Interview par Connectionivoirienne.net
«je viens pour chasser l’obscurité avec la lumière afin de redorer l’image ternie de l’Unjci»
Un fonceur, un gagneur. Ainsi se définit Coulibaly Vamara, candidat déclaré pour le 9e congrès de l’Unjci des 1er et 2 août prochains. La voix volubile et rassurante, l’esprit débordant d’idées généreuses, le directeur de publication du plus grand groupe de presse privée, Coulibaly Vamara, se veut l’homme de la rupture qui veut redonner à l’Unjci ses lettres de noblesse. Il compte pour cela sur les journalistes à qui il promet ce que tous les autres n’ont pu réaliser. Nous l’avons rencontré à son bureau du groupe olympe. Interview
Qu’est-ce qui vous amène à être candidat au prochain congrès de l’Unjci ?
Les raisons de ma candidature sont multiples. Mais il y a une raison principale qui est que j’ai un plan pour l’Unjci. J’ai un plan pour la restauration de l’image de l’Unjci gravement ternie par plusieurs années de négation de son éthique et de sa déontologie.
Soyez un peu plus explicite
Souffrez que je n’aille pas plus loin parce que tout le monde sait et le fait est palpable. Le fait étant palpable, nous avons tous le devoir en tant que journalistes de Côte d’Ivoire, de nous lever et de nous battre pour cette cause. C’est pour cela que j’ai bien voulu me porter candidat à la présidence de l’Unjci et puis évidemment pour apporter ma petite pierre à l’édification de notre maison.
Cette image ternie n’est-elle pas comme une tache indélébile collée malheureusement à tous les journalistes taxés de corrompus par une certaine opinion ? Qu’est-ce que
Vamara peut y changer une fois président de l’Unjci ?
Qu’est-ce que selon vous, on peut prendre pour chasser l’obscurité ?
Je vous retourne la question
C’est bien avec la lumière qu’on chasse l’obscurité. Alors si les gens nous taxent de corrompus, il nous appartient d’adopter l’attitude de bonne moralité. C’est de cela qu’il sera question donc il va falloir sen-si-bi-li-ser les journalistes. Heureusement que le jugement qu’on nous fait est un faux jugement à mon avis. Il est peut-être pour une minorité. Sinon la plupart des journalistes ivoiriens sont des gens propres et bien.
Pensez-vous que les problèmes des journalistes ne sont pas ailleurs que dans une bataille de restauration de l’image de la corporation ? N’y a-t-il pas des préoccupations beaucoup plus importantes que ça ?
Evidemment, il y a des problèmes beaucoup plus importants mais pour qu’on te prenne au sérieux et t’aider à régler ton problème, présente de toi l’image de quelqu’un qui est sérieux et crédible. C’est seulement à ce prix que d’autres personnes pourront s’investir à tes côtés. Si ce n’est pas le cas, tout le monde va t’abandonner parce que personne n’a envie de s’afficher avec des personnes qui manquent de crédibilité.
Et sur cette question votre concurrent dit que, ici au pays ‘’on se connaît tous’’. Qu’est-ce que vous répondez à cela ?
Effectivement on se connaît tous. On se connait vraiment tous. Tout le monde traine des casseroles et ce n’est pas seulement chez les journalistes. Tout le monde traîne des casseroles mais, il y a des casseroles qui font plus de bruit que d’autres. Ça dépend de la matière avec laquelle on a fait la casserole, ça dépend de la forme de la casserole. Sinon on se connait effectivement. On sait qui fait quoi, qui a fait quoi, qui est coutumier de quoi. Là il n’a pas tort mais je lui laisse l’entière responsabilité de ses propos.
Quel est le projet qui vous tient à cœur et que voulez-vous apporter aux journalistes ?
