Côte d’Ivoire Ouattara – Le président qui aime les fiefs de Gbagbo mais qui exècre ses partisans

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Par Connectionivoirienne.net

Visite d’Etat

Ado d’Agboville, le président qui aime les fiefs de Gbagbo mais qui exècre ses partisans

Alassane Ouattara est dans le département d’Agboville où il entreprend une visite d’Etat depuis le lundi 4 mai. Fastueux, allègre et délirant est ce voyage pour le président hôte. Alassane Ouattara est couvert de tous les honneurs, de tous les jolis mots, de fleurs et de présents. Il est même l’objet de toutes les sublimations imaginables dans les discours des cadres et autres intervenants. Il y en a même un qui a consacré Ouattara comme la « chance » de cette région, terre natale des Kery-Kery, des Attobra, des Ernest Boka, terre connue pour la témérité de ses populations qui ont vaincu l’ostracisme dont elles étaient victimes.

Le président hôte a été fait chef traditionnel dans un élan d’hospitalité et de gaieté générale. Le peuple a accueilli son chef qui était tout heureux d’être sur une portion du territoire qu’il régente depuis bientôt cinq ans. Pourtant qu’est-ce qu’Agboville n’a pas souffert pour délit de fief pro-Gbagbo. A la moindre attaque des positions des Frci par « des individus non identifiés » (c’est l’expression consacrée pour noyer les enquêtes), le pouvoir y descend des hordes de soldats assoiffés de répression pour malmener les pauvres populations sans défense et sans recours. Ces souvenirs douloureux sont encore vivaces dans les esprits. Entre 2012 et 2015 pas moins de quatre attaques ont été enregistrées avec chaque fois les mêmes boucs-émissaires tout trouvés : les pro-Gbagbo. Chaque fois aussi la même répression qui s’abat sur les villageois qui ont ainsi perdu des biens quand ils ne sont pas molestés avec une brutalité inouïe. Ces concitoyens d’Alassane Ouattara peuvent-ils avoir la mémoire courte comme leur nouveau chef coutumier intronisé ? Eri-makoudjé, Copa, Attobrou et surtout Grand Yapo portent encore les stigmates de ces barbaries avec à la clé des pertes en vies humaines et le paiement de rançons aux oppresseurs. Mais tout ceci n’est qu’un vieux souvenir puisque le chef est là avec des milliards de FCFA dans sa besace.
On a vu et entendu à la télé des chefs de villages, comme des forcenés, déclaré leur reconnaissance au président de la République, l’homme qu’ils auraient dû avoir des années plus tôt.

Une simple opération de charme à la veille d’une présidentielle que le président sortant veut remporter vaille que vaille. Il y est allé renouveler les promesses de milliards alors que les populations attendent encore au moins le quart des promesses de campagne de 2010. Sur ce plan-là, Ouattara vient anticiper avec à la clé quelques réalisations, juste pour appâter une population qui a voté majoritairement Laurent Gbagbo en 2010. Laurent Gbagbo, c’était au moins 74 % au premier tour et environ 80 % des voix au second tour en 2010. Ouattara le sait si bien que dans sa posture de président, il vient pour tenter de dégbagboïser toute une région qui a accueilli trois fois au moins l’ex-chef d’Etat sous son mandat.

Mais c’est au moment où il a besoin des partisans et sympathisants de Gbagbo que Ouattara durcit la baïonnette sur ces derniers. Il veut désormais réduire son parti en état de reliques dans tous ses bastions. Il emprisonne à tour de bras, matraque et traque les cadres de ses bastions pour le seul objectif de les réduire à néant et rester le seul maître du terrain. Mais comment les populations qui assistent, peinées, à un tel spectacle peuvent-elles se défaire de leur préjugé anti-Ouattara pour s’aligner sans conditions sur la vision du monde du « nouveau rédempteur » (l’expression vient de ses partisans). Drôle de stratégie. A Agboville, d’illustres fils du département sont encore en exil, des villageois ont été dépossédés de leurs terres, ils ont beaucoup perdu pour avoir supporté Gbagbo. Comment Ouattara les console-t-il avant de vouloir les avoir pour soi et leur faire oublier un Laurent Gbagbo avec qui ils entretiennent des relations historiques bâties sur la confiance et non sur un marchandage politique ? Sur ce sujet, le chef de l’Etat n’a-t-il pas brouillé lui-même son discours en se prenant une fois encore pour la victime devant les populations et en arrêtant pendant qu’il y était des compagnons de lutte de Gbagbo ?

SD à Abidjan

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