Serges Koffi, ex Secrétaire Général de Fesci et actuel conseiller et porte-parole de Stéphane Kipré
Le samedi 2 Aout 2014, à l’initiative de Arsène Touho, Secrétaire général adjoint chargé de la diaspora et du projet de société, les délégations en Europe de l’Union des Nouvelles générations se sont retrouvées au cours d’un séminaire de formation à Gambais, en France.
Venus d’Italie, d’Allemagne, Du Luxembourg, de la Belgique et de Grande Bretagne, les délégués ont été instruits sur plusieurs modules par le professeur Balou Bi, ex prisonnier politique à Bouna exilé en France, Serges Koffi, ex secrétaire général de la FESCI et actuel conseiller et porte-parole du président l’UNG M. Stéphane Kipré qui a lui-même exposé sur les sept piliers de son parti qui constituent le socle de son projet de société. Faisant référence aux dissensions qui secouent actuellement le Front Populaire Ivoire, Stéphane Kipré a lancé un appel au calme : « Ce qui se passe au FPI, parti avec lequel nous avons de fortes alliances reposant sur une confiance totale, nous interpelle en ce sens que c’est un partenaire dans le combat pour la souveraineté de la Cote d’Ivoire. C’est ensemble que nous avons soutenu le candidat Laurent Gbagbo et nous nous retrouvons au sein du Congrès National pour la Résistance et la Démocratie (CNRD) et la nouvelle alliance des partis d’opposition.
Parce que nous avons besoin d’un FPI fort, je voudrais appeler tous nos camarades à la retenue et à la sagesse afin que par des mécanismes internes, cette tension soit apaisée. Le rôle de l’UNG, en aucun cas, ne réside dans le fait de s’immiscer, de se mêler des dissonances qui ont lieu au sein d’un parti frère.
Nous devons faire bloc contre l’adversaire commun qui n’est certainement pas au sein de notre alliance car divisés, nous prolongeons la souffrance du peuple de Côte d’Ivoire qui compte sur nous pour mener avec opiniâtreté une lutte sans compromission aucune. Les partisans du père de l’expression « asseyons-nous et discutons » ne peuvent se permettre de donner l’image d’une famille inconciliable.
A l’Union des Nouvelles Générations, nous réaffirmons qu’à ce jour, contrairement à ce que tente de faire croire le régime Ouattara, nous sommes toujours dans la crise post-électorale et c’est la raison pour laquelle, l’opposition ne peut tenir de manifestations publiques sur toute l’étendue du territoire mais aussi que l’on nous impose une Commission Electorale qui n’a d’indépendance que le nom. Il nous faut donc rapidement juguler toutes les contradictions internes afin de nous concentrer sur la libération du président Gbagbo. L’épreuve qu’il endure présentement ne peut être passée pour pertes et profits.
C’est ensemble, unis et déterminés et que nous réussirons à vaincre la dictature rampante qui s’est installée dans notre pays. C’est cela notre priorité! Voilà l’essence de notre combat! » a-t-il dit.
Serge Koffi quant à lui déclinant la position de son parti sur l’actualité politique du pays a été très prolixe. Nous vous proposons à cet effet le texte complet de son exposé
Module IV : La position de l’Union des Nouvelles
Générations sur les sujets d’actualité en Côte d’Ivoire
« Si Ouattara nous impose toujours une commission électoral multipartite au lieu d’une commission véritablement indépendante, c’est qu’il reconnait que nous sommes toujours dans la crise. Il faut donc vider tous les contentieux avant de parler de nous nouvelles élections. A défaut, que celles-ci soient confiées au ministère de l’intérieur comme par le passé et que le régime Ouattara en assume les conséquences »
Si les élections présidentielles d’Octobre 2010 se sont déroulées dans des conditions dites acceptables par tous, celles de Novembre 2010 appelées élections du 2nd tour ont révélé toutes les carences de la Commission Electorale Indépendante (CEI) en charge de celles-ci dans notre pays.
Alors que le Conseil Constitutionnel proclame Laurent Gbagbo vainqueur, le vaincu Alassane Dramane Ouattara rentre en rébellion et cette autre guerre civile qu’il livre à la Côte d’Ivoire nous conduit à ce que l’on a appelé : crise post-électorale sans toutefois que le contentieux électoral ne soit vidé comme le souhaitait le président Gbagbo alors vainqueur. Il va alors s’en suivre une chasse aux sorcières avec son corollaire d’enlèvements, de séquestrations, d’emprisonnements, d’assassinats et plusieurs vagues d’Ivoiriens en fuite vers l’exil. C’est dans ces conditions que nous sommes emmenés à réfléchir sur les nouvelles élections de 2015.
