Côte d’Ivoire « Affi à l’école de Bédié et Ouattara » les vérités du Pr. Gnahoulé Oupoh [Sg adjoint du FPI]

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Débats et Opinions – Professeur Gnahoulé Oupoh, SG adjoint du FPI, assène ses vérités. « Avec le pouvoir Ouattara, la constitution et la démocratie aux abonnés absents»

«Ouattara, Bédié, et Affi, même combat»

Contrairement à ses apparences troubles, le marigot politique s’éclaircit au fil des jours, à mesure que se rapprochent les ailes ultra droitières des principaux partis qui animent la scène politique ivoirienne : le RDR au pouvoir, son allié le PDCI et Front Populaire Ivoirien figure de proue de l’opposition. Pour la clarté de mon propos, il est bon de souligner qu’un parti politique quelle que soit son obédience idéologie libérale ou socialiste, c’est-à-dire de droite ou de gauche est traversé aussi par divers courants qui vont de la gauche à la droite au sein de chaque parti. Tout parti politique porte donc aussi en son sein sa gauche, sa droite et parfois son centre. Au-delà du clivage idéologique économique et social entre le capitalisme, le socialisme, la ligne de démarcation entre un comportement politique de droite et de gauche dans la gestion du pouvoir au sommet de l’Etat, ou au sein d’un parti politique s’observe dans deux attitudes principales : 1. A l’égard de la loi fondamentale qu’est la constitution, 2. Celle du rapport à la démocratie. Les partis de gauche et les tendances de gauche même au sein d’un parti de droite optent généralement pour le strict respect de la constitution avant tout, et de la démocratie en leur sein. Les partis de droite et les tendances de droite présentes au sein des partis de gauche sont coutumiers du viol de la constitution, n’en respectent que les dispositions qui leur sont favorables. C’est le cas principalement sous nos latitudes tropicales où la démocratie peine à entrer dans les mœurs.
La scène politique ivoirienne depuis ces huit derniers mois donne à voir le spectacle d’une extrême droitisation par la coalition de toutes les droites issues de RDR du PDCI et du FPI, qui se traduit par le verrouillage et l’interdiction de la démocratie en Côte d’Ivoire. D’une confrontation bipolaire antagonique en 2010 entre les partis de droite alliés au sein du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix, et la gauche constituée du Front Populaire Ivoirien et ses alliés de La Majorité Présidentielle, l’on est à présent passé en 2015 à une opposition entre dictateurs et démocrates.

1. Ouattara ; Bédié ; Affi ; même combat, mêmes méthodes

Les dictateurs ce sont les présidents Ouattara du RDR, Bédié du PDCI-RDA, et le président sortant du FPI, Affi N’Guessan. Ils mènent tous les trois le même combat au sein de leur parti et sur la scène politique, contre la démocratie.

1.1. Le pouvoir Ouattara : la constitution et la démocratie aux abonnés absents

Le premier d’entre eux Alassane Dramane Ouattara ADO, qui a l’exercice du pouvoir d’Etat se singularise, lui, par ses viols répétés et multiples de la Constitution. Sa prise du pouvoir, son maintien à la tête du RDR en étant dans les fonctions de chef d’Etat, ses remplacements des membres du Conseil Constitutionnel, la nomination de Guillaume Soro, après son élection, au poste de président de l’Assemblée Nationale alors qu’il n’avait pas quarante ans révolus, la détention en exil du président Laurent Gbagbo etc. Tous ces actes sont anti constitutionnels. Les libertés d’opinions confisquées par la détention massive de prisonniers et des simulacres de procès qui ne visent que les opposants à son régime. La répression systématique des manifestations de l’opposition, et le refus de son expression dans les médias publics, font de son régime un pouvoir dictatorial. Et pourtant que de promesses et de profession de foi proclamées dans son programme de société élaboré pour les besoins de la campagne présidentielle de 2010, et depuis longtemps jetés aux orties. Au chapitre II (construisons une démocratie de tolérance et d’efficacité) de son programme de société p.8, le candidat Ouattara dit ceci : « Rien de durable ne pourra être accompli si nous ne réussissons pas d’abord par notre démocratie, si nous ne parvenons pas à faire primer les débats d’idées sur les querelles partisanes. Voici notre projet pour la démocratie ivoirienne : nous organiserons des débats nationaux sur les grandes questions de société. Nous prendrons les bonnes idées d’où qu’elles viennent ». Or, tout le monde a pu s’en rendre compte aujourd’hui, depuis cinq ans, Ouattara et les siens sont seuls à s’exprimer dans les médias publics. A propos de la justice qu’il envisageait d’instaurer voici ce qu’il disait : « Nous nous doterons d’une justice indépendante, impartiale et efficace », cinq ans plus tard on observe à l’arrivée, une justice dépendante, aux ordres, partiale qui ne s’acharne que sur ses adversaires d’hier et d’aujourd’hui. Une justice des vainqueurs inefficace, incapable d’organiser des procès équitables.

