Nous vous proposons trois interventions différentes les unes des autres sur le résultat des inscriptions sur la liste électorale présentés hier par la Commission électorale ivoirienne [CEI]. Le premier intervenant Ferro Bally est observateur indépendant, le second Martial Ahipeaud est membre de la CNC, candidat à la présidentielle de 2015 et le dernier intervenant Apollos Dan Thé, actuaire de formation est membre des réseaux européens favorables à Pascal Affi N’guessan. Comme vous le constaterez les opinions diverges mais ne répondent pas à une question cruciale selon nous.
Que se serait-il passé si la liste électorale était mise à jour annuellement comme le stipule l’article 5 du code électoral n° 2000-514 du 1er aout 2000 portant code électoral telle que modifiée par les lois n°2012 -1130 du 13 décembre 2012, n°2012-1193 du 27 décembre 2012 et n°2015-216 du 02 avril 2015 ?
L’on pourrait y ajouter une autre question très simple. Pourquoi l’ivoirien majeur n’est-il pas automatiquement inscrit sur la liste électorale ?
Pour indication, le nombre d’électeurs était de 1 661 480 en 1960, pour passer à 2 795 150 en 1980, ensuite à 4 408 810 en 1990 et de 5 475 143 en 2000.
Pays cherche électeurs
La population ivoirienne est dynamique et ne cesse d’augmenter: environ 16 millions d’habitants en 2000, 18 millions en 2010 et, selon le 4è RGPH, 23 millions en 2014.
Mais tout se passe comme si des « méthodes contraceptives » étaient appliquées, d’une manière ou d’une autre, pour contrôler le nombre d’électeurs. Pour 3 millions de nouveaux inscrits attendus, la Commission électorale indépendante (CEI) n’a enrôlé, en un mois et demi, que 344.295 nouveaux réquérants, soit 11,47%.
Le corpus électoral pour les élections à venir dont la présidentielle d’octobre avoisine donc les 6,2 millions inscrits, dans la proximité du chiffre fatidique de 5 millions d’électeurs.
Depuis 2000, le compteur est, en effet, bloqué. En 2000 et 2010, la Côte d’Ivoire comptait respectivement 5.475.143 et 5.784.490 inscrits, soit 309.347 nouveaux électeurs en dix ans de rébellion armée et d’instabilité politique.
En 2015, malgré la naturalisation de tous les présumés apatrides, l’intégration dans la nationalité ivoiriennes de tous ceux qui en auraient été spoliés et toutes les projections optimistes, notre pays n’enregistre que 344.295 nouveaux réquérants.
Il ne faudra pas être surpris qu’au lieu de 6.128.785 inscrits (5.784.490 + 344.295), la liste électorale connaisse une cure d’amaigrissement. Car, au lendemain de la crise post-électorale, avec des milliers de morts, des emprisonnements et des privations des droits civiques, si la CEI effectue un vrai travail de nettoyage et d’actualisation du fichier électoral, de mauvaises surprises, dont une population électorale inférieure à celle des scrutins précédents, pourraient créer l’événement des prochaines consultations générales.
FB
Enrôlement: Triplement des chiffres en 12 jours et échec de Youssouf Bakayoko
Donc, en moins de 12 jours ( en retirant les jours fériés), la CEI de Bakayoko a réussi à passer la barre des 300 000 enrôlés, soit une multiplication par presque 3 du chiffre fait en 30 jours. En dépit de notre scepticisme quant à la véracité de ces nouveaux chiffres dans un contexte de rumeur sur des processus parallèles d’enrôlement, qu’on nous permette de conclure en un échec cuisant du pouvoir. On s’achemine donc vers une population électorale de presque 6 millions sur une population nationale non encore officiellement connue puisque les résultats officiels du recensement de la population restent encore un mystère.
