Côte d’ivoire remaniement ministériel – De l’intrigue politicienne à la fuite en avant de Ouattara

img_1360758000_19

Remaniement ministériel de Ouattara De l’intrigue politicienne à la fuite en avant

Par S.D. Connectionivoirienne.net

Alors que ses ministres se permettaient de dormir des deux yeux, à faire les plus beaux rêves après ses promesses d’un statu quo jusqu’aux prochaines élections, voici qu’Alassane Ouattara dribble partenaires et adversaires. Et c’est Alain Lobognon qui paie cash ce qu’un confrère qualifie de « lobognoneries » déconcertantes. En réalité, ce proche de Soro Guillaume est la deuxième victime du scandale dit « des primes impayées ». Alain Lobognon affichait pourtant toute sa sérénité dans cette affaire scabreuse dont tous les contours restent à démener. C’était d’abord au régisseur du ministère des sports d’être limogé. Ouattara avait promis des enquêtes à l’issue desquelles d’autres têtes allaient tomber. Des résultats des enquêtes, on n’en sait pas encore grand-chose de façon officielle. Toujours est-il que le ministre des sports et loisirs vient d’être démis de ses fonctions. Ce qui accentue le soupçon de culpabilité sur sa personne en attendant le résultat des enquêtes.

Une bonne partie de l’opinion nationale appréciera certainement la décision du président de la République.

Il est inacceptable que des hauts fonctionnaires soient impliqués dans des actes de prévarication sans réaction du grand chef de l’administration. Vu sous cet angle, l’opinion reste favorable au limogeage du grand cyberactiviste du gouvernement que beaucoup dans le milieu sportif ne portaient pas dans leur cœur pour ses frasques verbales sur la toile.

La décision prise ce jour par Alassane Ouattara n’éteindra pas pour autant toutes les supputations sur le détournement des primes des joueurs.

Le président a-t-il frappé juste ?

C’est la question que l’on se pose en ce moment. L’affaire implique au moins deux parties : le ministère des sports et la fédération ivoirienne de football (Fif). Chacune des parties avait un niveau de responsabilité dans la gestion de la manne financière mise à la disposition de l’équipe nationale. Comment sans résultat d’une enquête préliminaire (le grand public n’en est pas informé s’il existe), Ouattara peut-il frapper d’un seul côté ? Il y a manifestement-là une sorte de deux poids deux mesures et cela ne peut que conforter la thèse selon laquelle, sous Ouattara, il y a des intouchables.

Pour d’autres encore, cette affaire est la partie visible de la guerre froide que se livrent Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur et Soro Guillaume, le président de l’Assemblée nationale. En écartant Alain Lobognon, Ouattara cautionnerait-il Hamed Bakayoko qui, faut-il le rappeler, a organisé une confrontation entre Alain Lobognon et le président de la Fif le 30 avril dernier. Celle-ci s’était limitée à un simple rendez-vous sans véritable déballage. Cette sortie précipitée de Lobognon ne manquera donc pas de commentaires d’autant que ce dernier a adressé ses premiers remerciements à son ancien mentor des Forces nouvelles, « le président Guillaume Soro ».

Le cas Moutayé

Présent à l’investiture d’Alassane Ouattara le 25 avril dernier au stade Houphouët-Boigny, Anzoumana Moutayé qui a orchestré la dissidence au MFA se voit récompensé d’un poste de ministre. Ce qui donne véritablement à penser que Ouattara ne voulait vraiment pas d’Anaky dans son appareil gouvernemental. Sinon que réclamait le président statutaire du MFA depuis l’avènement d’Alassane Ouattara ? Un petit poste de ministre. Un strapontin qui lui aurait suffi pour éviter ses quolibets d’aujourd’hui. A maintes reprises, il a fait la demande, fait le lobbying, organisé des conférences de presse, jamais il n’eut gain de cause. Il a fallu que Moutayé lui porte le coup fatal pour se voir bombarder ministre. Voici l’incompréhensible logique de Ouattara qui croit ainsi se débarrasser d’un partenaire encombrant et tonitruant. Pourtant s’il y a un homme qui a été très virulent contre le régime de Gbagbo pour la cause d’Alassane Ouattara, c’est bien Anaky Kobénan. C’est lui qui, le premier, a avancé l’idée de la candidature unique au Rhdp peu avant 2010. Tout cela est du domaine des amers souvenirs aujourd’hui. Jusqu’où ira la roublardise en politique ?

SD

blank

Amichia ou le signe du destin

Le léger réaménagement gouvernemental survenu ce 13 mai ramène aux affaires une victime de la rébellion armée: François-Albert Amichia.
En 2002, il était ministre des Sports et Loisirs dans le gouvernement Affi N’Guessan. À ce titre, il se trouvait à Bouaké pour participer à la cérémonie d’ouverture, le 18 septembre 2002, de la phase finale de la coupe UFOA. Mais cette nuit-là, la compétition sportive est tuée dans l’oeuf. Des insurgés, qui se présentaient comme des mutins des contingents « Zinzin » et « Bahefouê » avant de se découvrir rebelles du mouvement insurrectionnel MPCI, prenaient les armes aussi bien à Bouaké qu’à Abidjan et Korhogo. Le ministre Amichia est pris en otage et contraint de jouer la médiation. « Ils m’ont demandé de dire au gouvernement qu’ils sont prêts à négocier, » déclarait-il.
Les insurgés, conduits par commandant Bogotà (Soro Guillaume) avec comme porte-parole l’adjudant Beugré (Agnima Alain-Michel Lobognon), sont en réalité des subversifs qui voulaient renverser les institutions républicaines. N’étant pas parvenus à leurs fins, ils ont installé une rébellion armée, dans le nord du pays avec Bouaké comme capitale.
Amichia sera libéré des griffes de l’insurrection et, en février 2003, il sort aussi du gouvernement. Militant actif du Pdci-Rda, il était le maire de la commune abidjanaise de Treichville et président de l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (Uvicoci). En 2013, il rempile à la tête de sa commune.
Douze ans après, le destin lui ouvre, à nouveau, les bras. En février, les Éléphants footballeurs ont remporté, en Guinée équatoriale, la coupe africaine de football. Ce trophée qui devait rassembler les Ivoiriens a, au contraire, provoqué un séisme: plus de 700 millions de nos francs représentant les primes des joueurs et encadreurs ont été détournés. Au centre de la polémique, le ministre des Sports.
Et ainsi, après plusieurs semaines d’atermoiement, le couperet est tombé. Le détenteur du porte-feuille, Agnima Alain-Michel Lobognon, est limogé et cède son fauteuil à… François-Albert Amichia. Qui n’aurait jamais imaginé qu’il reviendrait au gouvernement dans cette condition: prendre la place d’un animateur de cette ex-rébellion armée qui lui a coûté des déboires à Bouaké et son mandat ministériel. Les voies du Seigneur sont insondables.

FB

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.