1.2. Bédié le monarque : pour la démocratie repassez toujours demain

Le second président de parti foncièrement anti démocrate, dictateur devant l’Eternel est celui du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié. Il est à la tête de ce parti depuis 1993, après la disparition de son fondateur Félix Houphouët Boigny. 22 ans de règne sans discontinuer dont six ans d’exercice du pouvoir d’Etat (1993 – 1999) qui se sont achevés par son éjection brutale du pouvoir. Au fil de ce long règne le PDCI-RDA s’est effiloché par le départ de ses rangs de nombreux cadres qui ont créé d’autres partis, le RDR de Djéni Kobenan et Alassane Ouattara, l’UDPCI du général Robert Guéi etc. Cela, du fait principalement du manque d’ouverture et surtout du refus du débat démocratique au sein du parti par son président Bédié. A sa naissance en 1946 sur les cendres du bouillant Syndicat Agricole Africain, le PDCI-RDA était un parti de combat. Après l’expurgation de sa direction des militants de gauche (Dadié Bernard, Ekra Mathieu, etc.) arrêtés, jetés en prison lors des évènements du 06 février 1949, et le désapparentement d’avec le parti communiste français (PCF) opéré par la droite du parti incarnée par son président Félix Houphouët Boigny, le PDCIRDA est devenu par la suite un parti d’accompagnement, de collaboration avec le pouvoir colonial. Après s’être imposé comme parti unique à la proclamation de l’indépendance octroyée par l’ex tutelle coloniale et adoubé par celle-ci, le président du PDCI Félix Houphouët Boigny s’est employé méthodiquement à coups de faux complots ourdis par ses soins à extirper de ses rangs et à neutraliser tous les militants démocrates attachés à la lutte pour une véritable indépendance. Durant trente trois ans (de 1960 à 1993) à sa mort, il avait réussi à juguler au sein du PDCI-RDA toutes les volontés de libre expression démocratique, et ambitions diverses. Ce sont elles qui ont éclaté au lendemain de sa mort et que Henri Konan Bédié n’a pas su contenir et qui se sont traduites par ces nombreux départs qui ont fragilisé considérablement ce parti. Henri Konan Bédié n’a pas su être à la hauteur de la situation emmuré qu’il était et qu’il reste encore dans deux reflexes opposés à la libre expression démocratique. Il s’agit d’une part du reflexe atavique monarchique Akan de prince, et du reflexe monopartisan hérité du long règne de son parti, en tant que parti unique. Emmuré dans ces deux reflexes il s’attend à ce que ses ordres soient exécutés et non discutés encore moins remis en cause. A cela s’ajoutent ses propres besoins sécuritaires de vie et de survie sur tous les plans et ceux de son entourage qu’il protège ; toutes choses qu’il place au dessus de la survie du parti. La lutte pour le pouvoir d’Etat qu’il a déjà exercé avec mauvaise fortune, la nécessité pour son parti d’avoir son propre candidat, tout ce discours qui n’est plus de son intérêt personnel ne peut plus l’atteindre. Dès lors Bédié se barricade. Il change de place à ses meubles, (entendez par là les dirigeants qu’il a nommés), les remplace quand ils le dérangent. Alphonse Djédjé Mady a été remplacé par son frère Bété Maurice Kacou Guikahué. Ce faisant Bédié a gagné sur deux tableaux. Il ne fâche pas les Bété du parti et il dispose désormais d’un collaborateur docile. Le dernier congrès ordinaire du PDCI-RDA a décidé que le parti aura son candidat choisi en son sein et présenté lors d’une convention. Le président Bédié en bon politique de droite n’a que faire des décisions déjà prises par le congrès et qui ne rencontrent plus son assentiment personnel. Il décide, tout seul, de choisir le candidat du parti hors du PDCI-RDA, organise un congrès extraordinaire sur mesure et le tour est joué : On se rappelle aussi par ailleurs que pour justifier le choix qu’il a porté sur le président Ouattara du RDR, Bédié avait souligné dans son appel de Daoukro, que c’était pour éviter que le pays ne sombre à nouveau dans la violence et dans un bain de sang. Mettant ainsi en relation d’identité le président Ouattara avec la violence et le bain de sang. C’est que Bédié redoute son homologue du RDR. Il faut bien le dire, il a une peur bien bleue de lui. Sont encore présents dans sa propre mémoire les propos qu’il a tenus sur lui dans son livre « Les chemins de ma vie », le mandat d’arrêt international qu’il a lancé contre lui quand il était chef de l’Etat et la réaction qui fut celle de Ouattara. « Quand je frapperai ce pouvoir moribond, il tombera ». La suite on la connait, Bédié est tombé le 24 décembre 1999. Et Ouattara a fêté la révolution des œillets.
Mais il ya bien plus. Entre les deux tours des présidentielles de 2010, une très forte pression assortie de menaces s’est exercée sur lui pour qu’il laisse Ouattara passer au second tour. Bédié qui n‘a jamais passé toute sa carrière politique un seul jour en prison a peur de Ouattara et ne veut rien entreprendre qui puisse le fâcher. Le petit poucet des anti-démocrates, dictateur en herbe a pour nom Pascal Affi N’Guessan, président sortant et bientôt sorti du FPI.

