ADO le président du rassemblement des républicains (rdr) est-il républicain ?
PRAO Yao Séraphin
Depuis 1994, le marigot politique en Côte d’Ivoire enregistre la présence d’un parti politique dénommé : Rassemblement Des Républicains (RDR). A la tête de ce parti, un homme, Dr Alassane Dramane Ouattara (ADO). Aujourd’hui, le Président de ce parti est devenu le président de la république en Côte d’Ivoire. La question qui reste sur les lèvres des Ivoiriens que nous nous posons ici est de savoir si ADO est républicain. Une provocation ? Bien sûr que non ! En réalité lorsqu’on pose la question de savoir si Socrate est un Homme, c’est qu’il n’a peut-être pas le sens commun. Pour revenir au président du RDR, sa pratique du pouvoir est tellement étrange qu’elle nous autorise à mener une réflexion ne serait-ce que sommaire et panoramique sur l’énigmatique personnage. A cette question inaugurale, nous répondons que le chef de l’Etat et président du RDR n’est pas républicain. Nous le prouvons à travers les lignes qui suivent.
Que signifie aujourd’hui être républicain ?
En Côte d’Ivoire, des meetings s’organisent à la place de la république, les républicains sont aux affaires et les bonnes choses sont qualifiées de « républicaines ». Que recouvre donc cette notion ? Aux Etats-Unis, être Républicain traduit une appartenance politique. Dans les autres pays du globe, la notion ne dit pas grand-chose tellement ceux qui l’utilisent en abusent.
Selon la définition des dictionnaires en usage, être républicain, c’est être « partisan d’un régime politique dans lequel le peuple exerce la souveraineté directement ou par l’intermédiaire de délégués élus ». Pour prétendre être républicain, l’élu de la Nation doit respecter le mandat que lui a conféré le peuple. Mais méfions-nous des amalgames car une république n’est pas forcément une démocratie : une dictature peut porter le nom de république. A l’inverse, une démocratie n’est pas obligatoirement une république : le Royaume-Uni est la plus emblématique des vieilles démocraties ; or son régime est bien monarchique, même si la reine ne détient qu’un pouvoir honorifique, et que son premier ministre est issu d’un parlement élu au suffrage universel direct.
La preuve par 3 que le Président Ouattara n’est pas républicain
Les « Tartuffes du patriotisme » en Côte d’Ivoire, en plus d’être donneurs de leçons, osent s’accaparer la République alors qu’ils la foulent aux pieds sans relâche. Pour ADO et ses amis républicains, les valeurs de la République ne s’inscrivent plus que dans un catalogue d’idées calibrées sans significations réelles.
Preuve n°1 : son manque de respect envers le peuple de Côte d’Ivoire
Le Président de la république doit se référer au peuple pour les grandes décisions et consulter les élus du peuple pour les lois. Sans mandat du peuple, le Président Ouattara a fait voter une loi sur l’apatridie. Mieux il « produit » aujourd’hui des Ivoiriens sur « simple déclaration » comme si être Ivoirien était semblable à une marchandise qu’on déclare à la douane. Le Président Ouattara gouverne par ordonnance reléguant ainsi notre assemblée nationale à sa simple expression. Sous Ouattara, les Ivoiriens sont semblables à un patient à qui le médecin délivre des ordonnances à tout va même si ces prescriptions sont inutiles. Sous ADO, les Ivoiriens ne sont pas égaux et l’égalité des droits et devoirs n’a aucune signification. Sous ADO, on néglige les devoirs en les adaptant aux besoins des petits copains coquins et aux besoins des petits caïds. Et dire que le président du RDR et ses amis continuent bassement à nous prendre pour des benêts en déclarant à tous vents, la main sur le cœur : « Nous sommes républicains, nous ! ». Jusqu’à l’essoufflement, ils déclinent cette formule magique dans tous les styles et les modalités.