Questions: Est-ce que la population nationale est-elle vraiment ce qu’on nous dit ou alors elle est largement inférieure puisque les statistiques restent constantes depuis 2000 avec une liste de nouveaux majeures toujours dans la marge des 300 000? Ou alors est-ce une inefficacité totale des agences commises à la tâche? J’ose croire que c’est la dernière hypothèse qui est juste puisque nous avons eu, dans les deux cas, affaire à un seul et même agent: La Sagem.
Autres questions alors: Pourquoi le pouvoir s’entête à maintenir un processus qui ne soit pas à même de nous permettre d’avoir des résultats d’enrôlement ou de recensement objectifs? Comment la planification stratégique peut-elle se faire sur la base de chiffres qui ne soient pas fiables? Comment expliquer cette tendance stagnante des chiffres quant aux recensements généraux ou électoraux?
A la vérité, pourquoi devrait-on se voiler la face? Le contexte politique délétère et de défiance, sinon vis-versa, explique que la Côte d’Ivoire ne soit pas à même d’obtenir un dénombrement efficient de sa population ou de sa démographie électorale. Ce contexte explique les distorsions quant aux bases de données en bien de points et secteurs. Avec la fin du Ramadan qui a surpris ceux comme nous autres qui avons accompagné nos amis musulmans par des journées certes longues de méditations-Merci à l’épouse de mon frère Nguessan pour ses repas du temps de rupture du jeûne-, il n’est pas inutile de s’interroger sur les perspectives de notre pays: Doit-on continuer à fermer les yeux sur la situation actuelle ou alors tirer les leçons pour nous asseoir et trouver des solutions idoines? Il me semble qu' »asseyons-nous et discutons » reste une meilleure option « qu’allons seulement ».
Que celui qui a des oreilles entende et bonne fête de fin de Ramadan à tous!
Dr Martial Joseph AHIPEAUD
Président de l’UDL
Membre fondateur de la CNC
Ceux qui pensent que le boycott a vraiment eu un effet se trompent
Ceux qui pensent que le boycott a vraiment eu un effet se trompent car le nombre d’inscrits sur la liste électorale est bel et bien dans la fourchette normale. De 2000 à 2010 on a eu 309.000 nouveaux électeurs, en 10 ans. Avec la liste actuelle, de 2010 à 2015 on a 344.000 nouveaux inscrits, en 5 ans. Donc en 5 ans, on eu plus d’inscrits qu’en 10 ans lors des dernières élections, il n’y a pas eu d’effet de boycott. Le nombre de 344.000 de nouveaux inscrits est tout à fait raisonnable et en adéquation avec le nombre croissant de nouveaux majeurs et de nouveaux ivoiriens.
La grosse erreur que font les gens c’est d’avoir le chiffre de 3 millions en tête. C’est un nombre balancé par Dramane en vue de sa tricherie. Ce nombre représente la totalité des nouveaux majeurs selon le récent recensement, mais c’est connu, tous les nouveaux majeurs ne se bousculent pas pour s’inscrire sur la liste électorale et cela a toujours été ainsi dans notre pays. Mieux, cela est ainsi dans tous les pays du monde, les jeunes ne s’intéressent pas trop aux élections. Cela n’a rien à avoir avec un quelconque boycott. Au demeurant, dire que le boycott a marché parce qu’on n’a pas pu atteindre les 3 millions nouveaux inscrits, c’est mettre de l’eau au moulin de la tricherie de Dramane car c’est évident qu’il veut atteindre ce nombre hypothétique par le gonflement illégal de la liste avec les gens auxquels il a distribué les fausses cartes d’identité. La liste électorale est au niveau normal où elle devait être.
Dramane, ta fraude ne passera pas, il n’y aura pas 3 millions de nouveaux inscrits, la liste électorale ne gonfle pas aussi vite et brusquement, c’est du jamais vu dans aucun pays. Ô honte aux tricheurs et à ceux qui leur facilitent la tâche sans se rendre compte.
La bataille électorale devient intéressante, pourquoi ne pas y croire ?
Amougnan
Apollos Dan Thé
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