1.3. Affi à l’école de Bédié

Affi N’Guessan a commencé à dériver en quittant la rive gauche pour gagner la rive droite dès qu’il a été sorti de prison par le pouvoir Ouattara, le 06 août 2013. Des confidences au sein du Secrétariat exécutif que confirmeront par la suite les actes posés par Affi, avaient fait état de ce qu’il a été sorti de prison pour accomplir une mission de sabotage au sein du FPI pour le compte de son commanditaire Ouattara, via Bédié qui devait jouer sur la fibre ethnique Akan. La raison ? Miaka Ourétto, le président du FPI par intérim était jugé trop gbagboïste par le pouvoir dont le rêve était de faire disparaître le Front Populaire Ivoirien, dans la foulée de sa perte du pouvoir et la répression sanglante qui s’est abattue sur ses militants. Mais Miaka et son équipe de la direction intérimaire ont su organiser la résistance après la défection de Mamadou Koulibaly. Le Front Populaire Ivoirien est resté debout, mobilisé en rangs serrés comme en ont témoigné le giga meeting du 21 janvier 2012 sur la plage Ficgayo de Yopougon qui a drainé des milliers de militants pour exiger la libération du Président Gbagbo, et le respect des mots d’ordre de boycott des élections législatives, municipales et régionales qui se sont soldées par le désert électoral que l’on a vu. C’est ce FPI-là, celui de la résistance contre la dictature pour la libération du Président Gbagbo et la restauration de la démocratie, qui donnait des insomnies au pouvoir Ouattara, que Pascal Affi N’Guessan a trouvé en place à sa sortie de prison. On se rappelle la précipitation avec laquelle il voulait en reprendre la direction. Depuis lors, après avoir fait illusion quelques mois, Affi a abattu ses cartes le 27 mai 2014, en allant de façon solitaire, sur son simple claquement de doigts rencontrer le ministre d’Etat Kouadio Ahoussou Jeannot, sans le médiateur qu’exigeait l’écrasante majorité du Secrétariat Exécutif du parti. Quand Affi est ressorti de cette rencontre, comme il fallait s’y attendre, bredouille et même humilié par son hôte qui s’est même quasiment permis de lui ordonner, comme à un pantin qu’on agite, de faire lever le mot d’ordre de boycott du RGPH. C’est au Comité Central convoqué à cet effet que tout le monde a pu s’apercevoir que Pascal Affi N’Guessan avait un agenda personnel. Les camarades fraîchement rentrés d’exil, et qui gravitent aujourd’hui autour de lui dans l’espoir de participer aux festins royaux du pouvoir Ouattara, avaient été visiblement actionnés par Affi pour le soutenir. Mais en dépit des vociférations d’Alain Dogou, Alcide Djédjé and co. (et compagnie), le Comité Central les a débouté dans leur requête capitularde et démobilisatrice. Depuis lors, Affi qui seul avait déjà rencontré Bédié plusieurs fois, certaines fois en nous informant après coup, a décidé de fonctionner comme son mentor, en « séfon ». Comme l’avait fait Bédié pour dégommer les membres de la direction du PDCI qui critiquaient sa gestion solitaire du PDCI-RDA, Affi a fait le large remaniement solitaire du 4 juillet 2014, qui est apparu comme une photocopie de celui opéré par Bédié. Il avait rappelons-le remplacé le Secrétaire général du PDCI-RDA Alphonse Djédjé Mady, un Bété par un