Côte d’Ivoire Kieffer – une disparition sans trace « échec et mat »

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Échec et mat. Les enquêtes judiciaires et l’instruction, menées un moment tambour battant, ont toutes fait chou blanc. Alors, le juge français Patrick Ramaël, en charge de l’instruction de la présumée disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, a publié, aux Éditions Calmann-Levy, un livre intitulé « Hors procédure », paru le 28 janvier 2015.

Ce magistrat évoque, dans cet ouvrage, entre autres les embûches rencontrées aussi bien sous Gbagbo Laurent que sous Alassane Dramane Ouattara; car, il a été empêché, en janvier 2012, par le com’zone Kouakou Fofié Martin, d’interroger, à Korhogo, des mis en cause.

Le frère cadet de Guy-André, Bernard Kieffer, sort lui aussi ce jeudi 16 avril, date du 11ème anniversaire de la présumée disparition de son aîné, un livre aux Éditions La Découverte et intitulé « Le frère perdu ». Il conclut à un « crime d’État au coeur de la Françafrique ». Découvrant, au cours de son enquête, de vieux réseaux françafricains, il est convaincu que de nombreux responsables politiques et économiques, d’ici et de France, ont tout intérêt à ce que la vérité ne soit jamais sue.
Le 16 avril 2004, donc sous les pouvoirs de Gbagbo et Chirac, Guy-André Kieffer disparaissait d’un supermarché d’Abidjan. L’instruction, aussitôt confiée au juge français Ramaël, a été menée uniquement à charge avec des témoins triés sur le volet et tous exilés en France, pour accabler le pouvoir Gbagbo. Mais voila que onze ans après, aucune lumière n’a été faite sur cette obscure et ténébreuse affaire. Mieux, quatre ans après la chute de Gbagbo et la prise du pouvoir par Alassane Dramane Ouattara qui avait promis la manifestation de la vérité, le clair-obscur a fait place à l’opacité.

Et tout semble être mis en oeuvre pour ranger aux oubliettes ce dossier encombrant. Ramaël a été déchargé en août 2013 et des indiscrétions, ébruitées par La lettre du continent, le disent à la présidence de la république ivoirienne en tant que conseiller spécial du chef de l’État chargé de la reforme de la justice. Pis, aucun autre magistrat n’a été désigné pour lui succéder. Et alors, Guy-André Kieffer, au chapitre des enquêtes non élucidées, va rester l’histoire d’un crime d’État sans cadavre et d’une disparition sans trace.

Bally Ferro
FB

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