En Côte-d’Ivoire des centaines de prisonniers de la crise de 2010/11 en grève de la faim

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Par la Voix de l’Amérique

Des centaines de prisonniers détenus en lien avec la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire ont entamé depuis lundi une grève de la faim pour protester contre la durée de leur détention.

Les grévistes, qui étaient au départ 500 sur tout le territoire mais dont le nombre est descendu à moins de 200, « estiment que leurs dossiers n’ont pas assez bougé » et pensent qu’un tel mouvement « va les faire avancer », a déclaré à l’AFP Babacar Ouata, le directeur des affaires pénitentiaires.

Ces détenus, poursuivis notamment pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », « meurtre » et « troubles à l’ordre public », veulent « fêter en famille » les fêtes de fin d’année, a-t-il ajouté.

Un autre cadre pénitentiaire a fait état d’environ 480 grévistes de la faim sur l’ensemble du pays, tous suivis médicalement, dont 60-70 à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).

Certains d’entre eux ont été reçus mercredi par des autorités judiciaires, a-t-il poursuivi sous couvert d’anonymat.

« La raison fondamentale de la grève, en dehors de la longue détention, c’est notre santé qui se détériore et la dislocation de nos familles », a expliqué à l’AFP un prisonnier joint à la Maca.

« S’ils ne peuvent pas nous juger, qu’on nous relaxe pour qu’on puisse se soigner! », a lancé cet homme, détenu depuis mars 2013.

La lenteur des procédures judiciaires ivoiriennes et la longueur des détentions préventives sont régulièrement dénoncées par les familles des détenus comme par la communauté internationale.

En octobre 2013, Doudou Diène, un expert onusien, avait appelé à la mise en liberté provisoire de « tous les détenus » de la crise, souvent emprisonnés sans que leur dossier n’avance.

Une cinquantaine de prisonniers « sont déjà internés à l’infirmerie » en raison de cette grève de la faim, a affirmé le même prisonnier, pour qui ses camarades veulent atteindre l’objectif de « zéro détenu politique avant janvier 2015 ».

La crise postélectorale, causée par le refus de l’ex-président Laurent Gbagbo d’accepter la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010, a fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

M. Gbagbo est actuellement emprisonné à La Haye en attente de son procès en juillet 2015 par la Cour pénale internationale, qui l’accuse de « crimes contre l’humanité ».

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