Troisième visite en Afrique subsaharienne et particulièrement en Côte d’Ivoire en l’espace de deux ans. A la clé de nombreux accords de coopération bilatérale et des investissements palpables, au-delà de la célébration de la simple amitié comme le suppose le discours diplomatique. Le souverain du royaume chérifien ne manque pas d’occasion pour prendre lui-même les devants de la scène pour accompagner ses compatriotes à investir au sud du Sahara. Autrefois gêné par le désir de puissance du guide libyen et aujourd’hui avec l’Egypte un peu affaiblie après sa révolution ratée, la Tunisie qui dandine, le Maroc profite largement du champ laissé libre pour renforcer sa présence dans cette partie de l’Afrique aux potentialités immenses et inexploitées.
Beaucoup reste à faire en Côte d’Ivoire dans plusieurs domaines : industries, banques, logements, agriculture, pêche et Mohamed VI ne veut rater aucune occasion au moment où les autorités subsahariennes, ivoiriennes en particulier prêtent le flanc et se positionnent en « preneurs d’investissements ». Après 2013 et février 2014, revoilà M6 sur les bords de la lagune Ebrié pour visiter chantiers, revoir ou harmoniser des traités qui souffrent de quelques lourdeurs.
Mohamed VI se présente aujourd’hui comme le premier lobbyiste des champions marocains. Sa diplomatie dont l’option est claire permet aujourd’hui à des groupes comme Addoha (BTP), Attijariwafa (banque) de glaner des marchés et de se lancer à la conquête de l’Afrique et au-delà. Ce que le Maroc apporte aujourd’hui à la Côte d’Ivoire et aux pays que visite son souverain, c’est du concret : de l’éducation, des logements sociaux, de l’hydro-électricité, de l’énergie, de la cimenterie, de la distribution et de l’alimentation. En termes financiers, c’est un peu plus de 420 milliards de FCFA qui sont en jeu, comme le soulignait si bien le ministre ivoirien des affaires étrangères Charles Diby Koffi au Maroc lors de la visite effectuée par Alassane Ouattara dans ce pays en janvier 2015.
C’est ce modèle dont l’efficacité est reconnue par les chefs d’entreprise ivoiriens qu’il faut copier. Plus de 50 ans après son indépendance, la Côte d’Ivoire qui est la locomotive de l’Uemoa ne doit plus se comporter en ‘’investment taker’’. Il ne sert plus à rien de se déplacer avec des chefs d’entreprise en masse pour le simple affichage qui aboutit souvent à la signature d’accords ou d’échanges de cartes de visite sans lendemain. C’est l’opérateur économique Adama Bictogo qui le disait publiquement lors d’un débat sur Rfi, il y a quelques mois de cela. Comme Mohamed VI, les dirigeants ivoiriens doivent aussi ouvrir des boulevards pour les champions ivoiriens en commençant par la sous-région et s’étendre petit à petit. Le potentiel existe et des expériences ont été amorcées avec l’exportation de l’expertise de la Sotra au Gabon et du Bnetd en Guinée Bissau. Il faut également des chefs d’entreprise dévoués, audacieux avec un goût du risque prononcé pour une multinationalisation de nos entreprises qui peuvent aussi devenir des géants à l’instar de Microsoft, Orange, Apple ou encore Renault.
SD
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