Côte d’Ivoire – Comment des cadres du Rhdp abusent de Bédié et Ouattara

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L’Appel de Daoukro est devenu un fond de commerce et/ou un objet de règlement de comptes. Cet appel qu’ils prétendent promouvoir avec les noms des présidents Ouattara et Bédié, est l’occasion pour certains cadres du Rhdp de se livrer à une guerre de leadership.

Le prétexte est connu. Les valeurs de l’Appel de Daoukro, depuis que le président Bédié l’a lancé, le 17 septembre dans sa ville natale, à la fin de la visite d’Etat d’Alassane Ouattara dans cette région, sont promues, à travers le pays. Ceux qui, individuellement ou réunis en associations, militaient pour une candidature unique du président Ouattara à la présidentielle de 2015, n’avaient plus d’autre choix que de changer de fusil d’épaule, en suivant l’Appel lancé par le président du Pdci. «Dans le message que je t’ai adressé lors de ton passage dans la région du Bélier, par la voix du premier ministre Ahoussou Jeannot, je demandais à la population de soutenir l’action que tu menais avec le gouvernement auquel participe d’ailleurs le Parti démocratique de Côte d’Ivoire. ADaoukro, je réitère de façon plus explicite ce message que je ferai valider par une convention jumelée du PdciRda au sein du Rhdp dont j’assume la présidence. En attendant, devant la nation rassemblée, sans détour, sans trahir les décisions du 12ème Congrès du Pdci-Rda, je donne des orientations fermes pour soutenir ta candidature à l’élection présidentielle prochaine». Ainsi, s’était adressé le président du Pdci à son «jeune frère» Alassane Ouattara. Demandant à toutes les structures du Pdci et des partis composant le Rhdp, de semettre en mouvement pour faire aboutir ce projet. C’est dans le but d’accomplir cette mission d’explication et de sensibilisation que des cadres du Rhdp ont investi Abidjan et le pays profond. Mais, sur le terrain, la mission telle que confiée par le président Bédié perd quelque peu son sens et son contenu. Si l’Appel de Daoukro reste le discours principal des animateurs, certains n’hésitent pas à s’en servir pour faire leur propre promotion quand d’autres en profitent pour régler des comptes à de potentiels adversaires du même parti ou d’un parti allié. «Chacun veut bien se faire remarquer dans la campagne en vue de la réélection du président Ouattara. C’est l’après 2015 qui occasionne toutes ces empoignades.

Appel de Daoukro ou guerre de positionnement?

L’Appel de Daoukro est le prétexte tout trouvé pour certains cadres du Rhdp pour préparer leur assise politique dans leur localité. L’Appel de Daoukro n’est qu’un prétexte », a analysé un cadre du Pdci Rda au sortir d’une réunion. Ce cadre du parti doyen explique qu’après la réélection du chef de l’Etat, des hommes politiques qui se seront battus sur le terrain pour lui permettre de rempiler, s’attendront certainement à des retombées. Si bien que dans des localités du pays, des cadres du Rhdp, au nom de l’Appel de Daoukro, travaillent pour leur promotion et leur positionnement personnels tout en se menant une bataille féroce. A Tanda par exemple, la mission d’explication de l’Appel de Daoukro a récemment donné lieu à une passe d’armes entre deux cadres de la région, issus du Pdci et du Rdr. En effet, Kobénan Kouassi Adjoumani, le ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques, figure importante du Pdci, et Koné Amadou, le maire de Tanda, cadre du Rdr en sont venus à des propos souvent virulents. Le nouveau maire de Tanda, rentré des USA où il résidait, est un jeune loup politique qui a osé terrasser le maire Pdci sortant, après 28 ans de présence continue à la tête de la municipalité.

Est-il vu comme un potentiel concurrent ?

Ce qui est certain, c’est que ces deux cadres du Rhdp ne se vouaient pas de la sympathie, dans un passé très récent. Et la rencontre relative à l’explication de l’Appel de Daoukro leur a permis de régler des comptes. Adjoumani s’est saisi de cette tribune d’explication de l’Appel de Daoukro pour descendre en flamme le jeune qui, lui aussi, a énergiquement réagi pour apporter la réplique. Le jour qui a suivi cette passe d’armes verbale, les deux cadres du Rhdp se sont retrouvés dans un même meeting à Bondoukou. Mais selon des indiscrétions, Adjoumani et Koné Amadou continuent de se regarder en chiens de faïence à Tanda. A Gagnoa, la guerre de positionnement est autre. Même si le secrétaire exécutif du Pdci, Maurice Kakou Guikahué, originaire de la région du Gôh, dément des velléités de scission au sein de la délégation Pdci-Rda de Gagnoa, des remous internes existent bel et bien entre lui et Djédjé Bagnon, le président du conseil régional et cadre du Pdci comme le Pr Guikahué, lui-même. Depuis de longues années, Joachim Djédjé Bagnon était connu pour être un militant actif de Yopougon. Mais depuis ces dernières années, il a regagné Gagnoa, où Kakou Guikahué entretient le vieux parti durant son absence. La plaie est si béante que l’on note que les absences de Djédjé Bagnon sont de plus en plus répétées aux cérémonies initiées ou parrainées par le secrétaire exécutif du Pdci à Gagnoa. Comme à Tanda, ici, la guerre entre ces deux pontes du Pdci Rda se fait avec en toile de fond, l’adhésion à l’Appel de Daoukro. Ailleurs, comme dans la région de San Pedro, deux cadres du Rdr s’affrontent sur le terrain de la sensibilisation sur l’Appel de Daoukro. Ainsi, profitant de cette mission d’explication, Légré Philippe du Rdr, natif de Fresco et président du conseil régional du Gboklê, s’est invité à San Pedro, région d’origine du député maire Nabo Bouéka Clément. Que venait donc chercher Légré Philippe à San Pedro, étant donné que chaque cadre du Rdr a été envoyé dans sa région d’origine pour mieux faire passer le message du président Bédié? Selon des sources proches des républicains, l’ancien ministre des Sports s’est heurté à un boycott des militants qui ne se reconnaissent pas en lui. Certains y voient une volonté de certains responsables de ratisser large et d’asseoir leur notoriété dans la région, dans l’optique des éventuelles nominations à la tête des districts. Ici encore, les cadres du Rhdp veulent se servir de l’Appel de Daoukro pour asseoir leur assise régionale. Outre ces «oppositions», il y a un certain nombre de cadres et militants qui s’envoient eux-mêmes sur le terrain, avec comme objectif, promouvoir l’Appel de Daoukro. Et, le discours est connu: «Ce sont les présidents Bédié et Ouattara qui m’envoient», ressassent-ils. Mais, il semble que certains s’activent, soit pour de mirobolants frais de missions, soit pour taper dans l’œil des présidents Ouattara et Bédié. On le constate, l’Appel de Daoukro suscite beaucoup d’intérêts, à quelques niveaux que ce soi.

L’Expression N° 1582 du Jeudi 27 Novembre 2014

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