Mutineries en Côte-d’Ivoire: Ouattara joue avec le feu

Cedeao

Ce mardi 18 novembre 2014, des bruits de bottes ont de nouveau retenti en Côte-d’Ivoire. A Bouaké, dans le Centre du pays, des militaires réclamant leurs «droits» – des matricules et des avancements sur salaires- sont sortis dans les rues ce mardi matin.

Selon les médias ivoiriens,les mutins ont érigé des barricades sur les principales voies d’accès interdisant les entrées et les sorties. Les grands magasins dans cette ancienne capitale de la rebellion ivoirienne sont restés fermés. Outre Bouaké, la grogne des mutins a gagné d’autres villes du pays, notamment Korhogo (Nord), Daloa (Centre-Ouest). Abidjan, la capitale économique, n’a pas été épargnée par les contestations. Au camp commando d’Abobo et au Groupement des sapeurs pompiers militaires, les contestataires ont également manifesté leur colère.

Face à la contestation grandissante, les autorités d’Abidjan, ont réagi. Dans une déclaration sur les antennes de la chaîne nationale (Rti), le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi après avoir annoncé qu’il recevrait une délégation des Frci pour des propositions au Conseil national de sécurité et le paiement des arrièrés de soldes et de déplacement, a appelé les militaires à retourner à leurs postes.
Jeu dangereux

Cette mutinerie, la première depuis la chute du régime Gbagbo, si elle semble vite contrôlée constitue la première chaude alerte pour le régime Ouattara. Et le président Ouattara devrait, assez tôt, prendre des dispositions pour ne pas que ce genre de mouvements qui touchent nombre de garnisons du pays ne se répètent à l’avenir. Ceci pour deux raisons fondamentales. La première, c’est d’abord les foyers de la contestation. Bouaké et Korhogo d’où est partie la grogne sont des anciens foyers de la rebellion de 2002 qui a conduit à la scission du pays en deux. Et c’est un secret de polichinelle que le président Ouattara, qu’on a longtemps soupçonné être derrière cette rebellion de Septembre 2002, n’a jamais eu la mainmise sur elle. Soro Guillaume, l’actuel président de l’Assemblée Nationale ivoirienne contrôlant les forces rebelles. Et Dieu Sait qu’elles lui sont restées fidèles. De cette fidélité qu’on ne démontre plus, Soro Guillaume l’ancien chef rebelle que ses adversaires qualifient d’opportuniste et de roublard pourrait toutefois profiter de son influence sur les Frci et se rendre davantage incontournable au sein du pouvoir Ouattara. Ceci, de par ses sollicitations pour la résolution de ce genre de crise. Situation qui ne ferait qu’arranger l’ancien chef rebelle qui lorgnerait le fauteuil présidentiel.

L’autre raison, c’est la ‘’menace Fpi’’. Les barons du parti de l’ancien président Gbagbo aujourd’hui poussés dans leurs derniers retranchements par la justice à double-vitesse instaurée par le pouvoir Ouattara n’hésiteraient point à profiter de ce genre de situation pour prendre leur revanche. Eux, qui ont été contraints au partage du pouvoir en 2002 par la rebellion.

Au vu de ces menaces, le président ivoirien devra faire très attention à ce genre de contestation notamment au sein des Frci. De peur de voir lui aussi son mandat écourté par une éventuelle rebellion.

Yao Hervé Kingbêwé

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