En Côte-d’Ivoire « l’arrestation de Gbagbo n’a pas réglé la crise »

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Dans un climat de tensions persistantes, il est difficile de discuter sereinement des raisons profondes de la crise et d’y impliquer l’ensemble de la société. Ainsi, le règlement de la question foncière demeure à un stade embryonnaire.
La gestion opaque des ressources publiques ne fait l’objet d’aucun débat. Le désarmement s’effectue au compte-gouttes. La réforme d’une constitution qui confère au chef de l’Etat un pouvoir quasi absolu ne semble plus être une priorité.
L’élection présidentielle qui doit se tenir en 2015 risque de se dérouler dans un pays divisé, où circulent toujours trop d’armes et où l’accès à la fonction présidentielle, parce qu’il constitue un enjeu vital pour les leaders politiques et leurs entourages, est en soi un puissant déclencheur de conflit.
On le voit l’arrestation de Laurent Gbagbo n’a pas réglé la crise ivoirienne. La France, sans laquelle la mise hors-jeu de l’ancien président ivoirien n’aurait pas été possible, doit désormais faire pression sur Alassane Ouattara pour qu’il ne commette pas les mêmes erreurs que son prédécesseur.

La réconciliation, un mirage

A la base aussi, la réconciliation reste un mirage. Dans les conditions actuelles, il est difficile pour les 1,7 million d’électeurs qui ont voté Gbagbo au premier tour du scrutin présidentiel de 2010 de ne pas se sentir traités comme des citoyens de seconde zone. L’exclusion, dont ont souffert les partisans de Ouattara sous le régime Gbagbo, est l’un des facteurs principaux du conflit ivoirien. L’inversion de l’exclusion produira les mêmes effets.

Rinaldo Depagne (International Crisis Group), Rue 89 16 avr. 2013

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