autre Bété, Maurice Kacou Guikahué. Affi a effectué exactement la même opération en remplaçant le Secrétaire général du FPI Akoun Laurent, Attié par une Attié, Agnès Monnet, pour les mêmes raisons que son mentor, explicitées déjà plus haut. Affi tout comme Bédié n’a rien à faire avec les textes fondateurs du FPI, ses statuts et règlements intérieurs, sauf pour s’en réclamer, et crier à une légitimité vieille de quatorze ans qu’il refuse de soumettre au suffrage des militants dont l’écrasante majorité ne se reconnait plus en lui. Affi n’a aussi que faire de la ligne du parti qu’il a, déjà depuis plusieurs mois, dévoyée dans les actions solitaires et l’immobilisme qu’il impose au parti. Le plus important pour lui, son unique souci, conserver la direction du parti, s’y accrocher le plus durablement comme son mentor Bédié avec la bénédiction de son autre allié véritable, Ouattara détenteur du pouvoir, dont Affi redoute la force comme Bédié. « Ceux qui sont au pouvoir sont trop forts. Ne faisons rien qui puisse les gêner ». Clame à tout vent Affi qui dans cette posture capitularde vient de voir ses comptes dégelés, de retrouver sa liberté de circulation, octroyée par C.E.E, et pour qui les assises prononceront bientôt sa condamnation à 24 mois, mais avec sursis. Voici ainsi présenté, un aspect du nouveau paysage politique ivoirien, à travers le trio infernal de dictateurs dont l’un exerce le pouvoir d’Etat et les deux autres lui servant de béquilles sur la scène politique. Eux et leurs suiveurs traitent les démocrates au sein du PDCI, « d’irréductibles », et au FPI de « frondeurs ». La résistance valant en tous points mieux que la capitulation, nous les baptiserons pour notre part, eux qui ont vendu leur âme au diable, pour une bouchée de pain, aussi bien au sein du PDCI-RDA que du FPI, de Vendus Capitulards ou Vendus Collabos. En abrégé V.C, comme le suggère son homonyme abrégé W.C, les V.C ne sont rien d’autres que les défécations de la scène politique que l’histoire des peuples ne célèbrent pas à l’instar du maréchal Pétain et des pétainistes en France, du renégat Khautsky en Russie et autres imposteurs et traitres à la nation du même acabit. Que faire alors pour déverrouiller et rendre possible la démocratie dans notre pays ? Pour l’instant, juste quelques mots. Il revient avant tout aux cadres démocrates de chaque formation politique, y compris ceux du RDR et de la société civile de prendre hic et nunc, ici et maintenant, l’exacte mesure de la situation au sein de leur organisation de sorte que soient répertoriées les dispositions nécessaires pour isoler tous les anti-démocrates et les dictateurs qu’on vient d’identifier et se tenir prêts pour être présents au rendez-vous de la renaissance démocratique de notre pays. La victoire des démocrates de tous bords contre les dictateurs et V.C de tout acabit dépend de notre détermination et engagement collectifs. Pour la suite, nous nous reparlerons dans les prochains jours, pourvu que DIEU nous prête longue vie sous ce soleil et régime sataniques.

Prof Bruno Gnaoulé-OUPOH

Secrétaire général Adjoint du FPI Chargé des relations avec les Syndicats et la société civile

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