Côte d’Ivoire – A quelques variantes près, le FPI vit le remake de la crise postélectorale de 2011

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Chacun donnant dans l’interprétation des textes fondamentaux du parti créé par Laurent Gbagbo, les deux camps opposés se sont enlisés plus que jamais dans la crise. Celle-ci rappelle à quelques degrés près la crise postélectorale qu’a vécue la Côte d’Ivoire au lendemain de l’élection présidentielle de 2010. Comme la Constitution ivoirienne, les statuts qui régissent le Fpi sont interprétés différemment dans les deux camps en présence, avec des articles choisis pour s’attirer la couverture. Quand le camp Affi évoque des prérogatives octroyées par les statuts pour couper des têtes, le camp Gbagbo ou rien s’appuie sur l’article 90.4 des mêmes textes pour lancer la fatwa contre le président statutaire qui ne s’avoue pas vaincu. Comme durant la crise postélectorale, deux hommes se disputent la tête du Fpi : Pascal Affi N’guessan et Sangaré Abou Dramane. Le premier dit tenir sa légitimité des textes du parti et le second dit tenir la sienne de l’onction de la base ou de la frange majoritaire du parti. Sangaré a ainsi avec lui, la majorité du secrétariat général (version du 14 aout 2014), la structure des femmes (Offpi), la Curfpi, structure des enseignants du supérieur, la Cefpi, celle des enseignants du secondaire, les représentations extérieures du parti (Sénégal, Ghana, Burkina, Italie France, Etats-Unis, Angleterre…). Pascal Affi N’guessan peut, de son côté, se consoler avec le soutien du président des jeunes Konaté Navigué et de quelques fédéraux.
Ici la voix du Comité de contrôle est complètement inaudible dans le camp Affi ainsi que l’était celle du Conseil constitutionnel version Yao Paul N’dré dans le camp Ouattara au cours de la crise postélectorale. La différence ici est que le Fpi n’est pas arrivé à son congrès électif qui a été reporté sine die en décembre 2014. Toujours est-il que la crise préélectorale que vit le Fpi oppose deux protagonistes. L’un militant pour la candidature de Laurent Gbagbo et l’autre la rejetant.
Comme lors de la crise postélectorale, la voix du médiateur n’a pu faire entendre raison. Comme Choï, l’ex-patron de l’Onuci, Emmanuel Golou qui était à Abidjan fin janvier à la tête d’une mission de l’Internationale socialiste (IS), n’a pas été à mesure de concilier les positions des deux camps. Pis, il est taxé de parti pris dans le dossier, en faveur d’Affi N’guessan qui a favorisé son arrivée. Depuis son départ d’Abidjan, chaque partie est restée sur ses principes sans bouger d’un iota.
Qui représente aujourd’hui les intérêts du Fpi ? Pour le camp Affi, il n’y a pas de doute. En dehors d’un congrès, personne ne peut remplacer leur champion, solidement accroché selon eux, à son fauteuil. Mais il oublie certainement que des dispositions statutaires et réglementaires régulent la vie du parti. Ce sur quoi s’appuie Sangaré et son camp pour faire du ‘’gardien du temple’’, le seul et digne représentant du peuple du Fpi. Ce dernier est oint par la frange la plus significative de la ‘’communauté internationale’’, ici les représentants du parti aux Etats-Unis, en France, en Angleterre et au Canada. Désormais pour eux, Affi peut se prévaloir d’un Fpi illusoire mais la réalité du pouvoir se trouve chez Sangaré. Un peu à l’image de la crise postélectorale où Ouattara était reconnu par la communauté internationale quand Laurent Gbagbo misait sur la décision du conseil constitutionnel pour rester le président de la République de Côte d’Ivoire.
Dans cette crise à l’issue incertaine, on ne peut pas encore prévoir la réaction des soutiens extérieurs de Pascal Affi N’guessan, à savoir le pouvoir Ouattara pour qui il est la superstar pour reprendre le qualificatif d’un confrère. Il faut cependant craindre les bombes pour régler la question qui divise les deux camps. Ces bombes comme celles de la coalition franco-onusienne pourraient bien être les intimidations du pouvoir à coups d’arrestation et d’emprisonnement des adversaires d’Affi.

S. Debailly

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