Sous le président Ouattara, la Côte-d’Ivoire enregistre une croissance sans progrès social

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PRAO Yao Séraphin, MNSEA

Le président Ouattara et ses partisans répètent bruyamment les mérites de son mandat. Au nombre des prouesses, il revient avec insistance, le taux de croissance positif que le pays enregistre depuis 2012. Et pourtant, la réalité nous interdit tout excès de joie car les faits commandent une certaine retenue de la part des militants du rassemblement des républicains (RDR). Dans les lignes qui suivent, il s’agira pour nous de présenter dans un premier temps, un pays aux multiples potentialités. Dans un second temps, relativiser la notion de croissance surtout dans les pays pauvres. Dans un troisième temps, ramener les rêveurs du RDR à la réalité quotidienne des Ivoiriens.

La Côte d’Ivoire est un pays aux potentialités multiples

Le sous-sol ivoirien dispose des potentialités estimées à 3000 millions de tonnes de fer, 390 millions de tonnes de nickel, 1200 millions de tonnes de bauxite, 7 millions de tonnes de manganèse et 100 000 carats de diamant. L’exploitation et la transformation pourront soutenir la croissance par la diversification. Avec ces potentialités, même un président paresseux et absentéiste pourra garantir un taux de croissance minimum de 3% l’an.

La croissance est nécessaire mais pas suffisante

Le Président Ivoirien fait de la croissance économique une finalité. Et pourtant, en Afrique, le devoir de tout gouvernant est de réduire les inégalités et améliorer le bien-être des populations gagnées par l’extrême pauvreté. On souligne fréquemment les fortes disparités qui peuvent exister entre, d’une part, l’indicateur économique du PNB et les indicateurs sociaux : par exemple, l’Arabie Saoudite a un revenu quinze fois plus élevé que celui du Sri Lanka, et un taux d’alphabétisation des adultes inférieur à celui de ce même pays ; la mortalité infantile au Brésil est quatre fois celle de la Jamaïque, alors que son PNB par habitant est deux fois plus élevé. Ces écarts mettent en évidence les différences dans les politiques alimentaires et de redistribution, et la variété des objectifs dans le développement. Dans les classements effectués, la Chine et le Sri Lanka, pays en bas de l’échelle des revenus par tête, se trouvent en bien meilleure position avec l’indicateur mixte du PNUD fondé sur des critères sociaux et économiques

Ouattara et sa croissance sans progrès social

En considérant le progrès social comme un état jugé meilleur par rapport au passé, il est possible de dire que la Côte d’Ivoire va très mal. Le rapport 2015 sur le bonheur élaboré par d’importants chercheurs dont Jeffrey Sachs, vient nous rappeler la réalité en Côte d’Ivoire. Les chercheurs ont étudié l’espérance de vie à la naissance, le PIB par habitant, le soutien social. Mais aussi la confiance (mesurée par la perception d’une absence de corruption politique ou dans les affaires), la perception de liberté dans ses choix de vie, et la générosité. Sur 158 pays, le pays est classé (151e) donc se situant parmi les 10 pays les moins heureux au monde.
Dans notre pays, l’indice de développement humain est passé de 0,439 en 2010 à 0.452 en 2013. On constate un faible impact de la croissance économique sur l’IDH. La Côte d’Ivoire qui compte aujourd’hui une population d’environ 23 millions, enregistre un taux de pauvreté estimé à 48,9% et un revenu par tête de 532,797 (1.090 dollars).

Le taux de couverture en eau potable sur Abidjan est de 82 % et de 75 % sur l’ensemble du territoire national. Le reste de la population consomme l’eau de puits privés, celle distribuée par des vendeurs d’eau informels, ou encore celle des rivières ou autres sources d’eau non hygiéniques. Le développement ne se mesure pas à l’aune des statistiques. L’essor de la Côte d’Ivoire n’est pas simplement limité à la construction des infrastructures, à des aspects brillants et superficiels.

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