Je veux apporter beaucoup aux journalistes. On m’a rapporté que quelqu’un a dit que c’est une utopie que de penser ‘’projet immobilier’’ pour les journalistes. Mais le dire voudrait dire qu’on a envie de ne rien faire pour que les journalistes aient des toits. Comment se fait-il que des corps de métier qui sont moins nantis que les journalistes arrivent à intégrer des projets immobiliers pour leurs corporations alors que les journalistes n’y arrivent pas ? Ceci veut dire qu’il y a un problème avec ceux qui doivent prendre ce genre d’initiatives. Le projet qui nous tient à cœur et que nous allons réaliser, c’est le projet immobilier des journalistes. Nous avons déjà trouvé le partenaire pour le faire. D’autres projets concernent la formation continue des journalistes parce qu’on a remarqué que aller à des séminaires à Bassam pour revenir, ce ne sont pas des choses qui permettent de relever le niveau. Nous avons en projet de nous mettre en rapport avec les chancelleries pour permettre à nos journalistes d’aller se former. Le social sera aussi un chantier important dans notre gouvernance. A ce niveau nous avons plusieurs plans.
Revenons sur le projet immobilier qui revêt un caractère important. Qu’est-ce qui vous faire dire que vous allez réussir là où presque tous les présidents de l’Unjci qui se sont succédé n’ont rien pu du fait des contingences du milieu ?
Quand on dit que nous avons un projet immobilier pour les journalistes cela ne voudra pas dire qu’on appelle les journalistes pour que chacun vienne débourser vingt millions. Il s’agit d’un projet. En tout cas pour ce que nous avons vu avec notre promoteur, c’est un projet qui va s’étendre sur quinze ans au moins. En Côte d’Ivoire, avec la nouvelle configuration salariale des journalistes, je pense qu’il y en a plusieurs qui peuvent s’offrir une maison sur quinze ans. Peut-être que les présidents qui sont passés n’ont pas pu mettre en musique ce projet parce que l’environnement salarial n’était pas trop propice et il faut le reconnaitre. Avec l’application partielle de la convention collective, les journalistes peuvent décemment s’offrir un logement. C’est possible.
Envisagez-vous une réforme du prix Ebony ? Si oui, qu’allez-vous apporter comme réforme à ce prix ?
Notre programme s’articule autour de cinq points essentiels dont la réforme du prix Ebony. Nous parlons de valorisation du prix Ebony. Nous envisageons un séminaire de réorientation du prix Ebony. Ce que nous avons remarqué, c’est qu’il y a des journalistes qui ne se sentent pas concernés par Ebony parce qu’ils animent des rubriques non prises en compte. Il faut y intégrer tous les genres journalistiques et quand on a promis une villa au lauréat du prix Ebony, il faut que la villa soit effectivement donnée. Nous pensons aussi que le prix Ebony récompense le meilleur journaliste de Côte d’Ivoire. En tant que tel, nous estimons qu’il faut ouvrir ce prix à tous les journalistes professionnels de Côte d’Ivoire. Il y a de bons journalistes qui n’appartiennent à aucune structure mais nous sommes à la recherche de l’excellence donc il faut l’ouvrir. De la sorte, le meilleur peut vraiment être fier d’être le meilleur journaliste de Côte d’Ivoire. Tous les journalistes professionnels de Côte d’Ivoire doivent être concernés par le prix du meilleur journaliste de Côte d’Ivoire. Autre innovation que nous voulons introduire, c’est d’aller vers les candidats non retenus pour leur montrer les faiblesses de leur production afin qu’ils puissent s’améliorer pour les sessions à venir. Nous voulons aussi instituer un autre prix pour récompenser les photographes, les photoreporters, les meilleures unes des journaux et renforcer l’indépendance du jury avec l’intégration des lecteurs dans les articles à primer.
Vous aurez le temps d’exposer sur votre programme mais revenons à la convention collective. Est-ce que l’Unjci que vous allez diriger sera suffisamment forte pour faire admettre l’application de la convention collective par des patrons de plus en plus malins et réticents vis-à-vis de cette exigence ?
Je réponds oui et nous avons notre plan. Certainement que ce plan va inspirer nos adversaires.
Quel est ce plan ?
