Abidjan, 3 oct 2014 (AFP) – Environ 80.000 apatrides sur les 700.000 vivant en Côte d’Ivoire ont entamé des démarches pour obtenir la nationalité ivoirienne, a estimé vendredi le Haut-commissariat aux réfugiés, dans un pays que les questions de nationalité ont embrasé ces dernières décennies.
« Il faudrait faire plus de publicité sur ce thème. Les gens ne sont pas forcément au courant », a déclaré Mohamed Touré, représentant du HCR en Côte d’Ivoire, à l’AFP, ajoutant que les autorités ivoiriennes, volontaires sur le sujet, font malgré tout « profil bas » « par crainte d’être accusées de bourrage d’urnes ».
La question de la nationalité reste très polémique en Côte d’Ivoire, où l' »ivoirité » avait fait des ravages dans les années 1990-2000, empêchant notamment la candidature de l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara à l’élection de 1995 et causant des violences dans tout le pays.
Les députés ivoiriens ont voté en août 2013 une loi facilitant l’acquisition de la nationalité pour certaines catégories d’individus. La presse d’opposition a alors accusé le pouvoir de « brader » le passeport ivoirien et de se créer du « bétail électoral » en vue de la présidentielle de 2015.
« Il faut rétablir les gens dans leur droit fondamental, leur nationalité. Après, pour qui ils voteront ou pas, ce n’est pas la question!, a affirmé Mohamed Touré. C’est comme si on n’avait pas donné leurs droits aux noirs américains après la guerre de sécession en affirmant qu’ils allaient voter pour tel ou tel parti. »
Abidjan estime à 700.000 le nombre d’apatrides sur son territoire, un nombre important mais vraisemblablement sous-estimé du fait de la non-régularisation des enfants à l’état-civil sur plusieurs générations.
D’après l’UNICEF, 2,8 millions de mineurs ne sont pas déclarés, soit un quart des moins de 18 ans. Le ministère de l’Education nationale ivoirien chiffrait en 2013 à 750.000 le nombre d’élèves sans acte de naissance.
Autre catégorie d’apatrides, les descendants de migrants arrivés en Côte d’Ivoire entre l’indépendance en 1960 – quand le droit du sol était appliqué, toute personne née sur le territoire ivoirien devenait de fait ivoirienne – et 1972, quand le pays s’est converti au droit du sang, en vertu duquel naît ivoirien l’enfant d’un Ivoirien. Ils ont perdu toute nationalité si leurs parents n’ont pas fait les démarches nécessaires.
La Côte d’Ivoire a adhéré le 3 octobre 2013 aux convention onusiennes sur l’apatridie. Les résultats prévus en décembre du recensement national effectué cette année devrait permettre de connaître le nombre exact de personnes concernées.
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