Côte d’Ivoire 2015 – Le régime de Ouattara dans une logique de fraudes massives et de violences

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L’ex-ministre des Affaires étrangères d’HouphouëtBoigny et d’Henri Konan Bédié, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre, Essy Amara est rentré dimanche de
France. Il lui a été refusé le salon d’honneur de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. De nombreux Ivoiriens qui étaient allés l’accueillir ont été chassés à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. C’est la première fois que l’ancien président de la Commission de l’OUA (ancêtre de l’UA) revient en Côte d’Ivoire après l’annonce officielle de sa candidature. C’est aussi la première fois qu’il n’a pas eu droit au salon d’honneur. Est-ce parce qu’il a décidé d’affronter le chef de l’Etat sortant au prochain scrutin présidentiel qu’Essy Amara a connu ces revers dimanche dernier ? Tout porte à le penser. Ce n’est pas le premier acte que pose le pouvoir contre les personnalités ayant décidé de l’affronter. En décembre dernier, des partisans de Charles Konan Banny avaient été arrêtés par la police économique. Certes, ils ont été libérés plus d’un mois après mais les délits de crime économique pendent désormais sur leur tête comme l’épée de Damoclès. Ces proches de l’ancien Premier ministre circulaient à Abidjan sans être inquiétés jusqu’au jour où leur mentor a déposé sa candidature au siège du PDCI. Ceux qui ont été arrêtés sont ceux-là mêmes qui avaient déposé ledit dossier. Dans la même veine, des soupçons de détournement des fonds de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation(CDVR) ont commencé à voir le jour quelques semaines après que l’ex-président de la structure ait déclaré sa candidature à la présidentielle. Alassane Dramane Ouattara, chef de l’Etat, candidat à sa propre succession a luimême allumé la mèche. Rien ne serait arrivé à Banny tant que ce dernier restait hors de la course à la présidence de la République.

Tout comme Kouadio Konan Bertin ne se verrait pas priver de meeting le 3 janvier dernier à Yopougon. KKB a lui aussi déclaré sa candidature et il n’a plus la totale liberté d’action sur le terrain. Ces faits sont la manifestation supplémentaire de la fébrilité d‘Alassane Ouattara. Le candidat sortant n’est pas sûr de lui. Le premier fait qui l’a très tôt prouvé, c’est cette volonté farouche d’être candidat unique du RHDP, cette coalition des houphouëtistes mise en place en 2005 à Paris sous l’impulsion de Jacques Chirac, pour contrer le très populaire Laurent Gbagbo. Et malgré une rébellion souterrainement soutenue par Paris et le RDR d’Alassane Ouattara. Malgré cette coalition Gbagbo n’a été vaincu qu’à l’irrégulière, par des fraudes dans les urnes au nord tenu par les rebelles pro-Ouattara puis par des

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bombes françaises et onusiennes. Gbagbo n’est plus là mais la confiance n’habite toujours pas Alassane Ouattara. Aussi a-t-il peur d’un adversaire de poids lors de la prochaine présidentielle. D’où l’appel de Daoukro invitant les militants du PDCI-RDA à faire de Ouattara leur candidat. Malheureusement, cet appel ne passe pas.
Non seulement des cadres influents du PDCI-RDA sont dans la course mais aussi sur le terrain, les militants ne comprennent pas pourquoi le PDCI-RDA ne doit pas avoir son candidat. Tous ces échos négatifs à l’appel de Daoukro troublent le régime et accentuent l’attitude anti-démocratique de ce dernier. Un autre fait majeur contre la démocratie : la démission le 3 février de Francis Wodié, président du Conseil constitutionnel et son remplacement par un ancien leader de l’ex-rébellion. Koné Mamadou est très proche de Ouattara. Tous les six conseillers qui seront les collaborateurs de Mamadou sont tous des militants du RDR. Autant dire que le chef de l’Etat contrôle désormais le Conseil constitutionnel. Il contrôlait déjà la Commission électorale où il avait reconduit le controversé Youssouf Bakayoko et fait nommer d’autres membres majoritairement favorables au régime. Il faut l’avouer : Ouattara sait que son parti est minoritaire et que même beaucoup de ses partisans sont déçus de sa politique antisociale. Alors il ne veut ni d’adversaires solides, ni d’élections transparentes. Il verrouille tout le processus. Il faut donc craindre des fraudes, des empêchements de vote par les milices armées que sont dozos et FRCI immatriculés ou pas. Il faut craindre des résultats contraires à ceux des urnes. Dieu pourra-t-il épargner aux Ivoiriens d’autres violences postélectorales ? Que Sa miséricorde triomphe !

Dan Opéli
Le Quotidien

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