Vous savez que l’Unjci elle-même n’est pas une structure de revendication. C’est ce qui a amené la mise sur pieds du Syndicat de la presse privée de Côte d’Ivoire, le Synappci et d’autres syndicats. Il va falloir donner beaucoup plus de moyens à ces syndicats-là pour se battre pour la cause des journalistes. C’est eux qui sont outillés pour ce combat. Mais tout ne se fera pas dans les palabres. C’est pour ces raisons que l’Unjci que nous allons diriger va instaurer la mise sur pieds d’un cadre tripartite avec d’un côté les patrons de presse (éditeurs, patrons de radios de proximité, patrons de TV), de l’autre, les syndicats et enfin l’Unjci. Nous allons créer un cadre de discussion qui sera trimestriel pour non seulement parler des problèmes du milieu de la presse mais pour parler aussi des conditions de vie et de travail. Quand ces trois entités vont parler le même langage et que nous allons nous comprendre, vous verrez que beaucoup de choses vont avancer. Nous serons alors moins ridicules devant les autorités. Il nous faut ce cadre-là pour parler d’une seule voix quand nous serons devant les autorités. L’application de la convention collective n’est pas une guerre ! C’est un combat qui engage tout le monde parce qu’il est clair que quand tu paies bien ton journaliste, il donne le meilleur de lui-même et ainsi le produit que tu mets sur le marché peut intéresser les lecteurs.
L’Unjci est la plus influente faitière des journalistes et pour l’avoir il va falloir mobiliser des moyens matériels et humains. Qui est derrière Vamara dans cette aventure présidentielle ?
Belle question ! Ce sont les journalistes qui sont derrière moi. C’est une élection des journalistes et on ne s’engage pas dans une élection de journalistes avec derrière soi, des personnes autres que des journalistes. Je ne compte que sur les journalistes ! Ce sont les journalistes qui sont mes parrains et c’est sur eux que je suis adossé et c’est sur eux que je compte pour gagner. Il y a des gens qui ont passé tout leur temps à me présenter comme militant de tel ou tel parti. Ils ne m’ont jamais vu à un meeting de ces partis.
Disons-le net, on vous reproche d’être proche de l’opposition notamment de l’ex-LMP de Laurent Gbagbo ?
(Rires). On me le reproche mais je ne sais même pas à quoi cela répond. On se retrouve dans un cadre ou dans une association de journalistes où vous avez des pro-Pdci, des pro-Rdr, des pro-Fpi, il y a tout le monde parce que brasser tout le monde est l’un des critères pour former le conseil. D’où vient le fait qu’on reproche à quelqu’un d’être d’un tel ou tel bord ? On ne vient pas à l’Unjci pour servir telle ou telle cause ! On vient pour servir les journalistes.
Mais vous êtes issu du groupe Olympe, le plus grand groupe de presse privée qui édite les quotidiens « Soir info » et « L’inter ». Ceux qui vous font le reproche et que nous avons entendu, s’appuient sur les unes de vos journaux qui feraient la part belle à l’opposition et en défaveur du pouvoir. Est-ce votre sentiment aussi ?
Oh que non ! C’est un mauvais jugement ! Les unes du groupe Olympe ne sont favorables à personne. Elles sont simplement favorables à l’information. Si vous avez remarqué, le secret du groupe Olympe, c’est l’information. Nous laissons les commentaires aux lecteurs.
Justement ! Ils sont donc libres de vous faire ce reproche d’être pro-opposition dans leurs commentaires ?
Ils sont libres mais encore qu’avec mes journaux, je suis dans le cadre de mon travail. Je peux avoir un parti mais ça ne peut pas influencer mon travail. Je mets au défi tous ceux qui me taxent d’être LMP de me donner la preuve de mon militantisme politique. Je suis militant du journalisme. Depuis 21 ans c’est ce que je fais. A l’origine, je suis journaliste sportif. Chez nous en sport, tout le monde y est, des LMP, des RHDP et des non-affiliés. Et puis est-ce que les journalistes ont dit qu’ils ont besoin d’un militant à la tête de leur structure pour que tu me présentes comme militant de l’opposition. Ce qui veut dire que toi tu es militant du pouvoir. Je réfute cela.
