Côte-d’Ivoire – Une opposition affaiblie à la croisée des chemins (décryptage)

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Par Hervé Coulibaly avec GDA | Connectionvoirienne.net

Il y a quelques mois de cela, nombreux étaient encore les observateurs objectifs ne donnant pas cher la peau du président ivoirien sortant Alassane Ouattara, au soir de l’inévitable second tour de la présidentielle d’octobre 2015. Mais l’euphorie qui s’était méprise sur les efforts de sabotage du pouvoir RHDP, avait aussi sous-estimé les profondes divisions et les egos au sein des opposants eux-mêmes.

C’est ainsi que le pouvoir Ouattara aidé d’Henri Konan Bédié va rapidement mettre à profit la justice et la police du pays pour museler et profondément diviser le principal parti politique du pays, le Front Populaire Ivoirien de l’ex président Laurent Gbagbo. Avec le temps, la dissension anodine et anecdotique née du refus de la candidature de Laurent Gbagbo au poste de président du parti, par le clan Affi Nguessan, va finir par pousser la frange largement majoritaire dans la «clandestinité». Affi bénéficiant des aides du pouvoir légal. Après donc les gels des avoirs, les emprisonnement et les exilés, le Front Populaire ivoirien, le vrai, va se retrouver presque couché à plat ventre. Comment se relever et relever en même temps l’opposition politique au régime en place ?

Stratégie toute trouvée, peut-être avec du recul, précipitée ou tardive, la création de la Coalition Nationale pour le Changement [CNC]. Quid des divergences idéologiques [libéraux, conservateurs, socialistes, nationaliste, panafricanistes etc.], le Tout Sauf Ouattara devient un éphémères élément d’illusion de fédération. La faille apparaitra rapidement au soir de la signature de la Charte, avec l’absence du poids lourd «virtuel» Essy Amara.

Mais plus grave, refusant tout leadership aux autres le petit parti Lider de Mamadou Koulibaly va tenter de s’accaparer la CNC, et espérer réussir ce qu’il a été incapable de réussir depuis sa création en été 2011, à savoir mobiliser les masses. C’est à peine si la CNC ne devienne un Lider bis, tellement l’activisme débordé des « LIDERS » devint suspect. Lancé avec grands renforts médiatiques, moins d’un mois plus tard, la CNC, incapable de reconnaitre dans le FPI de Laurent Gbagbo, sa première force motrice, vient peut-être de signer son arrêt de mort, après son refus de soutenir les marches éclatées des jeunes Gbagboistes organisées le 9 juin.

Depuis Paris où il se trouve actuellement, Charles Konan Banny aurait décidé de recentrer sa campagne sur les populations de son groupe ethnique, les Baoulé. La nouvelle stratégie de l’équipe de CKG étant de «minimaliser» les contacts avec la CNC, et de ne plus voir dans l’électorat de Laurent Gbagbo un vivier potentiel, d’autant plus que le Front Populaire Ivoirien, selon plusieurs analystes, s’apprête à faire de Laurent Gbagbo son candidat en 2015.

Du côté d’Essy Amara c’est le calme plat. Hamed Bassam et les jeunes qui l’entourent dont Kramo Kouassi, l’auto proclamé porte-parole, défient les «barrons» tels que Emile Constant Bombet. On peut l’affirmer net, Essy Amara est en pleine tourmente. L’ex Diplomatique se trouve depuis plusieurs semaines hors du pays, se rongeant les méninges sur comment sortir du panier à crabes, véritable nid d’opportunistes rassemblés autour de sa candidature.

Mais par-dessus tous ses micmacs de politiciens ivoiriens, les électeurs commencent à s’interroger si cela vaut la peine de conduire tout ce beau monde au Palais présidentiel d’Abidjan plateau. «Que nous réservent-ils face aux défis de l’armée, de l’insécurité, de la pauvreté, de l’éducation, de la réconciliation etc. une fois au pouvoir ?» s’interroge un internaute sur la toile. «Ne serait-il pas mieux de prendre son mal en patience que de mettre ces gens au pouvoir ? » poursuit notre internaute ?
Encore quatre petits mois aux opposants pour convaincre. Le temps nous dira.

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