Anaky encourage la CNC dans « la bataille pour une transition civile » (Lettre ouverte du MFA à la CNC)
Chères frères, amis et camarades de la C-N-C
Pour ce qui est des élections générales de 2015, et plus particulièrement de la plus importante, la présidentielle, nous nous devons tous d’interpeller les deux grands réalisateurs de la scène publique de notre pays.
En effet, ils ont, deux ou trois années à l’avance, planté le décor, mis en place orchestres, acteurs et figurants, dans une mise en scène que l’histoire ne manquera pas de retenir ; en d’autres termes, pour la présidence 2015-2020, le duo Ouattara-Bédié restera au pouvoir ; et il n’y aura, en Côte d’Ivoire, au niveau des acteurs politiques, de la société civile comme de la population, que deux camps.
A) Celui de ceux qui suivent aveuglement et ne doivent utiliser leur entendement, non pas pour observer et s’interroger sur un quelconque bilan du mandat de Ouattara, mais pour paraitre les plus laudateurs et enthousiastes possible.
Ainsi, tous les jours, il nous sera fait étalage de marques ou manifestations d’émerveillement béatifique devant le génie politique de Bédié qui a engendré l’Appel de Daoukro, ou face aux ouvrages d’art du grand bâtisseur Ouattara, auquel le nombre de mandats, au delà des deux initialement réservés pour surplomber la lagune Ebrié, est désormais plutôt open!
B) Il y a aussi forcement le camp de ceux qui ont un autre regard de l’ensemble de la gouvernance Ouattara après quatre années, et qui, plus attentifs aux conditions de vie des populations les plus démunies comme de la classe moyenne, en milieu urbain comme rural, sont beaucoup plus réservés, sinon même inquiets devant tout ce qui ne va pas en la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui.
Le préambule de votre charte, celle de la CNC, en a livré un état aussi complet qu’implacable.
Et les partis politiques, la société civile et les millions d’Ivoiriennes et d’Ivoiriens qui ne se reconnaissent pas dans le grand opéra de Bédié – Ouattara qui vient de démarrer ses représentations, n’ont aujourd’hui les yeux tournés que vers la C-N-C, qui est la seule plate forme politique, à ce jour, qui a clairement annoncé les couleurs en disant qu’elle se constituait pour battre Ouattara aux élections et mettre fin à son pouvoir.
Oui, chers frères, amis et camarades de La Grande Coalition, tout le monde vous rejoindra, et soyez assurés que la majorité de la Côte d’Ivoire vous a déjà ouvert son cœur.
Voici près de 5 mois que Ouattara est en campagne électorale !!! D’ailleurs, à partir de maintenant, et jusqu’à l’élection , on peut dire que la Côte d’Ivoire ne travaillera plus, et ne vivra qu’au rythme et au souffle de cette présidentielle qui, à mon modeste avis, au cas où ce semblant de déferlante RHDP n’est pas freiné quelque part, ou ne trouve pas rapidement pour lui faire face, le phénomène de force sociale que la Grande Coalition porte en elle, nous allons inéluctablement vers des élections à la hussarde qui permettront à la firme Bakayoko corporation d’annoncer, par la voix de ses cinq fondés de pouvoir, dès 13h, le jour du vote, la victoire à 100% des pro- Ouattara. Il vaudrait mieux tout arrêter et plébisciter Ouattara en urgence pour que le programme de son œuvre céleste pour la Côte d’Ivoire ne souffre même pas un jour de ralentissement !
Chères frères, amis et camarades de la CNC, de la Grande Coalition, je vous sais au travail ; tout a certainement déjà été préparé et est même « calé », mais c’est l’un de vos membres naturels, à savoir LE MFA, par la voix de son président ANAKY KOBENA, qui voudrait vous faire une petite mais importante proposition !
En effet, évaluons ensemble les chances que nous avons d’obtenir, en quatre mois, la satisfaction de nos revendications principales, pour des conditions d’élections correctes et acceptables.
A- Les FRCI et les DOZOS seront ils intégralement désarmés, encasernés ou fixés à demeure ? Il y a déjà le problème des effectifs réels! On nous parle de 18.000, mais des ONG travaillant sur le terrain ont dénombré au moins 100.000 ex-combattants en attente, ou dans la nature ; qui croire, qui comprendre ? Et Personne n’a encore opposé un démenti à ces ONG, ni l’ADDR, ni le Ministère de la Défense! Le désarmement et la sécurisation des élections seront-ils au rendez-vous ?
B- Les vrais contrôles quant à la fraude sur la nationalité ivoirienne, n’ont pas encore été engagés par une grande commission réunissant les partis politiques, la société civile et le Ministère de l’Intérieur ; dans ces conditions, combien de personnes, ayant obtenu des papiers Ivoiriens par fraude, pourront prendre part au vote ? Et, depuis quand cette fraude est-elle organisée à grande échelle ?
Pour votre information, lors de son récent voyage à Paris, le Président du Burkina, Kafondo, a publiquement exprimé ses craintes de votes transfrontaliers ; De Burkinabés en Côte d’Ivoire, et d’Ivoiriens au Burkina ; tous avec d’authentiques faux papiers d’un pays comme de l’autre.
Et qui ne sait pas que le maitre d’œuvre de cette alchimie, l’un des plus grands spécialistes de l’identification au monde, est quelqu’un que tous les Ivoiriens, surtout ceux d’Agboville, connaissent très bien ?
Pourrons-nous être tranquillisés sur ce point important dans les quatre mois qui restent ?
C-Nous ne transigerons pas sur le fait qu’avant de participer à des élections, la composition de la CEI devra être changée et la part exorbitante et antidémocratique qu’y a désormais l’exécutif corrigée.