Les élections présidentielles de 2010 étaient présentées par la classe politique ivoirienne comme celles qui allaient nous permettre de sortir de la grave crise que traversait notre pays depuis bientôt 10 ans. Il s’agissait dans un souci d’apaisement de permettre à Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, éliminés par la constitution ivoirienne d’y participer. C’est dans cet esprit que le président Gbagbo fera usage de l’article 48 de notre loi fondamentale pour faire d’eux des candidats exceptionnels. Malheureusement, en lieu et place de nous sortir de l’impasse, celles-ci ont accouché de la crise la plus grave que notre pays ait connu étant donné que les deux institutions en charge des élections ont proclamé deux vainqueurs différents d’où le recours à la force d’un côté par Alassane Ouattara – soutenu par la communauté internationale – pour aller chercher le fauteuil présidentiel et par Laurent Gbagbo pour défendre son pouvoir et la voie des urnes. D’un côté comme de l’autre, c’est donc la force qui en définitive a départagé les candidats ; Laurent Gbagbo étant kidnappé le 11 avril 2011 et transféré à Korhogo dans le nord du pays tandis que son adversaire prenait pleine possession du pouvoir. Les partisans de Ouattara et de Gbagbo ont donc pu constater les limites de leurs bulletins de vote puisque l’issue pacifique qui était attendue a été remplacée par un bain de sang. La conséquence immédiate est que les ivoiriens ont perdu confiance dans le processus électoral pour arriver à l’alternance politique. Désormais, avant de participer à une élection, il faut s’assurer d’avoir avec soi une armée assez forte pour aller concrétiser sa victoire contestée par l’adversaire. Comment dans ces conditions convaincre les ivoiriens de retourner aux urnes tandis que les partisans de Laurent Gbagbo subissent jusqu’à ce jour les contrecoups de leur choix politique ?
Par ailleurs, au moment où nous tenons ce séminaire, de nombreux militants de l’Union des Nouvelles Générations croupissent à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan, tandis que certains sont exil à l’instar du président statutaire du parti et que nombreux sont ceux qui ont tout perdu sans oublier qu’Etienne N’guessan, le président intérimaire est porté disparu depuis de nombreux jours maintenant. Est-il moralement juste pour notre parti mais aussi tous les autres partis et mouvements se réclamant de Laurent Gbagbo de préparer de nouvelles élections pendant que les militants que nous avons convaincu en 2010 de soutenir le candidat Gbagbo subissent encore les injustices les plus criardes ? Avons-nous le droit d’oublier les ivoiriens en exil et en prison ? Ne devrions-nous pas au contraire leur manifester notre solidarité en faisant de la réparation du tort qu’ils continuent de subir ? Sinon qui voudra nous suivre dans une nouvelle aventure électorale, s’exposant ainsi aux mêmes brimades de 2010 ?
Avant de traiter la question relative aux futures élections annoncées en Côte d’Ivoire, prenons la peine de faire un véritable état des lieux.
L’instauration d’une Commission Electorale Indépendante (CEI), elle est la résultante du combat du président Laurent Gbagbo pour la démocratie puisque par le passé, c’était le ministère de l’intérieur qui organisait les élections. A cet effet, le Front Populaire Ivoirien avait boycotté les présidentielles de 1995 parce que le parti démocratique de Côte d’Ivoire au pouvoir refusait de satisfaire à une révision du code électoral pour y introduire le vote à 18 ans, le bulletin unique, les urnes transparentes, la création de la commission en charge des élections, etc…
Nous tenons à rappeler qu’une commission multipartite n’est pas forcément une commission indépendante. Une véritable commission indépendante est celle où les principaux responsables se tiennent à équidistance de tous les partis politiques. Cela avait été le cas avec la commission électorale de 2000 dirigée par M. Honoré Guié. La commission de 2010 en revanche, composée de partis politiques est une commission de sortie de crise. Il s’agissait de rassurer l’opposition et les mouvements rebelles en leur permettant de participer à l’organisation. C’est d’ailleurs dans cette dynamique qu’il leur a été permis de diriger ladite commission.
Ainsi donc, la commission électorale de 2010 comprenait 33 membres dont 10 proches du camp présidentiel, 6 de la société civile tandis que le G7, regroupant les mouvements rebelles et les partis d’opposition se taillait la plus grande part avec 17 membres. La nouvelle CEI que nous propose Ouattara est composée de 17 personnes dont 12 sont clairement militants du RHDP.
Pourquoi alors que le camp Ouattara veut nous persuader que nous sommes sortis de la crise, il nous impose une CEI de crise, c’est-à-dire composée de partis politiques ? Si l’on considère que nous ne sommes plus en crise, alors il faut dissoudre l’actuelle commission et mettre en place une vraie CEI indépendante, sans la participation des partis politiques. Mais si bien au contraire nous reconnaissons que nous sommes encore en crise, alors mieux vaut vider les contentieux de la crise avant de parler de nouvelles élections.
Dans un pays responsable, Youssouf Bakayoko qui a été incapable de proclamer les résultats des élections présidentielles de 2010 ne devrait même plus être visible sur la scène politique mais en Côte d’Ivoire, non seulement il continue de donner des leçons mais bien plus, il siège encore dans la nouvelle commission en dépit de son incompétence notoire. Est-ce une récompense ?
