Source: Ivoire Justice Radio Pays-Bas internationale
Enquêtes contre le camp Ouattara : pour la CPI, il fallait donner priorité à l’affaire Gbagbo
Il y a plus d’un an, l’ancien procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, nous l’avait affirmé: une investigation équilibrée de la crise ivoirienne (2010-2011) a eu lieu. Or, l’actuelle procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a récemment affirmé sur France 24 qu’une enquête sur le camp pro-Ouattara ne sera lancée qu’à la mi-2015. Alors, où en est vériblement la Cour en ce qui concerne le camp Ouattara ? Pascal Turlan, conseiller de la procureure de la CPI, apporte des éléments de réponse.
Par Sophie van Leeuwen
Depuis le début de son enquête, la CPI a reçu pas mal de critiques concernant ses recherches en Côte d’Ivoire. Alors que l’ancien président Laurent Gbagbo attend son procès à La Haye, les crimes prétendument commis par des milices de l’autre camp ne semblent toujours pas avoir fait l’objet d’enquêtes.
Focaliser sur Gbagbo
« Les enquêtes couvrent depuis le début l’ensemble des parties aux violences post-électorales en Côte d’Ivoire. Cependant, les activités d’enquête n’ont pas pu être menées en parallèle, a la même vitesse », explique Pascal Turlan, conseiller de la procureure de la CPI. « En 2010, on a commencé à enquêter sur toute la situation, affirme t-il. Puis, sur la base des preuves rassemblées, nous avons eu assez rapidement des résultats nous permettant d’ouvrir l’affaire Gbagbo et Blé Goudé. »
Pascal Turlan ajoute qu’« il y a eu beaucoup d’informations, des vidéos et des allégations sur les événements à Abidjan. Ces éléments de preuve nous ont assez rapidement orienté vers ceux que nous pensons être les responsables d’une partie des crimes. Comme on n’avait pas les ressources suffisantes pour en même temps faire des recherches sur tous les incidents, notre équipe s’est focalisée en premier lieu sur l’affaire concernant M. Gbagbo. Il fallait donner priorité. »
Le conseilleur de la procureurr insiste notamment sur le fait qu’à chaque fois qu’une nouvelle enquête est ouverte, les équipes chargées des investigations sur le terrain doivent être renforcées. « Cela induit une tension sur les ressources disponibles », résume t-il.
Des informations sur « l’autre camp »
Même si la procureure de la CPI travaille selon ses priorités immédiates, Turlan dit avoir déjà obtenu une partie des informations concernant « l’autre camp », par exemple sur des incidents dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.
« Nous sommes allés dans l’Ouest à plusieurs reprises, précise Turlan. Maintenant, ce que nous faisons c’est intensifier nos activités d’enquête concernant les autres parties aux violences post-électorales. Mme la procureure a confirmé publiquement que mi-2015 il y aura une équipe plus importante ».
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Pas de mandat d’arrêt le jour des élections
L’autre obstacle à l’ouverture d’une enquête contre le camp Ouattara pourrait être les élections prévues en 2015. Turlan affirme, qu’en pratique, l’agenda des investigations peut être dérangé par l’organisation du scrutin en Côte d’Ivoire. Par conséquent, la procureure de la CPI tiendra compte d’un tel facteur dans la planification des opérations de terrain.
« Bien sûr, dans la planification de ses activités d’enquête, le procureur doit tenir compte des impératifs de sécurité pour toutes les personnes impliquées, explique Turlan. Rendre publique les résultats de ces enquêtes ou poser un acte tel qu’une demande de mandat d’arrêt le jour des élections n’aurait pas beaucoup de sens et n’irait pas dans le sens d’une bonne administration de la justice. »
[Photo : conférence de presse de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, le 10 septembre 2013. Crédit : CPI/Flickr. ]
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