Quel signal Laurent Gbagbo, incarcéré à La Haye devra-t-il donner à Pascal Affi N’guessan, le président déchu du Fpi, pour que ce dernier croit à l’évidence ? Il faudra certainement que Gbagbo sorte de La Haye et fasse une visite éclaire chez les Affi. Ce qui en l’Etat actuel des choses n’est pas réalisable. Et Pascal Affi N’guessan a tout loisir de jouer les Saint Thomas : « voir avant de croire ». Sinon par différents canaux et signes, Laurent Gbagbo a essayé d’établir la communication avec l’ex-président du Fpi.
Tout commence par la phase préparatoire du congrès où un groupe de fédéraux a mis en avant la candidature de Laurent Gbagbo depuis son fief de Mama. Premier signal non perçu par Affi N’guessan. Dans la suite logique de cette idée, Michel, le fils aîné de Laurent Gbagbo, autrefois fervent supporter d’Affi N’guessan dont il a accepté la nomination au secrétariat général, prend les devants pour déposer la candidature du père. Auparavant, Michel Gbagbo s’était fendu d’une déclaration à la presse au moment où le débat faisait rage : « mon père n’a encore rien dit ». Entre cette déclaration et le dépôt de la candidature du père, il s’est passé quelque chose mais Affi N’guessan n’a rien perçu de tout cela. Il s’est plutôt emmuré dans son entêtement à croquer du Gbagbo. Le 25 novembre 2014, cette fois, c’est Sylvain Dakoury Tapi, un avocat du barreau de Bruxelles qui en mission à Abidjan, remet une lettre signée de Laurent Gbagbo, confirmant sa réponse à l’appel de Mama. Dans celle-ci, l’auteur explique clairement pourquoi il répond favorablement aux fédéraux de son parti, arguant que cela contribuerait à recoller les morceaux en vue des défis futurs. Pascal Affi N’guessan y a opposé une fin de non recevoir. Plus offensif encore, il soutient que cette lettre est l’œuvre de ‘’faussaires’’ qui veulent l’évincer de la tête du parti. Il corse la résistance en faisant recours à la justice de Ouattara qu’il n’avait de cesse pourfendu, la traitant de ‘’justice des vainqueurs’’. La suite on la connait. La candidature de Laurent Gbagbo a été invalidée et tous ceux qui se mettent sur la route de M. Affi sont traduits devant cette même justice ou jeté en prison. Assoa Adou et Lida Kouassi en sont des exemples parlants. Et même quand il envoie lui-même le secrétaire national Thomas Tiacoh à La Haye et que celui-ci lui fait le compte rendu de sa mission, Affi N’guessan n’y accorde pas grand intérêt. Il tourne même son envoyé en dérision au cours d’une conférence de presse, soutenant que M. Tiacoh n’a ‘’rien dit de bon’’.
Le dernier acte en date, est la réponse de Laurent Gbagbo à Affi N’guessan au terme d’un lobbying que ce dernier a mené auprès de chefs d’Etat africains pour se faire recevoir à La Haye. Dans sa réponse publiée par la presse le mercredi dernier, Laurent Gbagbo est d’accord pour recevoir l’ex-président de son parti mais à la condition qu’il soit accompagné de l’actuel président, reconnu par les instances, Sangaré Abou Drahamane et le président du comité de contrôle, Pr. Hubert Oulaye. Que de s’en féliciter, Affi n’guessan fait une objection. Se présentant toujours comme le président du Fpi, il voudrait que Laurent Gbagbo lui fasse une notification spéciale. Ses services de communication se sont alors mis en branle pour apprendre à l’opinion que «Pascal Affi N’Guessan, n’a encore reçu aucune notification écrite à ses requêtes de visite adressées au Président Gbagbo et au Leader du Cojep Charles Blé Goudé détenus à la Haye ».
Voici encore Affi qui nie l’évidence. Tout se passe comme s’il voulait tout ramener à sa personne et faire durer la crise dans son parti qui est aujourd’hui cassé en deux. L’ambition présidentielle de ‘’l’enfant terrible de Bouadikro’’ est passée par là.
Ce samedi, il est en réunion avec ses fidèles pour, dit-il, actualiser le projet de société du Fpi qu’il va certainement présenter à ses électeurs en octobre prochain.
SD
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