Par Joan Tilouine Jeune-Afrique
L’accord sur la composition de la commission électorale ivoirienne, signé le 11 août entre les partis, est fondamental pour la tenue de la prochaine présidentielle en 2015. S’il s’effrite, les démons politiques du pays pourraient reprendre le dessus.
Nul n’a oublié la scène. Retransmise en direct à la télévision, la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale indépendante (CEI) avait été empêchée physiquement par Damana Adia Pickass, le représentant du camp de Laurent Gbagbo. Puis c’est dans des conditions tendues que le diplomate Youssouf Bakayoko, alors président de la commission, avait fini par annoncer la victoire d’Alassane Ouattara en décembre 2010.
Près de quatre ans plus tard, c’est son lointain neveu Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, qui a conduit pendant cinq mois les négociations avec l’opposition pour parvenir à un consensus sur la composition de la CEI, dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2015. Les tractations pour la répartition des postes ont été âpres et l’accord paraît encore fragile. Le 11 août, jour où les dix-sept commissaires ont prêté serment devant le Conseil constitutionnel, était donc très attendu.
Quatre d’entre eux sont membres de l’Administration. Les autres sont issus, dans des proportions identiques, des rangs des partis au pouvoir, de l’opposition et de la société civile. Le dernier, Sourou Koné, représente le président Alassane Ouattara auprès de la commission.
L’opposition dénonce un déséquilibre
Dès l’adoption de la réforme de la CEI à l’Assemblée nationale, en mai, les critiques ont fusé, y compris du côté du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), allié du pouvoir. Kouadio Konan Bertin, député de Port-Bouët, a fustigé le « caractère non indépendant » de la CEI et vitupéré le pouvoir.
« C’est la meilleure commission que la Côte d’Ivoire ait eue, avec une représentativité telle que le consensus a été atteint, estime au contraire Sourou Koné. Il faut saluer la présence et le rôle important des quatre représentants de la société civile, dont deux sont religieux. On sort d’une crise tellement grave que les commissaires doivent faire valoir leur sens de l’État et du devoir national. »
Mais au sein de l’opposition, on dénonce un « déséquilibre » – neuf membres sur dix-sept représentent le pouvoir – et on se dit méfiant à l’égard du « rôle d’arbitre » dévolu aux membres de la société civile. « Personne ne peut être parfaitement neutre, mais nous devons tous être impartiaux, souligne Marguerite Yoli Bi Koné, chargée de l’information à la CEI en 2010 et devenue l’un des quatre commissaires issus de la société civile. Nous allons pleinement jouer notre partition et assumer s’il le faut notre rôle de tampon, garant de la neutralité. »
« Les élections ne se gagnent pas à la CEI mais dans les urnes », tempère Hamed Bakayoko. Ce à quoi Gervais Coulibaly, l’un des commissaires issus de l’opposition, répond : « Les élections ne se gagnent pas à la CEI, mais la CEI peut faire perdre des élections. » L’ancien porte-parole de Laurent Gbagbo entend bien faire valoir les exigences de l’opposition, déterminée à obtenir la présidence du futur bureau exécutif de la CEI. Sa composition, en cours de négociation, doit être annoncée d’ici à la fin du mois. « Ce serait un message fort en direction des militants, qui ont besoin de faire confiance à cette institution pour éviter qu’un scénario du type de celui de 2010 ne se reproduise. »
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