Preuve n°2 : son manque de respect pour les institutions
A défaut de me laisser gouverner comme un roi, je foule au pied vos institutions. Telle est la volonté du Président Ouattara à travers ses actes. Alors qu’il était opposant au régime de Bédié, il disait ceci « je frapperai ce pouvoir et il tombera ». Un républicain ne « frappe » jamais un pouvoir, il élabore un projet de société qu’il présente au peuple pour qu’il adhère tout simplement. Et c’est à l’issu des urnes qu’on devient Président de la République et non par les armes. Mieux, les accointances du Président Ouattara avec l’ex-rébellion entament son républicanisme. En effet, selon les propos de Koné Zakaria, relayés par une vidéo en ligne, les rebelles auraient pris les armes pour que le candidat Ouattara soit président de la république. La similitude des revendications de l’ex-rébellion et le combat des « Républicains Ivoiriens » n’a rien de fortuit. Aujourd’hui, devenu Président de la République, il continue de se moquer des institutions de la république. Sous ADO, les limites des activités de l’Etat ne sont pas définies. La Côte d’Ivoire n’a pas un Président mais un Hyper-Président avec des hyper-pouvoirs. Il ne respecte pas les lois du pays. A titre d’exemple, il refuse de payer le salaire et les traitements des anciens députés en dépit des dispositions constitutionnelles.
Preuve n°3 : la création d’une république ethnique
« Ethnicité » et « République » : est-il légitime de juxtaposer ces deux termes ? Une telle démarche n’induit-elle pas une contradiction, un contresens, un paradoxe, voire une antinomie insurmontable, autant dans la théorie que dans la praxis ? En effet, dans notre imaginaire politique, le premier évoque le règne des particularismes, des communautarismes et, au-delà, le spectre de la division et de la balkanisation du corps social. Au contraire, le second renvoie à l’universalisme, à la citoyenneté et à la transcendance civique des intérêts particuliers. Dans cette perspective dualiste, notre recours à la notion de république ethnique pourrait être interprété comme une « provocation », voire comme une forme de « dérive scientifique ». Pire, d’aucuns pourraient y voir une entreprise de subversion politique, visant à délégitimer l’universalisme républicain et l’État-nation. Et pourtant la réalité nous commande de ne pas y voir de la provocation. Le Président Ouattara s’est déclaré Président d’une partie des Ivoiriens. Il a dit avec force vouloir faire du « rattrapage ethnique », au détriment de la construction et l’affermissement de la république. Le « Alassanisme d’État » s’est fondé, selon nous, sur « un mythe de réconciliation » des mémoires meurtries (le Nord du pays) et des minorités (les immigrés et leurs enfants) autour de l’idée nationale. Le faisant, l’Histoire retiendra que le RDR a joué un rôle majeur dans la production institutionnelle d’ethnicité. Cette ethnicisation du politique s’est manifestée notamment sur deux plans. D’une part, dans la volonté du gouvernement et des dirigeants du RDR de promouvoir de « nouvelles élites » issues de l’immigration.
D’autre part, il fait profiter les richesses de la nation aux seuls membres de son clan.
Les gouvernants actuels oublient la Nation, cette Nation dont les données objectives (le territoire, l’ethnie, la langue, la religion, la culture, l’Etat) supposent l’existence d’une volonté durable de vivre au sein d’un même ensemble, en inventant « l’inclusion », en clair, le multiculturalisme officialisé. Le Président Ouattara et ses amis oublient la Patrie sous prétexte que ce symbole incarne le repli sur soi. Etre patriote foncièrement et profondément, dans sa chair et dans son cœur, c’est être rabougri selon eux. Etre fier de son identité, de sa culture, de ses valeurs, de son histoire et de ses racines, c’est être étriqué pour eux.
En définitive, la notion d’ethnicité républicaine constitue bien le produit d’une investigation sociologique au cœur du système politique ivoirien sous ADO. Le processus d’ethnicisation du politique, bien que celui-ci ne soit jamais clairement assumé par les gouvernants actuels, ils font tout de même en permanence de l’ethnicité sans le savoir, ou plutôt en faisant fi de l’ignorer.
En conclusion, quiconque met en cause la République attaquerait les principes même de la Nation et c’est le cas du Président des « républicains » de Côte d’Ivoire.
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