Crise au Fpi / Marcel Gossio à ses camarades du camp adverse:
«Que ce qui nous unit soit plus important que ce qui nous divise momentanément»
Dans le cadre des conférences régionales initiées par le camp Affi pour expliquer la crise qui secoue le Fpi, Marcel Gossio était face aux populations de Port-Bouët ce samedi 8 mai 2015. Pendant près de deux heures, il s’est adressé à son auditoire avant de répondre à des questions. Dans son exposé liminaire, M. Gossio a égrené les différentes péripéties de la crise née, selon lui, de la volonté ‘’des frondeurs’’ de faire partir Affi N’guessan de la tête du Fpi. Et ce, en violation des textes du parti, précise-t-il, se faisant l’avocat du président contesté. L’ancien directeur général du port autonome d’Abidjan a soutenu que toute personne qui en a les capacités peut diriger le Fpi à condition que cela se passe dans les règles de l’art, c’est-à-dire par l’organisation d’un congrès conformément aux statuts et règlement intérieur du parti. Dans ses analyses, il a fait remarquer que ‘’la fronde’’ contre Affi ne tient pas sa source d’une démarche qui tend à effacer Laurent Gbagbo. C’est plutôt, rappelle-t-il, une manœuvre qui consistait à le dégager simplement pour prendre sa place. Sinon en réalité, affirme M. Gossio, la démarche d’Affi s’est inspirée de celle qui était déjà engagée par la direction intérimaire du Fpi alors que le président du parti était en prison à Bouna. En particulier la démarche de Miaka Ouretto qui a ouvert des négociations avec le pouvoir, mené la bataille diplomatique en rencontrant des autorités françaises en 2012 en France. En définitive, pour Marcel Gossio, la situation qui prévaut au Fpi se présente comme celle d’une équipe de football : « Ceci ressemble à un match de football. Quand on a une équipe qui a l’habitude de gagner et qui, un jour, est battue par l’adversaire par un score lourd de 8 à 0. Dans ce cas on accuse tout le monde : l’entraineur, le président, les joueurs… »
En clair, selon lui, c’est la perte du pouvoir dans les conditions d’avril 2011, qui est à la base de tout le remue-ménage qu’on observe. Une situation dans laquelle, toujours selon l’orateur, tous ceux qui veulent prendre des initiatives ou tous ceux qui rentrent d’exil sont vus comme des traitres. Il en tire la conclusion que le Fpi doit se reconstruire et aller à la conquête du pouvoir. Une manière, poursuit-il, de « contourner le mur » dressé par les adversaires pour aller libérer Laurent Gbagbo. Aussi lance-t-il cet appel à ses camarades et à la grande famille du Fpi : « Faisons en sorte que ce qui nous unit soit plus important que ce qui nous divise momentanément. Ne donnons pas du grain à moudre à ceux qui gardent Laurent Gbagbo. Chefs traditionnels, il faut parler à nos camarades. Si vous croyez en ce que les gens disent, vous ne rendez pas service à Laurent Gbagbo. Camarades si vous restez timorés, on va durer dans ça. Le Fpi sera ce que vous voulez qu’il soit. »
« Moi Gossio contre Gbagbo ? »
L’actuel vice-président chargé de la coordination des actions de libération de Gbagbo a fait une confession de foi sur ses « liens solides » avec son « maître » et son « grand frère », Laurent Gbagbo. Marcel Gossio s’est inscrit en faux contre les allégations de trahison. Pour lui, ce sont des rumeurs, fruit du choc des ambitions et du combat de positionnement au Fpi. Il a donc contre-attaqué ses détracteurs en ces termes : « Moi Gossio contre Gbagbo ? C’est le monde à l’envers ! Quand les bombes pleuvaient où étaient-ils ceux qui parlent aujourd’hui ? Moi Gossio, j’étais à la résidence. J’étais à Port-bouët, quand Gbagbo m’a appelé et je suis parti. Il m’a dit : ah ! Toi au moins tu ne m’as pas abandonné. (…) J’ai servi loyalement mon maitre et mon grand frère. J’ai donné une dimension au port d’Abidjan. Là où il est, il sait que je ne peux pas le trahir. (…) Certains sont allés à dire que si on le garde en prison c’est son destin. Voulez-vous qu’on suive des gens comme ça ? »
En tirant les conclusions générales de cette rencontre, il n’a pas manqué d’appeler les militants du Fpi à se préparer à aller aux élections et à quitter les théories. Le Fpi, soutient-il, a une carte à jouer à ces élections. S’il n’y va pas et qu’il attend dans 20 ans avant d’y aller, il court alors le risque de tout perdre, y compris ses militants, a-t-il averti.
SD à Abidjan
Les commentaires sont fermés.