Côte-d’Ivoire – Ça ne va pas dans l’armée, échanges de tirs, chefs de guerre tabassés, réunions de crise

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Confusion totale dans l’armée

Deux chefs militaires tabassés, des tirs entendus, un domicile saccagé

La forte tension qui prévaut depuis quelque temps au sein de l’armée peut-elle retombée ? «Non, il n’est pas question qu’on arrête. Pas tant qu’ils ne nous ont pas remis les 5 millions FCFA qu’ils nous ont promis avant qu’on ne prenne les kalaches pour enlever Gbagbo et mettre Alassane au pouvoir. Nous voulons notre argent maintenant. Janvier 2015 est trop loin », soutient un ex-rebelle devenu FRCI.

Comme ses milliers de frères d’armes, il est terriblement remonté contre Alassane Dramane Ouattara et le chef d’état-major des armées, le général Soumaïla Bakayoko. Ce dernier, les frci ne veulent même pas le rencontrer. Ils en veulent aussi à ses émissaires dont deux d’entre eux auraient été tabassés par les frci, le vendredi 14 novembre dernier, dans la matinée, au 3ème bataillon de Daloa.

Selon des sources militaires jointes sur place, les victimes sont le chef de corps du 3ème bataillon, le commandant Doumbia, et un ex-chef rebelle nommé Abou Fama venu de Séguéla. Toujours selon nos sources, à Bouaké, le domicile de la famille de l’ex-chef de guerre nommé lieutenant colonel par Alassane Ouattara, Zoumanan Ouattara, actuel chef de corps du 1 er bataillon d’infanterie d’Akouédo, aurait été saccagé, vendredi matin, par les frci en colère. Ils accusent Zoumanan Ouattara de « trahison » pour n’avoir pas, disent-ils, soutenu leur cause. C’est aussi la raison de leur déchaînement contre les deux chefs militaires à Daloa pourtant allés, nous a-t-on dit, à leur rencontre pour les calmer et les rassurer que leurs revendications trouveront des solutions. A savoir qu’ils auront leur argent (5 millions fcfa chacun) et qu’ils percevront leur salaire en dépit du fait que bon nombre d’entre eux n’ont pas d’extrait de naissance. C’était l’un des documents exigés pour percevoir le salaire main à main. Des tirs ont même été entendus à Daloa, le vendredi 14 novembre dernier, où la tension était vive au camp militaire du 3ème bataillon.

Initialement prévu pour démarrer dès la fin de ce mois de novembre, le paiement main à main des militaires qui devrait s’étendre sur trois mois (novembre et décembre 2014 et janvier 2015) a été reporté sine die par le pouvoir face à la forte tension. Les militaires (frci et ex-fds) percevront donc leur salaire par virement bancaire. Cette décision a été arrêtée par l’état parce qu’il se serait rendu compte que les frci menacent de bloquer le fourgon brinKs qui transportera les salaires et viendra au nouveau camp Akouédo pour le paiement main à main. Ils menacent de récupérer cet argent pour se le distribuer comme une part de leurs 5 millions fcfa. Toujours selon des sources militaires concordantes, le ministre délégué à la défense, Paul Koffi Koffi, s’est rendu au camp d’Akouédo, le jeudi 13 novembre où il aurait eu, de 21h à 1h du matin, une réunion avec les chefs des trois corps qui y sont (le bataillon blindé (bb), le bataillon d’artillerie sol-air (basa) et l’infanterie). Il leur aurait dit que leurs éléments n’auront pas leur salaire main à main ce mois-ci à cause des extraits de naissance et qu’Alassane Dramane Ouattara leur donnera leur argent (5 millions fcfa chacun) d’ici janvier 2015. L’objectif étant de tenter d’apaiser les frci. Ce fut un échec pour Paul Koffi Koffi, dit-on. Le lendemain, vendredi 14 novembre, tous les chefs de corps de l’armée ont été appelés d’urgence à l’état-major pour une réunion de crise à propos de la grogne au sein de l’armée avec bastonnade de chefs militaires et violences diverses. Face au pouvoir Ouattara, les ex-rebelles devenus Frci ne veulent rien lâcher. « On n’acceptera pas cette ingratitude », lance un frci très en colère.

Notre Voie par Didier Depry

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