Certes, l’Assemblée Nationale a déjà adopté la loi, les députés PDCI ayant choisi de baisser les bras ! Mais c’est bien la constitution qui demande une instance indépendante ! Et rien n’est au dessus de la constitution, même pas un vote de l’assemblée !
Par ailleurs, se pourrait –il que le cher frère PCA de BAKAYOKO CORPORATION, rende le tablier ou soit muté ailleurs, surtout que sa reconduction à ce poste aurait été le vœu le plus cher de quelqu’un qu’il aurait paradoxalement spolié de 600.000 voix aux dernières élections !
D-Et cette réconciliation , à laquelle notre pays aspire tant, mais qui, de toute évidence, est le cadet des soucis de Ouattara, avec le nombre encore élevé de prisonniers politiques et militaires, d’exilés peu motivés pour le retour, l’interdiction de s’exprimer de plus en plus durement imposée à l’opposition ou à tout ce qui va pas dans le sens voulu ? Verra-t-on vraiment de grandes et fortes mesures et décisions traduisant enfin une véritable volonté politique de tourner la page ?
Je pourrais continuer encore, mais je me dois de libérer votre attention pour la diriger vers ce qui, à mon sens, devrait être la véritable priorité du combat de tous ceux qui espèrent et veulent un changement, dès cette année 2015.
Puisqu’il se profile que dans leur course effrénée vers des élections dans les conditions présentes, qu’ils se font forts d’emporter dès le premier tour, Alassane Ouattara et Bédié feront la sourde oreille face aux doléances légitimes et fondées de l’opposition politique et de la société civile, que doit faire la CNC, la Grande Coalition, n’ayant pas le choix des armes ?
Oui, frères, amis et camarades de la CNC, de la Grande Coalition, notre premier et ultime combat doit être celui de la stricte application de la constitution de la Côte d’Ivoire.
Ce texte, notre loi fondamentale, au dessus de toutes les autres, et qui ne peut être amendé que par un referendum, par appel à la votation populaire, pose en son article 35 les conditions de l’éligibilité à la Présidence de la République.
Il se trouve que sur ce point, le candidat unique du RHDP, a un problème soulevé depuis 2000.
Et la situation d’exception qui a justifié le recours à l’article 48 de la constitution et qui a permis à tous les signataires des accords de Marcoussis d’être admis à l’éligibilité est loin derrière nous ; <<Côte d’Ivoire Is back !<<, n’est ce pas ?
Henri Konan Bédié, Président du PDCI et du RHDP, le sait le premier, bien avant tout le monde, puisqu’il a connu l’étudiant voltaïque Ouattara, à Washington, dans les années 1960.
Alors, frères et amis de la CNC, de la Grande Coalition, appelons toute la Côte d’Ivoire à nous rejoindre et à exiger que la constitution de notre pays soit respectée !
Ce qui veut dire, qu’à Ouattara et Bédié, nous disions clairement qu’il faut stopper leur campagne et leur machine, et, en bons nationaux Ivoiriens et démocrates, se soumettre à la constitution.
L’Alternative, pour eux, est simple : Si le RHDP a un autre candidat à présenter, pas de problème qu’on nous le présente vite, qu’on l’investisse et que la roue continue donc de tourner !
Mais si le RHDP n’a pas de plan B, -ce qui est à craindre- alors, ne cherchons pas loin, faisons référence et retour à notre histoire récente !
En effet, en 2002, lorsqu’il était apparu que l’entente entre le pouvoir Gbagbo, les Forces Nouvelles et L’opposition politique allait être longue et difficile à atteindre, et face au martyr des populations civiles et à la crainte de voir l’Etat s’effondrer, la communauté internationale a anticipé en enfermant tous les décideurs politique à Marcoussis pour déboucher sur Kleber et sur un régime de transition, le Gouvernement de Réconciliation Nationale.
Faut-il attendre un autre clash ? faut il attendre que des partis politiques ou une grande frange de la population boycottent l’élection, soit en ne se faisant pas enrôler, soit en restant chez soi le jour du vote ?Que représentera la légitimité d’un chef d’Etat élu dans ces conditions ?
Cher Frères et amis, de la Grande Coalition, adressons nous à toute la Côte d’Ivoire, à tous les amis de la Côte d’Ivoire, et à la Communauté Internationale ! Pour une fois, prenons nos responsabilités et anticipons !
Invitons tout le monde, tous les partis politiques (avec en priorité le PDCI, le RDR, et le FPI) et la société civile, à nous réunir tous pour étudier et échanger sur la meilleure manière de nous sortir de l’impasse de cette seconde candidature Ouattara.
Quelles que soient les suites, la Côte d’Ivoire ne trouvera son salut que dans une nouvelle transition civile, qui donnera un gouvernement de réconciliation et de large ouverture, auquel le temps sera donné, pour en plus de l’attaque ferme des problèmes économiques et sociaux cruciaux du moment, d’œuvrer vraiment dans le sens d’une réconciliation effective qui permettra au final des élections justes, transparentes et apaisées et aux résultats acceptés de tous.
Frères, amis et camarades de la Grande Coalition, sachons aller à la bataille, concentrons nos efforts sur le point qui nous est le plus accessible et qui commande tout !
Le camp Ouattara-Bédié n’a pas gagné, et connait ses faiblesses ! Oui, tout est possible, si tous unis, nous nous rallions à l’unique stratégie qui apportera Délivrance, Réconciliation Et Paix à la Côte d’Ivoire !
Le MFA est avec vous et compte sur vous !
Vive la C-N-C, la Grande Coalition !
Vive la Côte d’Ivoire !
Le Président
ANAKY KOBENA INNOCENT
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