Vous avez dirigé l’Ajsci, l’association des journalistes sportifs de Côte d’Ivoire. Vos détracteurs avancent que vous y avez trainé des casseroles et que vous n’êtes pas bien placé pour diriger l’Unjci. Qu’en dites-vous ?
Quelles casseroles je traine ? Parce qu’il est facile de le dire. Je suis membre fondateur de l’Ajsci, j’étais le premier président de l’Ajsci. J’y ai passé six ans et quand mon mandat est fini, les journalistes m’ont demandé de changer les textes pour me représenter. J’ai dit niet et je suis parti. Je traîne quelles casseroles ? Alors qu’on les mette sur la place publique, je les attends.
Le groupe Olympe a déjà donné deux présidents à l’Unjci avec Amos Béonaho et Criwa Zéli. Est-ce que vous vous dites si eux pourquoi pas moi selon le dicton qui dit qu’il n’y a jamais deux sans trois ?
Non, pas forcément ! Amos Béonaho a été président de l’Unjci après Honorat de Yédagne. Vous vous souvenez certainement de l’histoire de notre association. Vous savez quelle a été l’impulsion qu’Amos Béonaho a donnée à l’Unjci en deux mandats. Criwa Zéli lui a succédé, malheureusement, il n’a fait que neuf mois et il est décédé. Il faut faire la remarque. Sous leur impulsion, l’Unjci a connu de grands moments et je voudrais leur rendre hommage. Mais je ne dirai pas que comme ils ont été alors moi je serai. Non ! Je dirais peut-être qu’il y a un cycle et que le temps est arrivé que ce soit moi. Ça peut paraître monotone mais c’est peut-être lié au fait que nous portons cette association (l’unjci, ndlr) à bras le corps et c’est peut-être aussi les lois de la nature qui le voudront comme cela.
Vamara est-il un fonceur, un gagneur ? Où se place-t-il ?
Je vous donne les éléments de mon jugement. Je suis à la tête du groupe Olympe en tant que Directeur de publication depuis 2013. Mais avant j’ai été entre 2011 et 2013, directeur de publication de Soir Info. Vous pouvez me juger aux résultats engrangés par ce groupe. Je pense que si je n’étais pas un fonceur, si je n’étais pas un gagneur, le groupe Olympe ne serait pas aujourd’hui là où il est.
Un grand magazine de ce groupe, « Star Mag » est quand même tombé !
Non non non ! Star Mag n’est pas tombé ! Il est en restructuration. Sinon lorsqu’on arrêtait Star Mag, il n’était pas le dernier des magazines. Il est en restructuration, nous sommes en train de le repenser. Star Mag revient bientôt et je vous en donne l’assurance et la primeur.
Si Vamara devait s’identifier à un animal ce serait lequel ?
Non je ne suis pas un animal !
Oui mais si vous deviez l’être ? Serait-ce un lion, une panthère ?
Pourquoi un lion ? Ou bien parce que le lion fonce ? Vous voulez que je sois un lion ? Enfin ! Mais mon signe zodiaque est ‘’poisson’’. Mais si je devais ressembler à un animal, je dirais que je suis un faiseur de paix, je suis donc une colombe.
En littérature quel est le dernier livre que vous avez lu ?
C’est un livre sublime. Il est de Paolo Coelho, un auteur brésilien, « la cinquième montagne ». C’est l’histoire du prophète Elie. Si vous êtes chrétien, cherchez à comprendre l’histoire du prophète Elie. Avant ce livre, j’ai lu « l’adultère » de Paolo Coelho. Avant ça, j’ai lu un autre de Paolo Coelho « l’atout ». Avant ça j’ai encore lu Paolo Coelho « les manuscrits retrouvés »
Finalement c’est votre auteur préféré ?
Vous aurez tout compris.
Par SD à Abidjan
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