de la réconciliation nationale, notamment :
– La libération du Président Laurent Gbagbo ;
– La libération de tous les prisonniers politiques civils et militaires ;
– Le retour apaisé et sécurisé de tous les exilés ;
– La réparation des préjudices avec indemnisation de toutes les victimes ;
– La question du Grand-Ouest (tueries massives, foncier rural, insécurité, repeuplement, etc.) ;
– Les problèmes fonciers.
Comme pour distraire l’opinion nationale et internationale, le régime Ouattara a créé « le Cadre Permanent de Dialogue » (CPD), dont le FPI ne fait pas partie. Les mêmes préoccupations ont été presque exactement abordées par les membres de cette autre structure
Aujourd’hui, à deux mois de la date fixée pour l’élection présidentielle, le Front Populaire Ivoirien constate avec regret que, tant dans le cadre du « Dialogue Direct Gouvernement/FPI » que dans celui du « Cadre Permanent de Dialogue », les préoccupations des partis politiques de l’opposition en particulier et celles du peuple ivoirien en général n’ont pas été satisfaites. Pis:
– Monsieur Youssouf Bakayoko demeure toujours à la tête de la Commission Electorale Indépendante (CEI), alors que c’est suite à la déclaration de son opinion personnelle, faite en lieu et place des vrais résultats de l’élection présidentielle de 2010, au quartier général de campagne du candidat Alassane Ouattara, que la Côte d’Ivoire a connu le second conflit armé ;
– Une liste électorale suspecte a été établie unilatéralement par le régime ;
– Monsieur Alassane Ouattara, inéligible conformément à l’article 35 de la Constitution ivoirienne, fait un passage en force, pour se présenter à l’élection présidentielle et se maintenir au pouvoir.
– L’opposition continue d’être brimée par le régime. L’attaque du meeting de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) par les militants du RDR aidés des forces de l’ordre, sous l’œil bienveillant du Ministre d’Etat Amadou Gon Coulibaly, et qui a occasionné des blessés graves et de dégâts matériels importants, le samedi 15 août 2015 à Korhogo, en est la parfaite illustration. Elle achève de convaincre que les conditions d’une élection transparente et démocratique sont loin d’être réunies.
En conséquence de ce qui précède, le Front Populaire Ivoirien, après en avoir décidé lors de son Comité Central Extraordinaire du 1er août 2015 :
• Réaffirme qu’il est inopportun d’organiser l’élection présidentielle en octobre 2015 en Côte d’Ivoire ;
• Demande à ses militantes, militants, sympathisants et au peuple souverain de Côte d’Ivoire de ne pas s’associer à une mascarade d’élection aux conséquences imprévisibles ;
• Affirme qu’en temps opportun, il se donnera les moyens légaux pour faire barrage à toute imposture et toute forfaiture d’où qu’elles viennent ;
• Met en garde quiconque prétendrait se présenter à l’élection présidentielle frauduleusement au nom ou sous la bannière du FPI ;
• Prévient également qu’il s’opposera par les moyens légaux à l’organisation et à la tenue de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire tant que les préoccupations légitimes dûment exprimées et largement partagées par l’opinion nationale ivoirienne ne seront pas satisfaites ;
• Exhorte ses militantes, militants, sympathisants et les démocrates de tous bords à rester mobilisés, à l’écoute des mots d’ordre du Parti et prêts pour les batailles futures en vue de libérer et restaurer la Côte d’Ivoire.
Fait à Abidjan le 10 Août 2015
Pour le Front Populaire Ivoirien
Le 1er Secrétaire Général Adjoint,
Porte-parole par intérim
Koné Boubakar
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