L’Union des Nouvelles Générations n’est pas intéressée par la participation à la commission. En effet, nous voulons une commission sans les partis politiques car n’oublions pas que la majorité des conflits post-électoraux en Afrique résultent des commissions électorales mal constituées. Si Alassane Ouattara n’est pas en mesure de mettre en place une commission électorale véritablement indépendante, nous proposons pour gagner du temps qu’il confie l’organisation des élections à son ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko et qu’il en assume l’entière responsabilité.
Et d’ailleurs, quelle liste électorale pourrait nous produire une telle commission déséquilibrée et incompétente quand on sait qu’aujourd’hui en Côte d’Ivoire, la nationalité ivoirienne est bradée à tous les carrefours ? Et pourtant la loi 61-415 du 14 décembre 1961 portant code de la nationalité ivoirienne, modifiée par la loi 72-852 du 21 décembre 1972 réglait toutes les questions d’apatridie. C’est d’ailleurs pour régler toutes ces questions et vider les contentieux nés des dernières élections que l’Union des Nouvelles Générations a souscrit à l’idée des Etats Généraux de la République telles que proposés par le Front Populaire Ivoirien. Il faut un dialogue national inclusif autour de ces questions existentielles pour notre jeune nation.
Qu’on ne s’y trompe pas, l’Union des Nouvelles Générations, à l’instar de tout parti politique ambitionne de prendre le pouvoir pour appliquer son projet de société. Cependant, nous ne sommes pas disposés à accompagner et légitimer une dictature comme cela est le cas actuellement en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi en attendant la convention du parti qui se tiendra en Novembre, nous disons qu’il faut satisfaire à certaines conditions pour sortir définitivement de la crise par des élections propres et non contestables.
Nous demandons la libération de tous les prisonniers politiques à commencer par le président Laurent Gbagbo, le ministre Charles Blé Goudé, la première dame Simone Gbagbo et tous les autres détenus civils comme militaires, le retour de tous les exilés et la levée des mandats d’arrêts insensés, la rétrocession des domiciles et des tous les autres biens confisqués par le pouvoir Ouattara suivis du dédommagement de toutes les victimes, la recomposition de la CEI.
A propos du procès du président Gbagbo à la Cour Pénale Internationale, nous constatons un vent de découragement depuis la confirmation des charges alors que celle-ci n’est qu’une information qu’il y aura bel et bien un procès. Ce n’est pas une condamnation. Pourquoi dans ce cas songer à exclure le président Gbagbo des stratégies que nous élaborons ? L’exemple du président Kenyan est assez édifiant : il a été candidat à la présidence alors que les charges contre lui étaient confirmées. Il préside même son pays actuellement en dépit du procès auquel il fait face à La Haye. L’Union des Nouvelles Générations est pour la tenue de ce procès qui permettra de mettre en évidence tous les complots contre la Côte d’Ivoire et ses principaux instigateurs. Nous sommes donc pour la justice mais une justice impartiale car comment faire le procès de Gbagbo en tant que chef d’un camp sans que Ouattara qui a créé les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), responsables des massacres de Duékoué et Soro Guillaume, chef de la rébellion qui a exterminé 60 gendarmes désarmés à Bouaké ne soient présents devant cette juridiction ? Nous exigeons à la barre la présence de toutes les parties au conflit.
Nous attendons le procès avec sérénité car les accusations portées contre nos leaders sont tout simplement ridicules. Moi-même Serge Koffi, je suis cité dans le document à charge de Fatou Bensouda, la procureure de la CPI. Elle m’accuse d’avoir organisé et entretenu des milices pendant les 6 mois de la crise. Et vous savez pourquoi ? Parce que dans le bureau du Dr Issa Malick, alors directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo, il a été retrouvé un document dans lequel j’émargeais à hauteur de 100 mille francs CFA par mois ; ce qui représente ma dotation en carburant durant la campagne électorale. Pensez-vous qu’il est possible d’organiser des milices avec un tel montant ? Je suis d’ailleurs disposé à me rendre à la barre pour témoigner en faveur de la vérité.
Les accusations contre le président Gbagbo sont tellement farfelues que nous sommes confiants quant à sa future libération car en définitive, c’est le seul interlocuteur de notre camp face au régime Ouattara et la France. Nelson Mandela, en dépit de sa condamnation à perpétuité est resté le chef de l’ANC et celui qui a mené les négociations pour la fin de l’apartheid. Ne conjuguons pas le président Gbagbo au passé au nom d’intérêts personnels et mesquins.
L’Union des nouvelles Générations est ouvert au dialogue politique afin de sortir de l’impasse dans laquelle est plongé notre pays depuis plusieurs années maintenant. C’est pourquoi nous souscrivons à l’idée des Etats Généraux de la République qui constituent le cadre adéquat de concertation autour des intérêts de la République.
Une fois toutes ces préoccupations prises en compte, notre parti se retrouvera en convention pour donner son point de vue officiel sur les élections en Côte d’Ivoire et le processus de sortie de crise.
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