Présidentielle 2015: quand la Côte-d’Ivoire danse sur un volcan

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Le mercredi 29 mai dernier à la faveur de l’ouverture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale qu’il présidait, Monsieur Soro Guillaume a dépeint avec tact et réalisme le tableau clair-obscur qui caractérise la nation à quelques mois de l’élection présidentielle, à savoir une Côte d’Ivoire divisée en deux camps irréductibles et irréconciliables.

A ses yeux il y a deux camps qui s’opposent au point de se haïr: les pessimistes, d’une part, et les optimistes, de l’autre. Sacré Guillaume Soro ! Ces conseils avisés comme on aurait voulu que l’ancien « rebelle », titre qu’il revendique fièrement (Voir l’ouvrage, pourquoi je suis devenu rebelle », devenu militant du RDR et président de l’Assemblée nationale les prodiguât au RHDP coalition supposée politique où règne si pernicieusement la « pensée unique ». Dans ce RHDP les habitudes ont, on le sait la vie dure. Au RDR fondé pour gouverner, il n’existe aucune autre « solution » en dehors d’Alassane Ouattara ; au PDCI-RDA le grand parti fondé par Houphouët, lequel a décidé d’abandonner le « combat politique » depuis sa défaite à l’élection présidentielle de 2010 et singulièrement depuis un certain Appel de Daoukro, l’heure est au suivisme. Que dire de L’UDPCI pourtant dirigée par un homme avisé mais qui cependant n’attend que la becquée bien maigre du pouvoir en place. Au MFA nouvelle formule, à l’UPCI toujours unijambiste il est vain d’attendre quelque apport novateur dans le débat national en cours. Pour peu qu’une décision vienne du RDR, on est prêt à se l’approprier et à l’appliquer. Et pourtant ce débat est un impératif catégorique si l’on a un peu d’amour pour ce pays ; ce débat s’impose si l’on ne souhaite pas à terme la disparition de la Patrie -en difficulté- qui est la nôtre. Faut-il le redire, les conflits aussi ravageurs soient-ils peuvent être source de progrès pourvu qu’on le veuille. A cet égard, les « grands pays » sont ceux qui ont su et savent tirer les leçons de l’histoire. L’hitlérisme censé durer mille ans s’est effondré au bout de quatre ans grâce à la conscience aigüe dont les grandes démocraties et les puissances éprises de paix ont su faire preuve.

Dans ces pays, prenons l’exemple français, le débat se situa comme il convient au niveau des partis politiques et sur une base doctrinale. En France on parla longtemps de tripartisme après la Seconde Guerre mondiale (Droite-Centre-Gauche).

Chez nous et en Afrique en général le débat doctrinal notoirement absent est malheureusement remplacé par de stériles questions de personnes. Dans la Côte d’Ivoire de la triste crise post-électorale, il n’y a plus que les « pro-Gbagbo», les « pro-Ouattara », les « pro-appel de Daoukro » et j’en passe. Quel programme, quel projet nous proposent tous ces « pro » ? Rien sinon le fait de suivre un homme de façon intéressée.

Avec le discours prononcé par Soro Guillaume l’un des protagonistes et acteur clef de la situation sociopolitique que vit le pays, le débat est, nous l’espérons, lancé. L’autisme observé ici où là ne peut guère prospérer, c’est pourquoi nous jugeons hautement criminel le fait qu’un Parti comme le PDCI-RDA, fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, ne veuille, par la volonté d’un seul homme et ses suiveurs, prendre part au débat qui sauvera ce pays. Ce pays, la Côte d’Ivoire qui aujourd’hui souffre dangereusement de sa cohésion, son administration, sa sécurité, son système de santé, son école, le déni de démocratie et tant d’autres plaies. N’en déplaise à tous ceux qui ont de façon dérisoire voulu faire d’une simple investiture de candidat à une élection présidentielle, une autre fête nationale, la Côte d’Ivoire par la faute de ses « enfants » continue de « danser sur un volcan ». La récente Fête du travail où on distribua comme par mimétisme le muguet à la gente féminine n’en fut pas moins dominée par la peur. Une peur qu’on répandit habilement sur le monde syndical et tous les travailleurs de ce pays.

A quelques mois d’une importante échéance électorale il y a de quoi perdre la raison. Puissent ceux qu’on nomme « irréductibles » mais qui sont au contraire les vrais patriotes et visionnaires être davantage plus pugnaces pour dire « Non » à l’imposture et « Oui » à la démocratie vraie, celle qui édifie et est porteuse d’espérance.

BROU Mifiani Dieudonné
Militant du PDCI-RDA

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